
En mesurant l'activité et le temps de rumination des vaches, Ruminact permet de détecter les chaleurs et les vêlages, tout en surveillant l'état de santé du troupeau et la qualité de la ration.
L'ACTIVIMÈTRE HEATIME A UNE EFFICACITÉ DÉMONTRÉE sur la détection des chaleurs. Rappelons que ce capteur détecte les mouvements spécifiques à ce stade (chevauchements, signes d'intérêt à la zone arrière…). Il est commercialisé par Créavia depuis trois ans. Un suivi réalisé durant quatre mois sur la ferme expérimentale de Trévarez (Finistère) a montré que dans 97 % des cas, les vaches détectées en chaleurs par Heatime l'étaient effectivement. Son utilisation permet de réduire l'intervalle entre les vêlages de seize jours, ce qui se traduit par une économie de 32 €/vache. Mais surtout, il tranquillise les éleveurs qui risquent moins de décaler les inséminations, faute d'avoir repéré les chaleurs.
UN OUTIL POUR DÉTECTER TOUTES LES PATHOLOGIES
Désormais, Créavia propose de coupler ce système avec une mesure de la rumination. Dénommé Ruminact, ce système repose sur un capteur qui mesure les bruits internes de l'animal et comptabilise le temps de rumination. Comme Heatime, ce procédé vient d'Israël et l'outil informatique associé a été mis au point par Milktime. Lely utilise la même technologie avec sa propre adaptation à l'informatique des robots.
L'idée est d'évaluer la rumination des vaches en continu et d'alerter l'éleveur en cas d'évolution inquiétante. En effet, la rumination et l'activité ont tendance à chuter en cas de mammites, troubles métaboliques, boiteries… Ceci a été validé par l'Inra. De plus, en combinant les informations sur l'activité et la rumination durant trois jours, le système calcule un index santé et donne éventuellement l'alerte. En pratique, les vaches portent un collier muni d'un capteur. Les informations recueillies sont transmises via une antenne à un boîtier électronique ou un PC. « Le type d'installation dépend de l'équipement et des souhaits de l'éleveur », précise Alain Chevallier, chef de produit reproduction à Créavia. Les antennes doivent être disposées de façon à ce que toutes les vaches équipées passent à proximité. Pour celles qui sont en lactation, l'idéal est la salle de traite.
L'éleveur consulte régulièrement son écran tactile et voit instantanément si des animaux sont en alerte ou à surveiller. Il a accès à d'autres informations qui facilitent la prise de décision. Par exemple, il visualise sur un graphique la date de vêlage et sait ainsi si la chaleur détectée doit être suivie d'une insémination ou pas. Les vaches qui ne sont pas remises à la reproduction sont surlignées en rouge. Ce système remplace donc les plannings de reproduction. L'éleveur peut aussi voir l'évolution de la rumination d'un groupe d'animaux, sur la durée qu'il souhaite. Tout ceci sécurise les élevages sur lesquels des personnes assurent une garde de week-end sans s'impliquer au quotidien dans le suivi du troupeau.
Les variations de rumination constituent des indicateurs sur la qualité de la ration. Par exemple, si elle baisse chez un grand nombre de vaches lors d'une transition alimentaire, l'éleveur sait qu'il doit réagir. Il s'agit donc d'un outil pour optimiser la ration au quotidien. Les variations individuelles alertent sur d'autres problèmes de santé. L'éleveur aurait pu les détecter autrement, mais il dispose ainsi d'une information complémentaire. Et si toutes les vaches sont équipées, toutes sont surveillées. Ce qui constitue une sécurité, notamment dans les périodes de surcharges de travail.
Les fermes expérimentales de Trévarez et des Trinottières (Maine-et-Loire) sont équipées depuis un an. Jusque-là, toutes les pathologies survenues ont été repérées par le système. Créavia commercialise Ruminact directement ou via des distributeurs, partout en France. Il faut compter 9 000 € pour trente colliers (contre 6 000 € pour Heatime seul).
DE NOMBREUSES AUTRES PISTES DE RECHERCHE
Au-delà de l'intérêt individuel pour les éleveurs, la détection de ce type d'informations ouvre de nouvelles pistes de recherche. En effet, elles peuvent être transmises à une base de données (Healthy cow). Elles restent alors accessibles pour chaque éleveur durant une durée illimitée, contre douze mois dans le boîtier. Mais surtout, elles peuvent être valorisées. Déjà des expérimentations commencent pour rechercher une méthode d'évaluation de l'efficacité alimentaire, à partir de la mesure du temps de rumination. D'autres travaux visent à améliorer la détection des situations de subacidose. Un programme devrait également démarrer dans le but de trouver un lien entre la rumination et le volume de méthane dégagé par les animaux. On pourrait ainsi mesurer la production de gaz à effet de serre des bovins sans devoir passer par les chambres d'isolement, une procédure lourde. On peut aussi imaginer d'utiliser les données afin d'indexer de nouveaux caractères.
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