
Les tests le prouvent : les génisses et les taries peuvent se contenter d'un parc stabilisé en hiver. Une solution pour les loger de façon économique, tout en libérant de la place dans les bâtiments pour les vaches en production.
IMAGINÉ PAR LES IRLANDAIS et repris par les Néo- Zélandais, le parc stabilisé d'hivernage (PSH) est expérimenté en France depuis quelques années. L'idée est séduisante dans une optique de réduction des coûts de production. En effet, le poste bâtiment pèse lourd dans les charges de structures. Les économies possibles sont donc à étudier, notamment quand la dimension du bâtiment est trop juste, à la suite d'une légère augmentation de cheptel, par exemple. Le parc stabilisé d'hivernage est un aménagement relativement simple et peu coûteux, qui permet de garder des bovins dehors en hiver. « Il peut aussi servir en appoint pour accueillir les troupeaux pâturant en hiver durant les périodes très pluvieuses », souligne Yvon Séité, conseiller bâtiment au pôle herbivores des chambres d'agriculture de Bretagne.
Il existe différents types de parc stabilisé d'hivernage. Le plus simple se compose d'une plateforme de couchage fonctionnant comme une aire paillée (fumier accumulé) avec une auge. Ce couchage est installé sur une surface stabilisée (béton, enrobé…) entourée de caniveaux.
La station de recherche des chambres d'agriculture de Bretagne, à Trévarez, a reproduit le modèle irlandais, et l'aire de couchage est conçue pour faciliter la récupération et l'évacuation des effluents. Ces derniers circulent dans des drains souterrains vers une fosse de stockage située à l'extrémité. L'aire de couchage est longée par un couloir d'alimentation bétonné et les animaux sont nourris au cornadis. La table d'alimentation est bétonnée mais non couverte. Le coût de ce type d'installation varie beaucoup, notamment en fonction de sa conception et de la part d'autoconstruction. À Trévarez, tout a été réalisé par une entreprise. Puisque le système prévoit deux types d'effluents (liquide et solide), il est nécessaire d'aménager une fosse. Le coût est de 1 642 €/ place, soit un tiers de moins que pour un logement en aire paillée, et moitié moins comparé à des logettes avec racleur.
UN COÛT RÉDUIT GRÂCE À L'AUTOCONSTRUCTION
Un autre parc a été aménagé dans le Calvados pour un coût de 98 €/place. Il s'agissait de loger des boeufs avec un système 100 % fumier et donc sans fosse de stockage. Les travaux ont été effectués en quasi-totalité par l'éleveur, d'où une économie importante. Mais il y a consacré 134 heures de travail pour trente places.
Le coût pourra être réduit si l'opportunité de réutiliser des surfaces bétonnées existantes se présente, des anciens silos couloir, par exemple.
Les expérimentations conduites sur le PSH visent à évaluer les performances, l'état sanitaire et le bien-être des animaux. À Trévarez, les essais ont concerné des bovins laitiers : génisses, vaches en production et vaches taries. D'autres suivis ont concerné des bovins viande en Normandie et dans les Pays de la Loire. Selon les cas, les animaux ont été comparés à des lots hébergés en aire paillée ou en logettes.
On ne constate aucune différence concernant les performances de production (lait et taux, croissance des jeunes, poids). L'ingestion est identique dans les deux lots et l'état des animaux n'est pas modifié. La propreté n'est pas significativement différente, sauf en ce qui concerne les génisses à inséminer. Ceci s'explique sans doute par les chevauchements et l'agitation lorsqu'elles sont en chaleur. Pour les vaches en lactation, le nettoyage des mamelles avant la traite a demandé plus de temps.
Le comportement des animaux, notamment dans leur relation vis-à-vis des hommes, n'est pas modifié par ce type d'hébergement. Les problèmes de boiterie ne sont ni plus ni moins fréquents qu'en bâtiment. En revanche, les blessures sont plus rares que pour les animaux en logettes.
Les comptages cellulaires sont détériorés pour les vaches logées sur le PSH, sur la lactation en cours ou sur la suivante pour celles qui y terminent leur gestation. Les premières ont expérimenté un parc couvert de copeaux de bois. On y a compté plus de cellules et de mammites cliniques. Et les infections liées à des germes pathogènes d'environnement étaient plus nombreuses. Les vaches taries l'ont testé sur de la paille. Mais après le vêlage, on a constaté le même type de dégradations pour l'hygiène mammaire.
En ce qui concerne les effluents, la part d'azote et de phosphore emportée par les effluents liquides augmente avec la pluviométrie annuelle. Ces expérimentations montrent ainsi que le PSH peut convenir à tous les bovins âgés de plus de six mois, à l'exception des vaches laitières en production et en dehors des périodes de vêlages. Pour les vaches laitières taries, il semble prudent d'utiliser un obturateur de trayon afin de réduire les risques d'infections mammaires.
DE LA PAILLE PLUTÔT QUE DES COPEAUX
Ces travaux ont également permis de définir les conditions à respecter pour un fonctionnement optimal. Choisir un site ensoleillé et protégé des vents dominants. La paille sort gagnante par rapport aux copeaux pour couvrir l'aire de couchage. Elle apporte davantage de confort pour les animaux et d'efficacité pour filtrer les effluents. Les copeaux de grande taille sont peu confortables et les effluents liquides produits sous ce substrat sont trop chargés. À l'inverse, les copeaux fins colmatent les drains, pénalisant l'évacuation, et favorisent le salissement des animaux. Il est donc difficile de trouver des copeaux de la bonne taille, d'autant plus que ce type de produit est coûteux et peu disponible dans certaines régions.
La paille doit être apportée trois fois par semaine pour des animaux présents en permanence. Cette fréquence sera adaptée en fonction de la pluie En terme de surface de couchage, tout dépend du type de PSH et des animaux concernés. Pour une installation comparable à celle de Trévarez, prévoir 12 m2 par vache en couchage et 4 m2 pour l'aire d'exercice. Sur des parcs sans aire d'exercice (fumier accumulé), il faut compter 10 m2 pour des boeufs ou 13 m2 pour des allaitantes. Dans ces conditions, le parc stabilisé d'hivernage apporte une réponse intéressante pour loger certains animaux à moindre coût en hiver. Cependant, malgré la surface importante par animal et l'augmentation du paillage, l'entretien du parc peut poser des problèmes en période de très forte pluviométrie (exemple : novembre 2009 à Trévarez).
PASCALE LE CANN
Le parc stabilisé d'hivernage doit être aménagé dans un site abrité des vents dominants et bien orienté par rapport au soleil.
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