LISIER : L'ÉPANDAGE SANS TONNE MONTE EN PUISSANCE

Le système le plus courant consiste à traîner dans la parcelle un tuyau souple qui alimente la rampe à pendillards portée par le tracteur. L'enrouleur sur le relevage avant sert uniquement au transport du tuyau vide avant et après le chantier.© D.L.
Le système le plus courant consiste à traîner dans la parcelle un tuyau souple qui alimente la rampe à pendillards portée par le tracteur. L'enrouleur sur le relevage avant sert uniquement au transport du tuyau vide avant et après le chantier.© D.L. (©)

Épandre du lisier sans tonne permet de passer plus tôt dans les parcelles, quand le sol est encore peu portant. La solution : installer une pompe près de la fosse, un réseau de canalisations et une rampe sur le tracteur.

LA TAILLE DES TONNES À LISIER N'EST PAS SOUVENT COMPATIBLE avec un épandage précoce en fin d'hiver, souligne Michel Seznec, de la Fédération des Cuma de Vendée. L'idée de dissocier le transport du lisier et l'épandage a fait son chemin ces dernières années. En pratique, l'épandage sans tonne consiste à déplacer dans la parcelle une rampe à pendillards, montée sur un tracteur ou sur un automoteur. Cette rampe est reliée par un tuyau à une pompe placée près du point de stockage du lisier. L'intérêt pour cette technique est dopé par les besoins en épandage de digestats de méthaniseurs. »

Le tracteur équipé d'une rampe étant beaucoup moins lourd qu'une tonne classique, les agriculteurs peuvent épandre dès février, selon le calendrier réglementaire, sans créer d'ornières. Cette technique augmente la part de surfaces épandables dans la SAU.

L'épandage sans tonne requiert des équipements particuliers. Voilà pourquoi ce sont souvent les Cuma, les ETA ou les grosses exploitations qui investissent dans ce type d'outils. La pompe est soit autonome, soit entraînée par la prise de force d'un tracteur. Une pompe sur tracteur est certes moins chère à l'achat (de 8 000 à 12 000 €), mais elle est moins facilement automatisable. À l'opposé, une pompe autonome coûte deux à trois fois plus cher, mais elle peut recevoir une commande à distance, pilotée par le chauffeur du tracteur depuis la parcelle. Il s'agit le plus souvent d'un modèle centrifuge assez simple d'entretien. La puissance de la pompe conditionne le débit de chantier, mais ce n'est pas le seul critère à prendre en compte. Le diamètre du tuyau et la topographie du terrain modifient également les performances de la pompe. Quand le tracteur équipé de la rampe se situe en hauteur, le débit diminue. Autre critère important, la fluidité du lisier : plus il est chargé en paille, plus le débit baisse. La paille peut aussi provoquer des bouchons qui colmatent le circuit (voir reportage). C'est pourquoi il est indispensable, avant l'épandage, de broyer et d'homogénéiser le lisier de la fosse. Le réseau de transport est le plus souvent constitué de tuyaux souples déroulés le temps du chantier. Il peut mesurer quelques centaines de mètres, voire plusieurs kilomètres, avec parfois des pompes intermédiaires. Certaines exploitations ont enterré un réseau ou utilisent les canalisations d'irrigation. Attention aux fuites car d'un point de vue réglementaire, aucune perte de lisier dans la nature n'est tolérée.

Quand le transport par réseau n'est pas possible en raison de routes à traverser ou d'une trop grande distance, la solution consiste à opter pour un stockage tampon à côté de la parcelle. Un exemple : un caisson étanche rempli régulièrement par une ou deux tonnes à lisier. « Dans ce schéma, la tonne sert uniquement sur route et ne rentre pas sur la parcelle, explique Michel Seznec. La pompe, quant à elle, est placée à côté du caisson et alimente directement la rampe du tracteur.

DEUX SYSTÈMES : LE CORDON OU L'ENROULEUR

Pour l'épandage dans la parcelle, il existe deux systèmes. Le plus ancien est celui du cordon, un grand tuyau souple déroulé sur la parcelle. Une extrémité est connectée au réseau amenant le lisier, l'autre est rattachée au tracteur qui supporte la rampe. Une fois le circuit mis en pression, le tracteur part du fond de la parcelle pour revenir jusqu'à l'entrée en effectuant des passages parallèles. Le chauffeur du tracteur adapte sa vitesse selon le débit réel, la largeur de la rampe (12 à 18 m) et la dose à apporter. Un guidage GPS assure la régularité de l'épandage. Le cordon est traîné sur le champ au fur et à mesure des déplacements. Il s'agit d'un tuyau spécifique, renforcé contre l'abrasion et résistant à la traction.

Cette technique est bien adaptée pour du blé en sortie d'hiver ou des prairies peu développées, mais elle ne convient pas à des cultures plus grandes car le cordon traîné au sol risque d'endommager les plantes. C'est ce qui a amené la société Matuboc à concevoir un autre système intégrant, en plus de la rampe, un enrouleur pour éviter de faire glisser le tuyau sur le sol. Ce constructeur du Maine-et-Loire propose des automoteurs (Quadraferti) et depuis cette année, des versions traînées (Duaferti) derrière un tracteur. Dans les deux cas, la rampe d'épandage se situe à l'avant de l'ensemble. Cette rampe possède deux modules de pendillards avec broyeurs-répartiteurs qui se translatent sur la largeur. Le chauffeur réalise des allers et retours en revenant toujours sur ses pas. À l'aller, les deux modules de pendillards sont aux extrémités de la rampe et l'enrouleur dépose le tuyau au fur et à mesure de l'avancement. Une fois arrivé au bout de la parcelle, le chauffeur ramène les modules de pendillards au centre de la rampe. Puis il revient sur ses pas en marche arrière et l'enrouleur ramasse le tuyau qui, à aucun moment, ne glisse sur le sol. Ce système permet de travailler aussi bien en sortie d'hiver que plus tard au printemps, sur du maïs par exemple. « Compte tenu du matériel spécifique et des temps de mise en place, l'épandage de lisier sans tonne n'est intéressant que sur des îlots d'au moins une dizaine d'hectares, souligne Michel Seznec. Mais quand le système est en place, le débit est imbattable puisque selon le matériel, il est possible d'épandre entre 75 et 150 m3/h, tout en préservant les sols. »

DENIS LEHÉ

Avec le système à enrouleur, le tracteur passe une première fois en marche avant pour épandre le lisier aux deux extrémités de la rampe puis revient en marche arrière en épandant au centre. Le tuyau s'enroule et se déroule sans traîner au sol.

© D.L.

Exemple de ravitaillement en bout de champ où une tonne déverse le lisier dans un caisson qui sert de réserve tampon, alimentant la pompe en continu.

© D.L.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Thomas Pitrel dans sa prairie de ray-grass

« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

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