« EN SEMI-PLEIN AIR, NOS VEAUX SONT EN BONNE SANTÉ »

REPORTAGE PHOTOS © JÉRÔME PEZON
REPORTAGE PHOTOS © JÉRÔME PEZON (©)

ROSELINE ET JÉRÔME VALCKE ONT RÉSOLU UN PROBLÈME DE MALADIES RESPIRATOIRES NÉONATALES RÉCURRENT APRÈS AVOIR TRANSFÉRÉ L'ÉLEVAGE DES VEAUX VERS UNE INSTALLATION EN SEMI-PLEIN AIR.

DEPUIS UN AN, LES VEAUX NÉS SUR L'EXPLOITATION ONT QUITTÉ LA STABULATION des vaches laitières pour être élevés à l'extérieur : d'abord en niches individuelles, avec courette extérieure couverte, pendant les trois premières semaines de vie, puis en case collective de type igloo, également équipée d'une aire d'exercice paillée couverte, jusqu'à l'âge de 6 mois. Cet investissement s'inscrit dans le cadre d'une augmentation progressive de la taille du troupeau qui atteint aujourd'hui 160 vaches en production. « L'erreur lorsque l'on s'agrandit est de se focaliser sur le logement des vaches, sans mener une vraie réflexion sur les conditions d'élevage des veaux, explique Jérôme Valcke. Or, dans la stabulation saturée, la concentration animale est devenue trop importante et a généré des problèmes respiratoires chez les veaux, à l'origine d'une surmortalité pendant les deux premiers mois de vie. De plus, comme nous sommes passés à des vêlages étalés, nous n'avions plus le temps de faire le vide sanitaire des cases à veaux. » Dès lors, les éleveurs ont visité plusieurs installations en semi-plein air, avant d'opter pour le dispositif Holm & Laue. « Nous avons retenu dès le départ le principe des niches extérieures, car nous étions persuadés que la santé des veaux passait par la maîtrise des courants d'air. »

« LA MOBILITÉ PERMET DE FAIRE UN VIDE SANITAIRE ENTRE CHAQUE LOT »

En effet, quelles que soient les conditions climatiques, les veaux craignent avant tout les écarts de température et les courants d'air. Or, les volumes d'air et la ventilation d'un bâtiment saturé et conçu pour des vaches adultes ne sont pas adaptés aux veaux. En passant en semi-plein air, la pression bactérienne est réduite, la ventilation optimale et sans courant d'air et, dans la niche, le volume d'air réduit est adapté aux jeunes animaux. « Nous manquons encore de recul, mais depuis que nous avons adopté ce système, nous n'avons perdu aucun veau pour motif respiratoire. C'est le jour et la nuit, commente Roseline. Avec laforte humidité du mois de février, il y a eu un peu de toux qui est passée rapidement, sans traitement, juste avec de l'aspirine. » En hiver, le paillage abondant absorbe l'humidité et la couverture des aires d'exercice et d'alimentation offre une protection contre les intempéries pour les veaux, mais aussi pour les éleveurs pendant les soins. Le paillage est manuel et la paille est stockée entre chaque case, où un espace d'une largeur de trois mètres évite les contacts museau contre museau entre les animaux des différents lots. « En cas de contamination bactérienne, l'avantage de ce système mobile est de pouvoir facilement isoler un lot », explique Jérôme. En effet, le parc couvert appelé « véranda » est monté sur des roues orientables. Il peut donc être facilement déplacé à l'aide du chargeur frontal du tracteur pour les opérations de curage et de désinfection. Dans le même esprit, un crochet de relevage est positionné au sommet de l'igloo. Ainsi, entre chaque lot, les igloos comme les niches sont lavés au nettoyeur à haute pression et désinfectés. Un produit biocide est également épandu sur le sol. « C'est un travail qui demande un peu de manutention, mais qui nous permet aujourd'hui de pouvoir faire un vide sanitaire. »

« UN TAXI-LAIT POUR DISTRIBUER DU LAIT CHAUD »

Dans la gamme Holm & Laue, les éleveurs ont choisi le taxi-lait et le ColoQuick, un équipement spécifique destiné à peser, à collecter et à conserver le colostrum (voir photo). Installés en niches individuelles dès la naissance, les petits veaux sont nourris au lait maternel pendant quatre jours, avant de passer à un mélange lait entier + lait reconstitué distribué avec le taxi-lait. « Le taxi-lait permet de maintenir une température de buvée constante entre 40 et 43°C, de réaliser un mélange homogène et, grâce à la pompe doseuse, de distribuer la quantité exacte à chaque veau. En outre, par rapport au Dal, l'intérêt est de visiter les veaux au moins deux fois par jour. » Après trois semaines au minimum, dès qu'il y a assez de veaux pour faire un lot homogène, ils passent en igloo collectif. Pendant la phase d'alimentation lactée, les veaux sont nourris au seau individuel avec tétine, et sont bloqués au cornadis pendant la tétée. « Il faut trois ou quatre jours pour habituer les plus jeunes aux cornadis. De cette manière, chaque veau a la dose recommandée. » Dans chaque case, les veaux disposent d'un abreuvoir individuel à pipette, avec réchauffeur d'eau pour protéger le réseau du gel. Au total, l'ensemble de l'installation et des équipements représente un investissement de 84 700 €, soit près de 890 €/veau :

- 13 000 € pour le terrassement et le béton ;

- 4 000 € pour l'alimentation en eau et en électricité ;

- 550 €/niche x 24 ;

- 9 000 € x 5 pour l'ensemble igloos + véranda ;

- 6 000 € le taxi-lait de 220 l ;

- 3 500 € pour le ColoQuick. « La couverture totale des aires d'exercice et d'alimentation, pour ne pas travailler sous la pluie, gonfle forcément la facture. Mais ce système est évolutif et saura s'adapter aux changements de l'exploitation. » De plus, il faut préciser qu'en l'absence de couverture des aires paillées, le régime installation classée implique de prévoir un système de récupération des jus.

JÉRÔME PEZON

Le jardin des veaux La couverture des courettes extérieures qui équipent les niches individuelles (Calftel 2,70 m) permet de garder une litière sèche en hiver et offre de meilleures conditions de travail. Traitées anti-UV, elles sont toutes équipées d'une trappe d'aération arrière. L'ensemble niches + véranda est mobile.

Le ColoQuick est un équipement destiné à constituer un stock de colostrum de qualité. La première traite est d'abord recueillie dans un réservoir où sa teneur en immunoglobuline est mesurée avec un colostromètre. S'il est de bonne qualité, il est ensuite versé directement dans un sachet de congélation jetable (4 litres) protégé dans sa mallette. Le moment venu, le sachet est réchauffé au bain-marie dans un bac en Inox, et maintenu à température jusqu'à la distribution, avec une tétine ou une sonde orale.

Cinq igloos avec vérandas mobiles L'installation livrée en kit a été montée par les éleveurs sur une dalle bétonnée : « Il faut une trentaine de minutes pour monter un igloo et une journée à trois pour les vérandas. L'intérêt de cette installation mobile, c'est qu'il n'y a pas besoin de permis de construire, qu'elle est évolutive et qu'en cas de problèmes sanitaires, on peut facilement isoler un lot. » La véranda se compose d'une aire d'exercice (5 x 5 m), d'un toit (7 x 7,50 m), de 14 places au cornadis et d'un râtelier. Montée sur roues, elle peut être facilement déplacée.

Ambiance saine Le revêtement anti-UV maintient la fraîcheur à l'intérieur de l'igloo en été. En hiver, la température y est à peine différente de l'extérieur. L'air vicié est évacué via quatre cheminées situées au sommet de l'igloo ! Même si l'endroit est très exposé au vent, le constructeur déconseille de monter des brise-vent latéraux qui pourraient modifier la direction du vent ou créer des courants d'air indésirables. Dans les cas extrêmes, des parois, pas plus hautes que les barrières latérales, protégeront les veaux couchés, sans pénaliser le renouvellement de l'air.

Un taxi-lait de 220 litres Monté sur châssis avec la fonction marche avant-arrière, le taxi-lait participe à l'amélioration des conditions de travail. Il assure l'homogénéité du mélange grâce à un agitateur en fond de cuve et maintient constante la température de buvée. La pompe doseuse permet que chaque veau reçoive la quantité programmée. Il est aussi possible de programmer une heure à laquelle une fonction donnée démarrera automatiquement.

L'administration considère les niches couvertes comme une aire paillée où la litière accumulée pendant deux mois peut être curée et stockée au champ. Avec des courettes paillées non couvertes, soit elles sont sur une dalle étanche et les jus de ruissellement doivent être collectés dans une fosse, soit la surface est non étanche et il n'est pas demandé de récupérer les jus.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Thomas Pitrel dans sa prairie de ray-grass

« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

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