
À LA TÊTE D'UN TROUPEAU DE 250 VACHES, LE GAEC MAHÉ A INVESTI DANS UNE CAGE PROFESSIONNELLE. OBJECTIF : GAGNER EN EFFICACITÉ POUR PARER TOUS LES ANIMAUX DEUX FOIS PAR AN.
SEPT MINUTES PAR VACHES, MONTRE EN MAIN ! C'est le temps qu'il a fallu en moyenne à Patrick Bovis, responsable de troupeau, pour parer six vaches après la traite. Depuis bientôt quatre mois, l'exploitation est équipée d'une cage de contention hydraulique modèle 650-SP2, conçue par la société danoise CowCare. L'objectif de cet investissement, d'un montant de 20 000 € TTC, est d'assurer la prévention des boiteries à travers deux parages annuels des 250 vaches du troupeau : une fois au moment du tarissement et une seconde lors du changement de lot après les cent premiers jours de lactation. La rentabilité d'un tel investissement s'apprécie au regard de l'économie réalisée sur l'intervention du pareur (17 €/vache). « Avant cela, nous étions équipés d'une cage entièrement manuelle, aveclaquelleje parais trois vaches dans la matinée, souligne Patrick. Pour un grand troupeau, cet investissement n'est donc pas un luxe mais un moyen de gagner en efficacité. »
« LA SANTÉ DES PIEDS JUSTIFIE DES MOYENS À LA HAUTEUR »
Le chef d'exploitation, Michel Mahé, y voit aussi un moyen d'améliorer le confort de travail et la sécurité des salariés. Vétérinaire, spécialiste des maladies du pied des bovins et du parage, Yves Debeauvais estime pour sa part qu'il s'agit d'un investissement productif : « La santé des pieds justifie des moyens à la hauteur de l'enjeu. Car après les défauts de qualité du lait, la boiterie représente la pathologie la plus coûteuse en élevage laitier. Elle pénalise à la fois la reproduction et l'efficacité alimentaire. » Le praticien propose un calcul éloquent pour mettre en relation le coût élevé du matériel face aux pertes financières : retenir comme hypothèse basse la perte quotidienne de 1 l de lait par vache liée aux mauvaises postures et à l'inconfort x 300 jours de lactation x 250 vaches x 350 €/1 000 l, soit un total de 26 250 €. Au regard de cette simulation, il apparaît que la rentabilité de l'investissement est rapide dans un troupeau de cette taille. Mais avant de raisonner équipement, le prérequis consiste à acquérir les compétences nécessaires à un parage de qualité.
Fort d'une première formation de quatre jours, Patrick Bovis a acquis une quinzaine d'années d'expérience concrète du parage des bovins. Un état de service qui ne l'a pourtant pas empêché de prendre part, il y a deux ans, à une nouvelle formation de trois jours, dispensée au lycée agricole de Canappeville (Eure), afin de mettre à jour ses pratiques : « Je me suis rendu compte que je n'étais pas assez vigilant sur l'équilibre qu'il convient de rétablir entre les onglons, de manière à répartiréquitablement le poids de la vache sur la surface du pied. Or, il s'agit d'un élément de prévention des boiteries déterminant en conduite zéro pâturage. » Pour rappel, au niveau des membres postérieurs, le report de charge est naturellement plus important sur l'onglon externe, ce qui se traduit par un développement plus rapide de ce dernier. Sur un sol dur, où la corne s'use peu, il se retrouve alors surélevé par rapport à l'onglon interne, ce qui crée des déséquilibres et renforce les risques de lésions. Le parage fonctionnel vise à corriger cette dissymétrie en prenant pour référence l'onglon interne.
« PENDANT LA LACTATION, LE PARAGE N'EST PAS AUTOMATIQUE »
C'est pour répondre à cette problématique que le responsable de troupeau a programmé deux interventions par an sur des animaux élevés en logettes, équipées de matelas, avec caillebotis intégral, roto de traite et une aire d'attente recouverte d'un tapis.
Là encore, un calcul rapide permet d'évaluer la charge de travail : 500 interventions/40 semaines (52 semaines - congés - travaux de plaine...) = 12,5 vaches à parer chaque semaine. Avec un débit de 4 vaches à l'heure, le parage représente un temps de travail de trois heures par semaine. Dans un élevage qui compte quatre salariés à plein-temps et en l'absence de pointe de travail liée à une conduite de la reproduction en vêlages étalés, la cadence permise par la cage doit répondre à cet objectif.
Yves Debeauvais confirme que le principe de deux interventions annuelles est effectivement la norme à retenir pour ce mode de logement, mais qu'il ne constitue en aucun cas un objectif : « L'objectif est d'assurer la mobilité et le confort des vaches. Le nombre d'interventions n'est qu'un moyen d'atteindre cet objectif. Sur des sols durs, la règle consiste à intervenir au tarissement. Mais pendant la lactation, le parage ne devrait pas être automatique. Dans l'idéal, il devrait être pratiqué en fonction des besoins, à partir de l'observation des animaux en position statique au cornadis. Car dans la pratique, le parage modifie les appuis des vaches, donc moins on intervient, mieux elles se portent. » Au-delà des boiteries, Patrick Bovis rappelle que le parage préventif est aussi « un moyen d'alerter sur d'éventuels déséquilibres de la ration et en particulier les situations de sub-acidose qui se lisent facilement sur le sabot ». Le diagnostic du troupeau a d'ailleurs permis de mettre en évidence la prévalence de la maladie d'ouverture de la ligne blanche et, bien que de faible virulence, la circulation de la dermatite digitée dans le troupeau. La première maladie conduit à explorer des pistes d'amélioration au niveau des aires de circulation des vaches (voir encadré), tandis que face à la seconde, un produit de traitement avec antibiotique est appliqué une fois par mois sur les pattes arrière à l'aide d'un pulvérisateur à dos.
JÉRÔME PEZON
Une double sangle ventrale À l'aide de la double sangle ventrale, il est possible pour deux pareurs de traiter les 4 pattes en même temps. Dans ce cas, la sangle semble étroite et pourrait générer une situation d'inconfort pour l'animal. L'idéal est un tablier qui prend tout le ventre de la vache.
Un ascenseur hydraulique Ce dispositif lève la cage jusqu'à 40 cm du sol. Ainsi, chacun ajuste la hauteur à son propre confort de travail. L'éleveur envisage désormais l'installation d'un couloir de contention en amont de la cage, pour améliorer l'efficacité du travail en réduisant les manipulations.
Un support de pattes réglable Levées hydrauliquement, les pattes s'encastrent dans une « gouttière ». En complément de ce mode de fixation des pattes, on retrouve sous le sabot des supports réglables à l'aide d'un levier de commande hydraulique. Ils permettent de stabiliser et d'orienter le sabot à sa main. « Ce système de fixation facilite le travail, en particulier pour égaliser la surface portante des onglons. »
Confort et sécurité de l'opérateur Sur l'armature, des espaces sont dédiés au rangement des outils. La meuleuse est branchée à une canne rotative, fixée sur le dessus de la cage, qui permet à l'opérateur de travailler sans gêne. Quatre lampes offrent de bonnes conditions de visibilité et il est possible d'opter pour un parc d'attente en amont de la cage. « C'est aussi un outil qui réclame peu d'entretien, à l'exception de 16 graisseurs, à faire toutes les 40 vaches. »
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