
LA PLUS GRANDE FERME ROBOTISÉE DU MONDE SORT ACTUELLEMENT DE TERRE À 800 KM À L'EST DE MOSCOU, DANS LA RÉPUBLIQUE DU TATARSTAN. ET SON PROPRIÉTAIRE NE COMPTE PAS EN RESTER LÀ.
FARIT RAKHIMOV A TOUT JUSTE 28 ANS. Fils d'un député ayant fait fortune dans l'énergie et les transports, il a déjà investi pas moins de 21 M€ pour la création d'une étable de 3 000 vaches, sur 6 200 ha de terres agricoles. Ce véritable complexe laitier n'est pas encore achevé mais sur le site d'exploitation, deux bâtiments pour les laitières de 5 000 m2, opérationnels et de 500 places chacun, ont permis d'enclencher la production dès 2009.
Les bâtiments comme les installations de traite ont été entièrement conçus par DeLaval. La société suédoise se positionne sur ces méga fermes et propose des solutions clés en main : conception des bâtiments, installation des équipements et maintenance, formation du personnel (reproduction, qualité du lait…). « DeLaval connaît un développement important de son activité sur la Russie, souligne Björn Forss, responsable marketing. La firme est sollicitéepour des projets de plus de dix robots de traite par installation. » La ferme Rakhimov est d'ores et déjà équipée de seize robots VMS DeLaval. À court terme elle en comptera trente-deux, ce qui en fera la plus grande ferme robotisée du monde.
Farit Rakhimov explique en partie le choix de DeLaval par la disponibilité de son service après-vente. « La robotisation de la traite était aussi une solution à la difficulté de trouver localement du personnel qualifié », précise-t-il. Une option qui mériterait d'être approfondie, lorsqu'on sait qu'un ouvrier perçoit sur la ferme un salaire mensuel de 16 000 roubles (moins de 400 €) pour six jours de travail par semaine, alors que la maintenance coûte à elle seule 3 000 €/robot/an.
Sur les cinquante salariés que compte l'exploitation, douze sont strictement attachés à la conduite de troupeau, dont cinq vétérinaires permanents. Le reste de la main-d'oeuvre est tourné vers la production de céréales et de pommes de terre sur une surface de 3 000 ha et vers le suivi des cultures fourragères : 2 000 ha de maïs et 1 000 ha de luzerne.
« AUTONOMIE FOURRAGÈRE ET QUALITÉ DU LAIT »
Dans la région, le prix du foncier fixée à 400 €/ha permet de voir grand ! Mais au Tatarstan, les étés sont chauds et secs, et les hivers sont longs avec près de six mois d'enneigement. « L'alimentation du troupeau repose donc sur les fourrages conservés, explique Farit Rakhimov. Nous stockons l'ensilage de maïs dans seize silos de 5 000 t. La première coupe de luzerne est distribuée en vert et les coupes suivantes sont ensilées. Nousobtenons, en moyenne, des rendements de maïs de 8 t de MS/ ha, un niveau suffisant pour viser l'autonomie fourragère. » La ration de base (30 % de luzerne et 70 % de maïs) est complétée par de l'orge et du tourteau de tournesol autoproduit, plus un aliment du commerce distribué au Dac. Une ration qui autoriserait un niveau d'étable de 8 340 kg de lait pour 38,4 de TB, 34 de TP et un taux de cellule exceptionnellement bas de 130 000 leucocytes. Au-delà de la qualité du lait, les vétérinaires prêtent une attention particulière aux problèmes d'aplomb d'un troupeau conduit en zéro pâturage. Toute une panoplie de mesures préventives est mise en oeuvre : tapis dans les allées, pédiluves, parage deux fois par an et aménagement de parcours extérieurs pour les génisses.
« JE VAIS PASSER À LA DEUXIÈME PHASE D'INVESTISSEMENT »
En 2010, Danone a décerné le premier prix national à la ferme Rakhimov pour la qualité de son lait. Les 850 vaches en lactation ont produit chaque jour, en moyenne, 17,5 t d'un lait destiné à la filière infantile et collecté quotidiennement par le transformateur. « Il ne faut pas perdre de vue que la sécheresse de l'année dernière a pénalisé la production laitière. Nous espérons retrouver rapidementnotre rythme de livraison de 2009 et augmenter les volumes. Car, sans les aides de l'État, les 45 c/l versés par Danone ne suffiraient pas à couvrir nos coûts de production », explique Farit Rakhimov, qui attend un retour sur investissement sur douze ans (prix moyen 2011 en Russie : 33,5 c/l). « Les bâtiments sont quasiment achevésIl est temps d'investir 12 M€ supplémentaires pour l'achat des installations et du bétail. »
Convaincu de la pertinence de son investissement, dans un pays qui ambitionne de réduire sa dépendance alimentaire, l'homme d'affaires affirme vouloir bâtir en Sibérie un complexe de 6 000 laitières.
JÉRÔME PEZON
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