« SOULAGER L'ASTREINTE AVEC DEUX POUSSE-CUBES »

SUR L'EXPLOITATION, LE DISPOSITIF POUSSE-CUBES INSTALLÉ EN 2004 répondait à l'enjeu du déficit de main-d'oeuvre consécutif au départ à la retraite des parents de Mathieu. « Grâce à cet investissement, je suis passé d'un temps de travail de 1 h 30 par jour pour nourrir 200 animaux à 2 h 30 par semaine, explique-t-il. Au-delà du temps de travail, le problème lorsque l'on est seul sur la ferme, c'est l'imprévu, comme un vêlage ou une bête à soigner qui oblige à intervenir en urgence et entraîne un décalage de l'heure de distribution de la ration. Distribuer la ration pour tout le troupeau une fois par semaine permet d'avoir une meilleure régularité de l'alimentation. » Les prix d'achat des deux pousse-cubes de 12 m de long et de la scie coupe-cubes représentent 30 000 €.

Disposés au centre du couloir d'alimentation large de 6 m et entraînés par deux chaînes à leurs extrémités, les deux pousse-cubes se rapprochent progressivement des cornadis pour mettre à disposition, du côté des génisses, de l'ensilage d'herbe et du côté des vaches laitières, de l'ensilage « sandwich », comprenant un mélange de maïs, d'herbe, de pulpe surpressée et de drèches de brasserie. Les différents ingrédients de cette ration semicomplète sont directement mélangés puis ensilés lors de la confection du silo. « Au départ, j'alternais les cubes d'herbe et de maïs pour les laitières, mais il y avait une mauvaise consommation de l'herbe qui entraînait une part de refus importante. »

À l'aide du coupe-cubes, l'éleveur dispose quatorze blocs d'ensilage d'environ 1,2 t chacun, de part et d'autre du dispositif une fois par semaine, et la complémentation (VL + correcteur) est assurée au Dac. Le poids important des blocs d'ensilage provoque une usure des chaînes qu'il faut remplacer environ tous les deux ans. Mathieu n'utilise pas de conservateur mais, en été, afin d'éviter une reprise en fermentation de l'ensilage, il recharge l'auge tous les cinq jours.

« Le système fonctionne très bien avec conservateur, mais cela a un coût. En l'absence de conservateur, les entames de silo ont tendance à chauffer, la distribution hebdomadaire n'est alors valable que lorsque le silo a atteint sa pleine hauteur. »

« UN VRAI GAIN SUR LA FACTURE DE GASOIL »

L'avancée des pousse-cubes est commandée manuellement, mais il est possible de l'automatiser. « J'avance les tabliers trois fois par jour de 5 cm, c'est l'occasion d'avoir toujours un oeil sur le troupeau. La règle est de ne pas trop avancer : il faut que les vaches grattent le bloc le cou allongé. Ainsi, les cubes restent tassés, ce qui favorise leur conservation. » C'est un concessionnaire local qui a installé le dispositif avec l'éleveur. « La mise en place est très facile, explique Mathieu. Ce qui prend du temps, c'est d'installer l'alimentation électrique. Aujourd'hui, je suis satisfait de cet investissement, c'est un vrai gain de temps à un coût moins élevé qu'un robot de distribution. En outre, je n'ai plus de tracteur d'élevage, j'utilise celui de la Cuma une fois par semaine. En fin d'année, la différence sur la facture de gasoil est très nette par rapport à l'époque où j'utilisais la mélangeuse. »