
La destruction mécanique de couverts semés à base de ray-grass présente des difficultés. Dans ce domaine, les passages croisés d'outils de travail du sol associés au labour représentent une alternative au glyphosate.
OUTRE LEUR OBLIGATION RÉGLEMENTAIRE, les couverts végétaux présentent de nombreux avantages agronomiques. Par ailleurs, gérés comme des cultures dérobées, à partir d'espèces fourragères, c'est-à-dire exploités en fauche et/ou pâturage, leur valorisation va dans le sens d'une intensification de la production de matière utile par hectare. Afin de profiter d'un stock fourrager sur pieds en sortie d'hiver, leur destruction peut alors être repoussée avant l'implantation d'une culture de printemps semée tardivement telle que le maïs. « Dans ce cas, la destruction doit intervenir au plus tard un mois avant le semis pour ne pas avoir un effet dépressif sur le maïs, prévient Nicolas Le Meur, conseiller en agronomie à la chambre d'agriculture de la Manche. Réglementairement, la destruction du couvert est possible à partir du 15 février. Dans la pratique, elle peut avoir lieu dès que le sol est portant. »
LE RAY-GRASS TRÈS CONCURRENTIEL
La destruction d'espèces annuelles (avoine, vesce, féverole…) ne pose pas de difficultés majeures, d'autant plus s'il s'agit de variétés de printemps sensibles au gel. En revanche, les dérobées à base de ray-grass, si elles permettent une exploitation en sortie d'hiver, sont beaucoup plus difficiles à détruire. « Le ray-grass pompe de l'eau et de l'azote nécessaires à la culture suivante. L'objectif est donc d'intervenir suffisamment tôt pour bloquer ce phénomène. Pour cela, il faut viser un pourcentage de destruction élevé. Or, la destruction mécanique du système racinaire d'un ray-grass bien développé peut poser des problèmes. » Dès lors, à une dose comprise entre 700 et 1 080 g/ha, le glyphosate apparaît comme l'option de destruction la plus sûre. Mais cette molécule à large spectre d'action présente des risques environnementaux et reste proscrite sur certains périmètres de captage. L'impasse est possible, mais plus coûteuse et plus gourmande en temps de travail (voir tableau ci-dessus). « Si le couvert est peu développé ou s'il est exploité en fauche-pâture, un labour seul peut suffire. En revanche, s'il est développé, il est nécessaire de passer un outil de travail du sol pour détruire le chevelu racinaire du ray-grass, le laisser se dégrader, puis l'associer à un labour », souligne Nicolas Le Meur. Dans ce cas de figure, les Canadiens, ou cultivateurs, sont des outils polyvalents qui représentent un investissement d'environ 3 000 € (3 m) et un coût de fonctionnement modéré, estimé entre 14 et 16 €/ha(1).
LES GRANDES FAMILLES D'OUTILS
Ils sont souvent présents sur l'exploitation, proposent un débit de chantier rapide, autour de 2 ha/h, mais nécessitent un sol bien ressuyé pour éviter les phénomènes de lissage.
Le risque de bourrage dans une végétation développée dépend de l'importance du dégagement entre les dents et sous le bâti. Les déchaumeurs à disques représentent un niveau d'investissement (8 000 € en 3 m) et un coût de fonctionnement supérieurs (17 à 19 €/ha). Ils se distinguent par la qualité de mélange, d'enfouissement des végétaux et le squalpage du sol sur toute la largeur de travail. Le cover crop est un outil de déchaumage profond, bien adapté en passage croisé pour la destruction de prairies. Il s'accommode d'une végétation développée mais demande une puissance de traction supérieure et un niveau d'investissement élevé (19 000 € en 4 m), pour un coût de fonctionnement compris entre 16 et 22 €/ha. « Le passage croisé de ces outils permet d'envisager l'impasse sur le traitement chimique, mais dans tous les cas, ils doivent être associés au labour avant semis pour garantir la qualité d'enfouissement des débris végétaux. » Seuls les outils animés, type cultivateur rotatif à axe horizontal, permettent la destruction du couvert en un passage avant labour. Ils représentent un niveau d'investissement qui s'envisage davantage au niveau d'une Cuma (12 650 € en 3 m). La vitesse de travail (1 à 1,2 ha/h) et le coût d'utilisation (35 à 39 €/ha) correspondent, peu ou prou, à deux passages d'outils non animés.
JÉRÔME PEZON
(1) Coût d'utilisation indicatif du matériel agricole évalué par la chambre d'agriculture de Normandie.
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