« J'AI COMPLÈTEMENT ISOLÉ LE COIN NURSERY DANS MA STABULATION »

(©)

PATRICK DELOCHE A RÉGLÉ SES PROBLÈMES DE MORTALITÉ DES VEAUX EN OSANT UN CHOIX PEU COURANT : UNE NURSERY DOTÉE D'UNE VENTILATION DYNAMIQUE, INSTALLÉE DANS LE BÂTIMENT EXISTANT.

REGROUPER SOUS LE MÊME TOIT TOUS LES ANIMAUX D'UNE EXPLOITATION a ses avantages pour gagner du temps quand la main-d'oeuvre est limitée. Mais cette option se heurte souvent à un défi de taille : réussir à maîtriser les problèmes d'ambiance et de microbisme dus à la cohabitation de lots d'animaux d'espèces et d'âges différents. Éleveur de vaches laitières, allaitantes, et de moutons, Patrick Deloche en sait quelque chose. Avec son bâtiment de 100 x 30 m logeant vaches, veaux et brebis, équipé d'un système de ventilation high-tech, l'éleveur de Jandun (Ardennes) se croyait à l'abri.

Il est vrai que sur le papier, la commande via la station météo de l'ouverture et la fermeture des rideaux brise-vent équipant les deux longs pans était sécurisante. Patrick Deloche va vite déchanter. Les veaux logés dans un coin de la stabulation sont, de façon récurrente, à la peine avec des pertes importantes à la clé : jusqu'à 20 % de mortalité. La faute aux courants d'air auxquels ils sont soumis sous cette vaste stabulation.

« UN TAUX DE PERTES INTOLÉRABLE »

La situation est d'autant plus difficile à vivre que Patrick est de ces éleveurs qui recherchent la proximité et le contact permanent avec ses animaux et sont très attentifs à leur bien-être. La passion de son métier, il aime aussi la partager avec les non-agriculteurs auxquels il ouvre son exploitation une fois par semaine pour des goûters et des visites. Intolérable donc de continuer à accepter autant de pertes, au-delà même de l'aspect économique.

En les abritant par un plafond placé à 2,70 m de hauteur pour pouvoir évacuer le fumier mécaniquement, Patrick croit régler le problème. Erreur : les effets ravageurs de la mauvaise circulation d'air subsistent. Il saute alors le pas d'un investissement plus conséquent mais maîtrisé, grâce à des matériaux de récupération et beaucoup d'auto-construction. « Le matériel n'étant pas ma “tasse de thé”, j'ai préféré consacrer mes disponibilités financières en investissant dans une nursery fermée, isolée et dotée d'une ventilation dynamique, en lieu et place de l'espace des veaux. À l'intérieur du bâtiment donc. » Pour mener à bien ce projet hors des sentiers battus, Patrick se fait accompagner de Lorris Pierot, d'Ardennes Conseil Élevage, technicien spécialisé en bâtiment.

« J'AI INSTALLÉ UNE VENTILATION DYNAMIQUE »

Sous les 22 m x 5 m de la future nursery prévue sur caillebotis, trois préfosses de 0,40 m de profondeur sont creusées, une par lot d'animaux. Du côté de la stabulation, l'isolation est assurée par un bardage en bois monté sur un muret de 0,80 m de haut. Pour le côté extérieur et le plafond, le choix d'isolation se porte sur des panneaux sandwichs en tôle, renfermant de la mousse polyuréthane, du même type que ceux utilisés pour réaliser des salles de traite ou des laiteries.

La ventilation est assurée par un extracteur d'air et des trappes réglables. En fonction de la température mesurée par une sonde thermique située au-dessus des logettes, l'air est repris de la laiterie ou du bâtiment qui abrite l'ensemble des animaux. La puissance de la ventilation est modulée selon l'ouverture des trappes et la température de consigne fixée en hiver à 7°C minimum. « Craignant l'entrée d'air trop froid, j'ai choisi, à tort, deux entrées d'air du côté de la stabulation. Elles seront prochainement condamnées et réinstallées du côté du mur extérieur. L'air aspiré dans la laiterie est suffisamment chaud pour réchauffer la nursery si besoin. De plus, aspirer du côté de la stabulation n'est pas l'idéal pour maîtriser le microbisme. » Et d'insister aussi sur l'importance des conditions d'ambiance et notamment de l'éclairage. « J'ai prévu de grandes baies vitrées de 140 cm x 190 cm pour assurer une luminosité naturelle et économiser l'énergie. Ainsi, je peux aussi surveiller les veaux depuis la laiterie et vérifier qu'il y a toujours de la paille dans les râteliers. J'en profite également puisque je passe environ 1 h 30 par jour avec mes veaux entre le nettoyage des caillebotis et les soins. Ces moments ne sont pas du temps perdu car mes veaux sont calmes et sociables. »

Le travail conduit sur la nursery avec Ardennes Conseil Élevage a aussi été l'occasion de repenser le suivi sanitaire. Depuis, le cordon ombilical est systématiquement désinfecté à la naissance et le colostrum distribué à raison de deux buvées dans les huit premières heures, dont une buvée dans les deux premières. Un programme de vaccination (RS, BVD et PI3) a été mis en place pour les veaux et les vaches pour un coût de revient voisin de 25 €/animal.

« Les résultats de tous ces changements sont probants. Dans l'ancien bâtiment, j'ai perdu sept veaux entre le 1er novembre 2010 et le 15 janvier 2011, et cinq sur la même période en 2011-2012. Cette année, depuis l'arrivée des veaux dans la nouvelle nursery, je n'en ai perdu qu'un seul sans utiliser le moindre antibiotique. »

DENIS SCHANG

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Thomas Pitrel dans sa prairie de ray-grass

« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

Tapez un ou plusieurs mots-clés...