« NOUS AVONS CHOISI UNE MÉLANGEUSE AUTONOME »

UNE MÉLANGEUSE EST D'ORDINAIRE ENTRAÎNÉE par la prise de force d'un tracteur. Depuis quelques années, des constructeurs proposent des mélangeuses autonomes, c'est-à-dire intégrant leur propre moteur thermique. Pourquoi s'équiper d'un tel outil dont le surcoût par rapport à une mélangeuse standard avoisine les 30 % ? L'objectif premier est de ne plus mobiliser deux engins automoteurs (tracteur et télescopique) pour distribuer les rations. Mais ces mélangeuses autonomes ont d'autres atouts. C'est en tout cas le choix qu'ont fait, il y a un an, les quatre associés du Gaec Baracouda, en Vendée. Précédemment, les éleveurs utilisaient une mélangeuse à vis horizontale. Un concept qui ne leur donnait pas entièrement satisfaction.

« Il fallait être extrêmement attentif au temps de mélange. Nous voulions passer à la mélangeuse à pales qui respecte davantage les fibres », explique Alain Causseau, en charge de l'alimentation des laitières au sein du Gaec Baracouda. Leur choix s'est porté sur la Qualimix de Lucas G. Depuis 2001, le constructeur vendéen propose ce principe de mélangeuse conçu en trois modules.

LE BON COMPROMIS

D'abord, le module supérieur de coupe pour le foin, la paille ou l'enrubannage, avec une vis horizontale équipée de sections papillons et contre-couteaux.

Une fois coupées, les fibres rejoignent l'espace mélange, celui de la cuve et des trois pales, qui ne possède aucun système de coupe. Enfin, la vis inférieure horizontale assure la distribution. La Qualimix autonome reprend ce principe à l'identique, mais avec un moteur Deutz de 100 ch et une centrale hydraulique placés à l'avant gauche de la machine. Outre la qualité du mélange, le Gaec Baracouda souhaitait gagner du temps dans la distribution des rations. Avec un bâtiment des génisses éloigné de 3 km, l'option de l'automotrice pouvait s'envisager. Ils en ont d'ailleurs essayé deux. « C'est effectivement très rapide, mais l'investissement est conséquent et nous préférions optimiser le chargeur télescopique », explique Alain. La mélangeuse autonome est apparue comme le bon compromis : un seul automoteur (le télescopique) avec un chauffeur qui n'a plus à monter et à descendre de la cabine. En effet, la mélangeuse est équipée d'un boîtier de commande à distance.

Installé dans le télescopique, il permet au chauffeur de mettre en route le moteur de la machine, d'actionner la béquille hydraulique qui active simultanément le frein de stationnement et le correcteur d'assiette, de sélectionner les régimes moteur pour couper ou mélanger, de contrôler la pesée des différents aliments et également de commander la trappe de distribution.

LA PRISE DE FORCE EST PRÉVUE EN CAS DE PANNE

Démonstration avec Alain : « Pour la ration des vaches laitières, je commence par l'ensilage d'herbe. Ensuite le foin de luzerne est placé sur le module de coupe après l'ouverture du volet. Je le fais tourner le temps du démêlage. C'est très rapide avec nos bottes carrées, à peine une minute. Je charge ensuite le concentré, puis le maïs en dernier. J'accroche la remorque avec le crochet automatique du télescopique. J'enclenche le mélange le temps du transport dans le bâtiment et je décharge dans les auges. J'alimente ainsi 120 vaches en moins de vingt minutes, deux fois par jour, sans quitter la cabine. Ensuite, le télescopique est disponible. » La mélangeuse assure également la ration quotidienne des taurillons, celle des génisses de plus d'un an et la ration sèche des jeunes génisses (à base de foin, de paille, de concentré et de mélasse) qui n'est faite qu'une fois par semaine. « Autre avantage par rapport à une automotrice : en cas de panne moteur, la machine est équipée d'une sortie de prise de force qui permet de la raccorder temporairement à un tracteur. » Le constructeur a aussi prévu de passer en liaison filaire en cas de défaillance de la télécommande.

Le gabarit et le poids (10 t) de cette mélangeuse de 20 m3 en imposent. « Elle est très maniable et le comportement routier est excellent. Le constructeur estime qu'un 60 ch suffirait à la tracter. » Cette Qualimix autonome fonctionne depuis un an dans le Gaec. Elle a fait un peu plus de 500 heures. Les éleveurs estiment sa consommation à 5 l/heure. « L'entretien est réduit à une vidange du moteur et au changement des sections. La lubrification des chaînes d'entraînement se fait par barbotage. » Et le prix ? L'investissement est évalué à 60 000 €. « Comparé au prix d'une automotrice de même capacité, nous nous payons un télescopique qui sert à bien d'autres choses qu'à distribuer les rations. »