
POUR ABSORBER LA CHARGE DE TRAVAIL LIÉE À L'ACCROISSEMENT DE LEUR TROUPEAU ET LIMITER LES INVESTISSEMENTS, ESTHER ET JEROEN LOOHUIS-HAGEDOORN, ÉLEVEURS AUX PAYS-BAS, FONT APPEL À UN ENTREPRENEUR POUR NOURRIR LEURS ANIMAUX.
COMME DE NOMBREUX ÉLEVAGES LAITIERS AUX PAYS-BAS, l'exploitation d'Esther et Jeroen Loohuis-Hagedoorn est en forte croissance. De 80 vaches il y a deux ans, ce couple en gère aujourd'hui 120. Et d'ici à trois ans, il projette d'en avoir quarante supplémentaire. Pour absorber la charge de travail liée à ce développement et limiter leurs investissements, ces éleveurs, comme d'autres aux Pays-Bas, ont décidé de déléguer l'alimentation à un entrepreneur. Ce choix s'est imposé de lui-même. « La désileuse commençait à vieillir, explique Jeroen. L'achat d'une mélangeuse impliquait de remplacer le vieux tracteur âgé de vingt-six ans. Nous voulions aussi intégrer plusieurs sous-produits dans la ration. Nous aurions dû alors investir dans un télescopique pour les charger dans la remorque. » Le facteur travail a aussi pesé dans la décision de sous-traiter l'alimentation. « Esther est très occupée avec la famille, car nous avons des enfants en bas âge, poursuit Jeroen. Nous sommes déjà saturés en terme de charge de travail. Et puis, j'aime mieux travailler avec les vaches qu'être sur un tracteur. »
Cette nouvelle prestation a débuté il y a un an. L'entrepreneur, équipé d'une mélangeuse automotrice, vient sur la ferme du lundi au samedi. En cas de fortes chaleurs, il peut aussi assurer le travail le dimanche afin que les fourrages ne chauffent pas. En semaine, l'engin arrive à 9 h 15. Le vendredi, lorsque six déplacements sont programmés sur la semaine, 130 % de la ration quotidienne sont distribués. Et le samedi, la machine arrive dans l'après-midi. Les vaches reçoivent 170 % de la ration quotidienne afin qu'il en reste suffisamment le dimanche.
400 LITRES DE PLUS PAR VACHE ET PAR AN
Un plat unique est préparé. Depuis son agrandissement, le bâtiment est en effet moins adapté pour séparer le troupeau en plusieurs lots par niveau de production. Cette ration journalière comprend 3 000 kg d'ensilage de maïs, 1 200 kg d'ensilage d'herbe, 600 kg de pulpes de betteraves, 750 kg de levure de blé liquide, 100 kg de paille d'herbe (après collecte de la semence) et 100 kg de pré-mélange (protéines, minéraux et sel). Elle est aussi distribuée aux élèves de moins de huit mois. Une fois les vaches nourries, Jeroen utilise une mini-auto-chargeuse pour prélever deux godets de ce mélange et les donner à ses petites génisses.
La complémentation des vaches se fait au Dac. En moyenne, elles consomment 3,2 kg de concentrés, avec un maximum de 6 kg par vache jusqu'à 100 jours de lactation. « Grâce à cette ration mélangée et à l'utilisation de la levure de blé, les vaches consomment à présent plus de fourrage. Et la production de lait s'est améliorée », déclare Jeroen. Dès les premiers jours, la production a progressé de 100 l/j dans le tank. Ceci représente une augmentation de la productivité laitière de 400 l/vache/an. Parallèlement, la teneur en matière grasse a progressé de 0,10 % et celle en protéines de 0,15 %. L'éleveur attribue ces résultats à la levure de blé. En plus de sa valeur nutritive et de son appétence, ce produit permet une meilleure conservation des fourrages qui gardent une bonne fibrosité. Au cours des deux dernières années, le coût de concentré, y compris les sous-produits, s'élève à 50 €/1 000 l. « Malgré la hausse des prix des aliments, ce coût n'a pas augmenté. » Les quantités distribuées sont établies en collaboration avec un conseiller du fournisseur d'aliments. L'éleveur donne des instructions écrites au conducteur du véhicule sur la ration à préparer. À chaque passage, Jeroen peut vérifier si elle est bien distribuée via un compte-rendu imprimé par la machine. Seulement vingt minutes sont nécessaires pour nourrir les vaches en lactation et les élèves de moins de huit mois.
LE TROUPEAU À L'ÉTABLE TOUTE L'ANNÉE
À cela, il faut ajouter dix minutes tous les deux jours pour donner à manger aux élèves de plus de huit mois et aux taries : 300 kg d'ensilage d'herbe, 1 500 kg d'ensilage de maïs, 350 kg de paille et 250 kg de levure de blé.
L'entrepreneur facture 2,20 €/ min ou 0,26 €/vache/j, y compris les taries et les jeunes animaux : « Certains agriculteurs veulent un taux par minute, d'autres par animal. Nous pouvons nourrir 100 vaches en 14 min. » Jeroen a négocié un tarif annuel de 10 000 €. Aujourd'hui, il économise plus d'une heure de travail par jour. Il utilise ce temps pour mieux surveiller ses vaches et réaliser des soins comme le parage, effectuer des inséminations artificielles, faire davantage d'entretien et de travaux sur sa ferme.
Depuis l'accroissement de son troupeau, les vaches restent à l'étable toute l'année. Seulement 11 ha sont situés autour des bâtiments. « Si nous avions plus de surfaces accessibles, nous ferions davantage pâturer les animaux. Cela nous reviendrait moins cher, comparé à récolter l'herbe en ensilage. » Avec une SAU totale limitée à 36 ha, l'éleveur est obligé d'acheter des fourrages à l'extérieur. Au cours de ces dernières années, il a acheté 30 ha de maïs ensilage. Il aimerait également s'approvisionner en herbe ou ensilage d'herbe, mais la disponibilité est limitée dans les environs. L'année dernière, il a malgré tout acheté 10 ha. « Nous essayons d'acheter des fourrages de bonne qualité. Cela nous revient beaucoup moins cher que de nourrir les animaux avec de l'aliment », souligne Jeroen. Il est satisfait de cette prestation. Il ne voit aucune raison de revenir en arrière. « De plus, la délégation de l'alimentation est fréquente aux Pays-Bas. Je ne pense pas que le coût de ce service augmente prochainement. » Toutefois, l'accroissement programmé du troupeau pourrait amener l'éleveur à investir dans du matériel et assurer lui-même ce travail. « Si j'embauche un salarié à plein-temps, il pourrait être intéressant d'alimenter moi-même les animaux. Mais si je l'embauche à temps partiel, faire appel à l'entrepreneur me reviendra moins cher. »
Même si Esther et Jeroen n'ont plus de mélangeuse, ils ont la possibilité de nourrir leurs bêtes avec leur mini-autochargeuse. Même si dans ce cas, l'approvisionnement de l'ensilage d'herbe est plus délicat. L'éleveur ne s'inquiète pas lorsque les routes sont bloquées par la neige ou le gel. « Je sais que l'entrepreneur peut mettre quatre autres roues motrices à l'avant de l'automotrice », déclare Jeroen. En cas de panne de l'automotrice, l'entrepreneur peut également venir avec une mélangeuse tirée par un tracteur. Et s'il est vraiment dans l'incapacité de se déplacer, Jeroen peut compter sur l'aide d'éleveurs qui ont gardé leur mélangeuse.
WILFRIED WESSELINK ET NICOLAS LOUIS
Un service rapide - 20 min sont nécessaires pour nourrir les 120 vaches en lactation. À cela, il faut ajouter 10 min tous les deux jours pour donner à manger aux génisses de plus de huit mois et aux taries.
Les élèves de moins de huit mois nourries par Jeroen - Une fois la ration des vaches distribuée, l'éleveur utilise une mini-autochargeuse pour prélever deux godets et les donner à ses petites génisses.
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