« NOUS AVONS CONSTRUIT UN BÂTIMENT POUR TROIS ÉLEVAGES »

PHOTOS © P. LC.
PHOTOS © P. LC. (©)

TRAVAILLER À PLUSIEURS SANS S'ASSOCIER TOTALEMENT, C'EST POSSIBLE. TROIS EXPLOITATIONS ONT DÉCIDÉ DE PARTAGER LEUR BÂTIMENT, TOUT EN CONSERVANT LEUR AUTONOMIE.

PAUL ROPERT, ÉLEVEUR DANS LE MORBIHAN, EST UN HOMME DYNAMIQUE qui cherche à assurer le développement et la pérennité de son exploitation. Il travaille en EARL avec son épouse Georgette et un salarié. Il y a dix ans, il a acheté une exploitation voisine qu'il ne pouvait pas exploiter en raison des règles administratives en vigueur. Il l'a donc proposée à un jeune, Frank Demarconnay, qui s'y est installé. Ils ont créé un GIE ensemble. En 2007, c'est sa fille Vanessa qui a souhaité s'installer en reprenant une exploitation à proximité. Elle a rejoint le GIE en 2009.

245 000 LITRES PAR ACTIF

« Même si chacun est responsable de son outil, nous avons la volonté de travailler ensemble », explique Paul. Il estime que la gestion départementale des quotas est trop contraignante. « Ma fille a repris 493 000 l de lait et elle travaille avec un salarié. Si elle s'était associée avec nous, elle n'aurait pas conservé ce volume. » Le montage juridique mis en place est un peu compliqué, mais cela n'a pas freiné les éleveurs quand l'idée de construire un bâtiment commun s'est imposée.

Au final, l'ensemble pèse 1 472 000 l de quota pour six personnes, soit un volume de 245 000 l par actif. Ce lait est produit sur 140 ha. Le reste de la surface est consacré aux céréales pour la vente et à la production de légumes. La décision de construire un nouveau bâtiment résulte du fait que les installations de Vanessa étaient vétustes. La mise aux normes avait été réalisée mais le bâtiment avait trente ans et était largement ouvert. Les volumes d'eau à récupérer étaient très importants. Vanessa ne pouvait pas envisager de travailler durablement dans ces conditions. Construire un bâtiment commun permettait aussi d'aller plus loin dans le partage du travail, tout en le rationalisant.

C'est l'EARL Ropert qui a investi. Le bâtiment est loué au GIE. Chacun paie un loyer en fonction du volume de lait qu'il produit. La conception du bâtiment a été étudiée de façon à permettre une séparation des troupeaux et un travail en commun. La construction se divise en quatre parties identiques, comprenant chacune un robot de traite, des logettes et une table d'alimentation. Les troupeaux sont ainsi partiellement séparés et chacun peut donc surveiller ses propres animaux. Cependant, un lot regroupe des vaches appartenant à Vanessa et à ses parents. Tous les animaux sont identifiés. Chaque éleveur dispose de son propre tank et récupère ainsi le lait de ses propres vaches.

De même, chacun dispose de la surface nécessaire pour produire les fourrages dont il a besoin. Mais l'existence d'installations communes permet de réaliser le stockage et la distribution en commun. Les aliments achetés sont stockés dans des silos et chacun règle les factures au prorata de son volume. Si c'est nécessaire, des ajustements sont effectués.

FORTE AUTOMATISATION

Les éleveurs ont opté pour un bâtiment très automatisé dans le but de simplifier le travail. La traite est donc robotisée. Et ce sont également des robots qui se chargent de repousser le fourrage et de racler. Les logettes sont équipées de matelas sur lesquels les éleveurs apportent de la sciure de bois. L'ensemble est construit sur une fosse (5 500 m3) sous caillebotis. Le robot racleur et le pousse-fourrage passent toutes les heures. Ce dernier va d'une table d'alimentation à l'autre en sortant du bâtiment. La présence de capteurs permet une ouverture automatique des portails à son approche.

D'AUTRES PROJETS

Les veaux et les génisses sont regroupés dans les anciens bâtiments. Eux aussi sont clairement identifiés, mais élevés ensemble. Les éleveurs sont tous polyvalents et si tous surveillent l'ensemble des animaux (repérage des chaleurs…), chacun se consacre un peu plus à ses propres animaux. Frank distribue la ration aux laitières, en respectant les particularités demandées par chacun. Georgette s'occupe des vaches de l'EARL, de l'ensemble des veaux et des génisses tout en prenant en charge l'aspect administratif. Paul et son salarié sont préposés aux cultures. Ils sont équipés pour faire eux mêmes l'essentiel des travaux. Le salarié de Vanessa est polyvalent. L'organisation permet à chacun de ne travailler qu'un week-end sur trois.

Le bâtiment fonctionne depuis janvier et les éleveurs en sont satisfaits. La robotisation leur a changé la vie. Mais les travaux ne sont pas terminés. La construction d'une fromagerie est en cours. C'est le projet de Vanessa qui possède déjà une expérience dans ce domaine et y passe beaucoup de temps. Elle va commencer par fabriquer du Ty Pavez, un nouveau fromage typiquement breton, aux algues et à l'eau de mer. Plus tard, elle compte élargir la gamme. Le démarrage est prévu en mars. Vanessa y consacrera tout son temps mais sait que cela ne suffira pas. Elle devra embaucher. Son frère Thomas envisage lui aussi de s'installer.

PASCALE LE CANN

Des silos pour le concentré. Stockés dans des silos extérieurs, les aliments concentrés sont apportés au robot par des vis qui surplombent les logettes.

Trois tanks. Le lait est acheminé vers les tanks, situés dans le bâtiment qui abritera la fromagerie, grâce à des canalisations souterraines. Chaque élevage dispose de son propre tank.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Thomas Pitrel dans sa prairie de ray-grass

« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

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