EN POLOGNE, LES ANCIENNES FERMES D'ÉTAT LOGENT LEURS 300 À 400 VACHES DANS LES ÉTABLES TRANSFORMÉES. SI LE MODÈLE N'EST PAS TRANSPOSABLE EN L'ÉTAT, DES IDÉES SONT À PRENDRE.
LES ÉLEVEURS FRANÇAIS AIMENT TRAVAILLER DANS DE BONNES CONDITIONS etloger confortablement leurs animaux. Quoi de plus légitime ? Cela a forcément un coût et génère des charges qui, en cas de crise du prix du lait ou des intrants, sont plus lourdes à assumer car incompressibles. Selon le CER France Manche, le coût des bâtiments représente 50 à 70 €/1 000 l (annuités + entretien) pour une exploitation laitière de 450 000 l. Des pays comme la Grande-Bretagne ou les Pays-Bas ont des stabulations moins « luxueuses ». Pour la première, les producteurs n'ont pas investi pendant des années dans leurs équipements. Pour les seconds, les éleveurs n'hésitent pas à construire des bâtiments plus compacts avec un nombre de vaches supérieur aux places de cornadis.
COMMENT DOUBLER LES TROUPEAUX
À l'est de l'Europe, dans les grands troupeaux des ex-fermes d'État, les repreneurs tirent partie des anciennes étables entravées, faisant ainsi mieux face à un prix du lait plus faible (prix moyen polonais 2012 : 290 €/1 000 l). À Wolin (Pologne), Hubert Bricout, français installé depuis 1997 sur une ancienne ferme d'État, a transformé au fur et à mesure de son développement laitier, les étables entravées en aire paillée (400 vaches pour dix salariés, voir L'Éleveur laitier n° 213, p. 46 et 102). « Il montre qu'il est possible de conduire des vaches à 9 900 kg et obtenir des comptages sous les 200 000 cellules (après tri du lait) dans des équipements peu sophistiqués », souligne Yann Martinot, d'Orne Conseil Élevage, qui suit cet élevage. Est-ce transposable en France ? Pas sûr. D'abord parce que de tels bâtiments nécessitent de la main-d'oeuvre pour pailler et curer, ce que les fermes françaises n'ont pas. Ensuite, si des aménagements sont réalisés, ils le sont dans des bâtiments construits il y a dix ou quinze ans lors de la mise aux normes. « Nous sommes aujourd'hui sollicités pour un doublement des troupeaux, même s'il est progressif », indique Sylvain Kientz, de la chambre d'agriculture du Calvados. À nous de concevoir des projets évolutifs. »
La question de l'agrandissement se pose aussi aux ex-fermes d'État qui sont tentées de se développer, sous l'impulsion de la fin des quotas et la restructuration laitière de leur pays. Ces grandes fermes poursuivront-elles leur logique low cost ? Hubert Bricout a tranché : il va construire une stabulation de 300 logettes pour monter son troupeau à 600 vaches après 2015 (devis en cours).
VEAUX ÉLEVÉS DEHORS
Objectif : se développer sans embaucher de nouveaux salariés. De plus, sa dernière extension à partir de l'existant indique des coûts pas très éloignés des coûts français. Le long appentis de 65 m avec 52 logettes a coûté 90 000 €, soit 1 730 €/place. Exemple : en Basse-Normandie, un bâtiment neuf semi-ouvert de 60 logettes sur trois rangées (raclage au tracteur) coûte 2 190 €/place, selon le référentiel de la chambre 14. Ces montants sont sans ouvrage de stockage et traite. La logique économe des ex-fermes d'État montre que malgré tout, le low cost est possible en grands troupeaux. C'est l'une des clés de résistance aux aléas des marchés. « L'élevage des veaux à l'extérieur interpelle aussi », souligne Yann Martinot. Il observe que ceux élevés ainsi dans des igloos individuels ou collectifs chez Hubert Bricout n'ont ni toux ni diarrhée. En contrepartie, les soins et le nettoyage ne s'effectuent pas à l'abri du vent ou de la pluie. Un travail rébarbatif qui nécessite un véritable choix de la personne en charge des veaux.
CLAIRE HUE
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