
Méthode souple permettant de récolter l'herbe au stade optimal, l'enrubannage requiert un matériel bien réglé.
L'ENRUBANNAGE EN MONO-BALLE PEUT ÊTRE RÉALISÉ EN CHANTIER DÉCOMPOSÉ, souvent par l'agriculteur, ou avec une presse combinée plus couramment employée en prestation. Enrubanner en continu est une alternative un peu plus lourde à organiser, mais économe en plastique.
VISER ENTRE 45 ET 60 % DE MS
Au printemps, la période de récolte idéale se situe avant le stade épiaison, quand la valeur du fourrage concentrée dans les feuilles est à son optimum. Il est recommandé de ne pas faucher en dessous de 5 à 7 cm, surtout en conditions humides. « L'herbe ne doit pas être plaquée au sol, car elle sèche moins vite et risque d'être souillée par de la terre lors du fanage ou de l'andainage, souligne Pierre Lépée, de la chambre d'agriculture de la Creuse. L'idéal est d'avoir une faucheuse conditionneuse qui répartit l'herbe sur une grande largeur afin qu'elle soit bien exposée et sèche rapidement. Sinon, il faut faner juste après la fauche avant que la plante ne devienne trop fragile. L'objectif est d'atteindre un taux de matière sèche compris entre 45 et 60 %, mais pas au-delà. Si l'herbe est trop sèche, l'air s'évacue mal de la botte et la qualité se dégrade. »
DES BALLES SERRÉES ET PAS TROP GROSSES
« L'enrubannage, c'est de l'ensilage en mini-silo, avance Pierre Bonnin, technicien conseil à la coopérative Océalia. Il faut donc bien serrer le fourrage pour chasser l'air au maximum. En presse à chambre fixe, avec un diamètre de 1,20 m, c'est parfait. Avec une presse à chambre variable, une botte mesurant 1,30 m de diamètre pèse environ 700 kg, voire 800 kg. C'est souvent la taille maximale à ne pas dépasser, car au-delà, la manipulation devient compliquée avec un risque important de déformation ou de déchirure du plastique, synonyme d'entrée d'air. » Les couteaux hacheurs sur la presse réduisent la longueur des brins et permettent de serrer davantage. Un plus en matière de conservation, mais le gain se retrouve surtout au moment de la distribution, puisque les fibres courtes sont plus simples à mélanger à la ration. Il est important d'avoir des bottes très régulières sans bourrelets sur les côtés. Elles se maintiennent généralement mieux avec un liage par filet, plutôt qu'avec des ficelles. Quelques constructeurs ont développé le liage par film plastique uniquement sur les presses combinées.
FILM : SIX COUCHES DANS LA MAJORITÉ DES CAS
Les premières enrubanneuses furent vendues avec des rouleaux de film de 500 mm, mais désormais la majorité des machines utilise du film de 750 mm. Les fabricants de plastiques innovent régulièrement avec des films pré-étirés ou bien aplatis permettant de gagner jusqu'à 30 % de longueur. « Il existe une grande variété de qualité et de prix, ajoute Pierre Lépée. Je conseille souvent aux éleveurs quand ils sont satisfaits de leur film, de ne pas en changer, quitte à tester de temps en temps d'autres produits. » Les constructeurs aussi cherchent des solutions pour consommer moins de films : Kuhn propose par exemple sur certains modèles un système dénommé « e-Twin », avec un prétireur supportant deux rouleaux de film se recouvrant aux deux tiers. Les deux films se collent entre eux avant d'arriver au contact avec la botte, ce qui permet, selon le constructeur, d'augmenter le pré-étirage jusqu'à 90 %, au lieu de 70 % sur la majorité des modèles. L'agriculteur peut ainsi recouvrir plus de bottes avec la même quantité de plastique. Pour un stockage limité dans le temps, quatre couches de film peuvent suffire, à condition d'avoir des bottes bien formées et de les manipuler délicatement. La norme consiste tout de même à déposer six couches, voire huit pour les fourrages les plus durs, comme la luzerne, par exemple, dont les tiges percent parfois le plastique. La majorité des machines travaille avec un recouvrement du film de 50 %. Si bien qu'après un tour complet, la botte est intégralement recouverte de deux couches. Le nombre total de couches déposées est donc toujours pair. Quelques modèles permettent de programmer un tour avec un recouvrement de 33 %, et donc de positionner trois couches en un passage. En combinant des tours à 50 % de recouvrement et d'autres à 33 %, il est possible de filmer en cinq ou sept couches et de moduler facilement la quantité de plastique consommée.
AFFINER LES RÉGLAGES
Pour assurer un recouvrement étanche, la machine doit être correctement réglée au départ sur le centre de la botte (voir infographie). Attention aussi à la propreté des rouleaux et au taux d'étirement. Il est déconseillé de travailler sous la pluie. Sinon la colle ne prend pas et les différentes couches de film ne sont pas complètement solidaires.
MACHINE SOLO OU COMBINÉE
Historiquement, l'enrubannage s'est développé autour de chantiers décomposés. Depuis quelques années, l'arrivée des presses enrubanneuses a changé l'organisation des travaux. « Ces machines combinées améliorent le débit de chantier, estime Christopher Brachet, de la FDCuma du Morbihan. Quant au prix de revient à la botte, travailler en décomposé équivaut, selon nos calculs, à 11 €/botte alors qu'avec une machine combinée, il est de 10,80 €. La différence est minime, mais l'écart s'agrandit en faveur du combiné pour un grand nombre de bottes pressées par an. Quand les contraintes augmentent (temps de route importants, ressources en main-d'oeuvre limitée, courte fenêtre météo), la balance penche également en faveur des machines combinées. »
Ces dernières présentent aussi l'avantage d'enrubanner immédiatement la botte avant qu'elle n'ait le temps de se déformer. Certaines marques proposent désormais un liage par film plastique dans la chambre de pressage, en remplacement du filet (McHale, Göweil, Krone, New Holland...). Le film maintient la pression, puis la botte est enrubannée complètement sur la table arrière de la machine. Ce liage simplifie aussi la tâche de l'éleveur qui n'a plus qu'un seul déchet à trier et à recycler.
DENIS LEHÉ
Avec l'e-Twin, de Kuhn, les deux films se collent l'un à l'autre avant d'être déposés sur la botte, ce qui augmente leur résistance. © D.L.
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