SURSEMIS UNE TECHNIQUE SIMPLIFIÉE MAIS ALÉATOIRE

Aitchinson GrassFarmer. Les éléments semeurs en T inversé découpent le chevelu racinaire de la prairie pour déposer la graine sur un sol nu au fond d'un large sillon.PHOTOS © J.P.
Aitchinson GrassFarmer. Les éléments semeurs en T inversé découpent le chevelu racinaire de la prairie pour déposer la graine sur un sol nu au fond d'un large sillon.PHOTOS © J.P. (©)

La réussite du sursemis passe par une ouverture du sol suffisante pour limiter la concurrence de la végétation en place sur le développement des jeunes plantules.

LE SURSEMIS CONSISTE À IMPLANTER UNE OU PLUSIEURS ESPÈCES FOURRAGÈRES dans une prairie qui possède un fond encore intéressant, afin d'améliorer sa productivité sans la retourner. « Lorsque la prairie contient plus de 50 % de bonnes graminées ou 30 % dans les systèmes moins intensifs, on peut se contenter du sursemis », explique François Ratier. Mais la réussite de l'opération est loin d'être garantie, elle serait même « aléatoire », selon ce conseiller en élevage et productions fourragères de la chambre d'agriculture de Seine-Maritime. « La réussite du sursemis passe par la capacité de l'espèce implantée à faire face à la concurrence du couvert déjà en place pour se développer. »

LES CLÉS DE LA RÉUSSITE

Toutes les conditions doivent être réunies pour favoriser le contact graine-sol, puis l'accès à la lumière des jeunes plantules. Pour commencer, le sursemis doit être réalisé dans une végétation rase (5 cm), après un surpâturage ou une fauche. La prairie devra comporter suffisamment de zones de sol nu,.« Sinon visez un hersage croisé énergique pour agrandir ces zones. Le sursemis est aussi un moyen d'occuper ces espaces avant qu'ils ne soient colonisés par des espèces invasives. » Le travail de la herse ou des disques du semoir doit ameublir le sol afin d'obtenir un peu de terre fine en surface. « Plus la végétation en place est dense, plus le hersage devra être agressif, confirme Patrice Pierre, conséiller en prairies de la chambre d'agriculture du Maine-et-Loire. L'objectif est d'élargir la zone de sol nu de partet d'autre de la ligne de semis et de faire descendre la graine dans la partie travaillée. » Il faudra privilégier le semis d'espèces agressives à installation rapide. « Pour une utilisation en fauche, préférez du RGI, du RGH, du trèfle violet ou du brome, indique François Ratier. Pour le pâturage, le RGA, le RGH et le trèfle blanc. Avec le RGA, il est néanmoins préférable d'éviter les variétés tardives. » Les doses de semis varient de 5 à 6 kg/ ha pour le trèfle et de 5 à 10 kg pour les graminées, en fonction de la végétation en place. « Déposer la graine dans une ligne de semis permet de réduire la densité. Lorsque le trèfle est semé à la volée, il faudra plutôt 6 à 7 kg/ha. » Trois périodes sont favorables : Tôt au printemps au redémarrage de la végétation pour combler les vides, derrière un ensilage. En effet, la végétation redémarre plus lentement et il y a davantage de place entre les talles et dès la mi-août, à un moment où les jeunes plantules sont moins concurrencées et où la terre chaude favorise la levée. Le conseiller préconise un semis de fin d'été à environ 1 cm de profondeur et la suppression des apports d'azote un a deux mois avant le semis pour ne pas favoriser le développement de l'ancienne flore.

QUELS OUTILS UTILISER ?

Le semoir spécialisé n'est pas indispensable. Le sursemis peut être réalisé avec un semoir à céréales, éléments semeurs relevés, après un hersage réalisé avec une herse à dent droite ou une herse étrille réglée de façon agressive. Il est possible d'utiliser un distributeur centrifuge électrique monté sur le châssis d'une herse pour un semis à la volée. Après le semis, le sol doit être rappuyé par le piétinement des animaux, à défaut avec un rouleau compartimenté. Le matériel spécifique présente l'intérêt de réaliser le chantier en un passage. Parmi ces outils, on distingue les semoirs à disques (Unidrill, Vredo), à sabots (Aitchinson), à la volée au-dessus d'un hersage (Carré, Eïmbock, Vertikator) ou suivi de rouleau cranté (Güttler). C'est pour tester l'efficacité de ces semoirs que la chambre consulaire et le Grab Haute- Normandie (Groupement régional des agriculteurs biologistes) ont organisé une démonstration chez Jean-Jacques Pingiet, éleveur biologiste. Le contexte de l'essai : un sol sec, une prairie temporaire à la végétation rase mais dense.

1- AITCHINSON GRASSFARMER

Le GrassFarmer est conçu pour le regarnissage des prairies et le semis direct de couverts végétaux à des doses de 1 kg à 400 kg/ha (féverole). Il se compose d'une rangée de disques découpant un sillon à l'avant, de socs en forme de T inversé montés sur des dents à ressort. Dans le cadre de l'essai haut-normand, c'est le plus agressif. L'intérêt de ses socs dotés d'une base large est de travailler la terre et de découper le chevelu racinaire pour déposer la graine sur un sol nu à 2 cm de profondeur. Il est léger (1 t), ce qui a justifié l'ajout de masses pour bien pénétrer le sol. Mais une puissance de traction de 55 ch suffit pour une vitesse de travail entre 5 et 6 km/h. Compact, il présente des risques de bourrage dans une végétation haute. L'investissement est de 9 500 € pour le modèle de 2,72 m largeur.

2- CARRÉ SEMLOC

La herse prairiale Carré combine deux rangées de couteaux sur ressorts, des lames crénelées et deux rangées de peignes étrilles. Absent de l'essai, cet outil remplit les fonctions de scarification, d'étaupinage, de nivelage, d'ébousage et d'émoussage. Sur ce châssis, le constructeur a adapté un semoir pneumatique, pour une réimplantation totale ou partielle de la prairie. Ce semoir à petites graines, adapté pour les couverts végétaux, présente l'avantage de déposer la graine uniformément sur toute la partie travaillée. Il autorise un débit de chantier rapide (12 km/heure) à des doses de semis de 8 à 100 kg/ha. Le coût du semoir et son montage sur la herse représentent un investissement de 5 000 €.

3- BALDAN SD 5000

Dans les zones de grandes cultures, la présence de matériel de semis directe peut être valorisée pour le sursemis. Le Baldan SD 500 testé lors de l'essai permet de semer de très faibles quantités de semences (1 kg/ha) dans un sillon tracé par des disques. À l'instar du Vedro, la finesse des sillons doit renforcer la vigilance sur la maîtrise de la végétation en place qui risque d'étouffer les plantules.

4- VREDO 229.07.5 AGRI

Conçu pour le sursemis, le semoir Vredo est aussi un outil polyvalent pour le semis des intercultures. Les graines sont déposées à une profondeur de 1 à 2 cm dans le sillon tracé par deux disques montés en V. L'inconvénient est un risque de lissage en situation humide. Mais dans le contexte séchant de la démonstration, l'absence d'ouverture de zones de sol nu dans la végétation pose la question de la concurrence vis-à-vis du jeune semis. À l'arrière, le rouleau packer ferme le sillon, ses anneaux mobiles s'adaptent aux surfaces irrégulières. Compact, simple dans sa conception, il requiert une puissance de traction de 50 ch, travaille à une vitesse de 7 km/h et son prix d'achat se situe autour de 26 000 €.

UN EFFET MATÉRIEL LIMITÉ

« Les essais réalisés en Suisse montrent que le matériel a une influence secondaire sur laréussite, analyse Patrice Pierre. Celle-ci est d'abord influencée par les conditions climatiques, puis par le mode d'exploitation intervenant après le sursemis. En outre, en présence de plus de 50 % d'agrostis, graminées dont les racines excrètent des composées chimiques nuisibles aux plantes voisines, le sursemis est pratiquement vouée à l'échec. ». Dans tous les cas, après le sursemis, il faudra maintenir une végétation rase par le pâturage ou le broyage. « En prairie permanente, on constate souvent après deux à trois années, un retour à la végétation initiale. Compte tenu du coût de semence et du diagnostic initial, la question de la rénovation totale mérite d'être mise en balance. »

JÉRÔME PEZON

Carré Semloc. Ce semoir à petites graines associé à la herse prairiale, présente l'avantage de déposer la semence sur la partie travaillée et uniformément sur toute la largeur de l'outil.

Baldan SD 5000. Dans les exploitations de polyculture-élevage, la présence de matériel de semis direct destiné aux grandes cultures peut être valorisé par les chantiers de sursemis.

Vredo 229.07.5 Agri. Les graines sont déposées à une profondeur de 1 à 2 cm dans un sillon étroit tracé par deux disques montés en V.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Thomas Pitrel dans sa prairie de ray-grass

« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

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