« NOUS AVONS CHOISI LA BONNE SALLE DE TRAITE POUR 240 VACHES »

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LE PRINCIPE DU SIMPLE ÉQUIPEMENT CENTRAL RÉPOND AUX OBJECTIFS DES ÉLEVEURS : UN RYTHME DE TRAITE TRÈS ÉLEVÉ AVEC UN ÉQUIPEMENT MOINS COÛTEUX QUI S'INTÈGRE AU BÂTIMENT.

DIRK-JAN ET HENRI NAGELHOUT sont arrivés de leur Hollande natale en 1999 pour s'installer éleveurs laitiers en Dordogne. Ils reprennent alors une exploitation de 240 000 l de quota. Dix ans plus tard, leur dynamisme s'est exprimé. Après plusieurs reprises, ils produisent aujourd'hui 1,9 Ml avec 240 vaches. Pas question pour autant d'être des esclaves du lait. Les deux frères et leurs épouses entendent concilier performances économiques et qualité de vie. C'est donc sur un mode très pragmatique qu'est gérée l'exploitation. On se concentre sur ce qui rapporte : les vaches. Le reste est délégué. Toutes les cultures, du semis à la récolte, sont faites par une ETA. Traire plus de 200 vaches prend aussi beaucoup de temps. Les éleveurs ont débuté avec une salle de traite 2 x 6, puis 2 x 9 en épi qui n'était plus adaptée à l'augmentation de la production.

Dirk-Jan et Henri ont alors rapporté des Pays-Bas un système de traite jusqu'alors inconnu en France : le simple équipement central en ligne haute. Une salle de traite courante en Irlande et que de grands troupeaux néerlandais, à la productivité élevée, se sont appropriée avec succès. C'est le constructeur irlandais Dairymaster qui est venu des Pays-Bas installer ici, en France, sa première machine : une 2 x 26 postes en traite par l'arrière à 85°. L'outil est impressionnant, la rapidité de la traite l'est davantage. « Actuellement, nous avons 220 vaches à la traite. Nous y passons entre 1 h 30 et 1 h 40. Nous commençons à deux puis nous terminons seul pendant que l'autre trayeur s'occupe des jeunes veaux. Seul, il faudrait compter 10 à 15 min de plus. Mais pour traire seul en 2 x 26, nous sommes au maximum. » De quoi s'agit-il ? Une seule rangée de faisceaux pour deux quais et autant de faisceaux que de vaches par quai. Ici, le trayeur fait rentrer les 26 vaches et les branche. Le deuxième lot de 26 rentre sur l'autre quai.

UN MESSAGE VOCAL POUR LES VACHES À PROBLÈMES

Dès qu'une vache est décrochée, le trayeur fait pivoter la griffe de 180°, ce qui réenclenche automatiquement la pulsation pour brancher la vache opposée. Afin de ne pas ralentir le rythme, un haut-parleur avertit le trayeur des vaches repérées lentes à traire. Elles seront branchées en priorité. Il est averti aussi des vaches à colostrum ou sous antibiotique dont le lait doit être dévié. Ce concept est associé à une ligne de lait haute, située à 1,30 m du quai avec un diamètre de tube impressionnant adapté au débit de la traite. Amener le lait de la mamelle à ce lactoduc nécessite un niveau de vide élevé : 48 kPa au lieu des 40 Kpa en ligne basse. Autre originalité, la pulsation est simultanée. Pour ne pas endommager les trayons avec un tel niveau de vide, les concepteurs assurent qu'il chute de façon importante pendant la phase d'écoulement maximale du lait. Dairymaster a donc conçu un manchon spécial à corps conique qui évite le glissement quand le vide chute. A contrario, le faisceau est plus lourd que dans une salle de traite ligne base (3,2 kg) afin d'éviter que le manchon remonte le long du trayon quand le vide est à 48 kPa.

Les éleveurs confirment l'efficacité de cette technique de traite inhabituelle : « Les vaches se sont bien habituées. Le système doit être au point car nous n'avons pas de trayons traumatisés ni de surtraite. Le décrochage automatique est réglé à 200 g/min et ça marche. Je constate aussi que peu de faisceaux tombent pendant latraite. ». L'autre avantage du simple équipement : son prix. Henri et Dirk-Jan disent avoir déboursé 130 000 £ en 2004 pour leur machine à traire. Il faut y ajouter le bâtiment et les travaux d'électricité. Beaucoup moins onéreux qu'un roto, seul capable de rivaliser avec ce rythme de traite. « Dans notre cas, un roto aurait créé trop de contraintes. Nous l'avons constaté : avec un roto, il faut obligatoirement être deux et parfois courir pour pousser une vache. Ici, nous rentrons 26 vaches d'un coup et c'est terminé. Ensuite, la salle de traite s'est facilement intégrée à l'ancien bâtiment. Nous n'avons pas eu besoin d'aire d'attente. C'est un couloir du bâtiment qui en fait office. Selon moi, un roto commence à être intéressant à partir de 50 postes pour des troupeaux de plus de 300 vaches. »

DES NOURRISSEURS POUR ATTIRER LES ANIMAUX

Henri et Dirk-Jan ont voulu deux options : des nourrisseurs pour distribuer un VL 2,5 pendant la traite et un second lactoduc pour le lait non commercialisé. La première incite les vaches, et surtout les primipares, à rentrer dans la salle de traite et permet d'avoir des animaux plus calmes. La seconde assure un confort à l'éleveur qui n'a pas à sortir de la fosse avec des bidons. « Il faut aussi prévoir un haut débit d'eau pour le nettoyage du quai. L'inconvénient de cette salle de traite avec un quai très long est que les animaux ont tendance à bouser en sortant. »

On peut craindre qu'une telle cadence de traite se fasse au détriment de l'hygiène des mamelles. Il est vrai qu'au Gaec Vaures, elles sont seulement essuyées avec un papier sec, les premiers jets ne sont pas tirés systématiquement et il n'y a pas de post-trempage. Si une mammite est détectée, la griffe n'est pas désinfectée. « C'est un choix que nous avons fait : privilégier la vitesse de traite et prévenir les problèmes en amont. » Ainsi, une attention particulière est accordée au couchage : des logettes avec une épaisse couche de sciure ou des matelas. « Le matelas intégral ne me convient pas, je le réserve aux taries. Le meilleur compromis est un demi-matelas à l'avant de la logette pour le confort de l'animal et de la sciure à l'arrière pour avoir des mamelles propres. Les bouses dans les logettes sont ôtées deux fois par jour, les poils de mamelles sont brûlés et les queues tondues. » Résultat : des mamelles effectivement très propres et un résultat de cellules moyen en 2008 très convenable : 272 000. « Cette année, nous sommes moins bons car nous n'avons pas assez réformé l'an dernier. Nous avons donc fait un lot de vaches à cellules qui passe en dernier dans la salle de traite. »

DOMINIQUE GRÉMY

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,46 €/kg net =
Vaches, charolaises, R= France 7,23 €/kg net =
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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