Alternatives au maïs ensilage : 4 scénarios passés au crible

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Maïs fourrage et herbe
Ensilage de maïs épis, herbe, luzerne ou encore coproduits ont été testés en alternative complète ou partielle de l'ensilage de maïs fourrage. (©Razzia125 | Pixabay)

Si le maïs est une plante intéressante pour faire du lait, elle demande à être corrigée en azote. Pour améliorer l’autonomie protéique des exploitations, les membres du réseau Inosys ont réalisé quatre simulations sur une ferme lorraine afin de trouver des voies d’amélioration de l’autonomie protéique sans dégrader le revenu.

Les données des réseaux Inosys ont permis de tester l’impact de quatre alternatives à l’ensilage de maïs fourrage sur les performances économiques d’une ferme laitière lorraine. Et même avec des niveaux de prix de correcteur azoté autour de 510 €/t, le maïs fourrage reste la plante la plus rentable sur la ferme si l’on souhaite garder un niveau de production constant. Mais au-delà de la rentabilité, le maïs entraîne une dépendance sur l’approvisionnement en concentrés pour corriger la ration.

Pour limiter cette dépendance, Mathilde Jouffroy et Camille Ferry ont testé quatre hypothèses sur une ferme type de l’Est de la France : un Gaec à deux associés sur 205 ha et 77 vaches laitières à 8 100 l de lait. En l’état, la structure dégage un EBE de 150 000 €, via le produit lait, mais également la vente de céréales sur un peu plus de la moitié de la structure. « Dans la situation de base, nous avons 67 ha de prairies et 23 ha de maïs ensilage pour l’élevage. Le reste est en culture de vente », précise Mathilde Jouffroy, de l’Institut de l’élevage. « Nous avons mené les essais dans un contexte lorrain, avec un potentiel de rendement autour de 11 t MS/ha en ensilage de maïs, et des besoins annuels en concentré d’une tonne cinq par vache », complète la jeune femme.

4 scénarios alternatifs à l'ensilage de maïs
Les scénarios réalisés ont été effectués dans un contexte de prix de concentrés relativement élevé. La chute du prix de correcteurs azotés tend à rendre moins rentable ces alternatives. (© Inosys réseau d'élevage)

Ensilage de luzerne et maïs épis pour améliorer son autonomie

Le premier scénario est peut-être le plus probant économiquement. Il vise à remplacer une partie de l’ensilage de maïs par de l’ensilage de luzerne et de maïs épis. Le maïs ensilage passe alors de 10 kg à 6 kg MS dans la ration, au profit de 2,5 kg MS d’ensilage de luzerne, et de 3 kg de maïs épis. L’ensilage de prairie naturelle a quant à lui été maintenu à hauteur de 6 kg MS.

Cette nouvelle ration a une incidence directe sur les besoins en céréales et tourteau. Compter – 173 kg de céréales, et – 243 kg de tourteau à l’année, mais également 9 ha de SFP en plus.

Côté chiffre, à production laitière constante, « on observe une baisse des produits de l’ordre de 8 500 €, avec moins de céréales vendues, mais une petite hausse des aides grâce aux légumineuses, et surtout, une diminution des charges avec moins d’achats extérieurs en concentré ». Si bien que la simulation est à l’équilibre. « Au final, on est sur un revenu disponible qui progresse de 1 % par rapport au système initial », précise Camille Ferry de la Chambre d’agriculture.

Léger recul de l’EBE avec l’implantation de prairie temporaire

Dans un deuxième temps, l’introduction de prairie temporaire a été tentée. Cette option fait toutefois diminuer la qualité du lait, avec une ration moins énergétique. Elle demande également davantage de céréales (+ 498 kg) et entraîne une baisse de la consommation de tourteau (- 250 kg), ainsi qu’une augmentation de 2 ha de la SFP.

Sur le plan économique, la perte de points de TB et TP pèse sur le produit lait. La baisse des achats de tourteaux ne compense pas la contraction des produits. La structure affiche alors un EBE diminué de 6 000 €.

L’achat de coproduit fait exploser les charges

Les conseillères ont également tenté de remplacer l’ensilage de maïs par des coproduits. « On a beaucoup de coproduits valorisables sur la Lorraine », explique Camille Ferry. « On a fait le choix d’un coproduit équilibré, utilisable en l’état sur la ferme ». La part d’ensilage de maïs est passée de 10 kg à 6 kg au profit d’un coproduit de 5,4 kg MS de coproduit. « C’est le seul scénario qui ne nécessite pas de surface fourragère supplémentaire ». Les besoins en tourteau et céréales sont également à la baisse.

Le bilan n’est pas pour autant positif, avec une hausse très forte des charges opérationnelles et un coproduit à 360 €/t. Le revenu disponible est alors en retrait de 23 %, avec une diminution de 15 000 € de l’EBE. Le coproduit étant simplement plus cher que le maïs autoproduit, et ce même en gagnant de la surface pour les cultures de vente sur la ferme.

Le zéro maïs ensilage réduit les achats de concentré

Un scénario incluant l’arrêt total du maïs ensilage au profit de luzerne et de maïs épis a également été envisagé. Il demande de profonds changements dans la ration. Compter alors 6 kg d’ensilage de prairie naturelle, 3 kg d’ensilage de luzerne, 7 kg d’ensilage de maïs épis et 1 kg de foin. « C’est impactant en termes de SFP. On remplace l’ensilage de maïs par des surfaces moins productives à l’hectare, donc on est sur 13 ha supplémentaires de SFP ».

La diminution du produit céréales du fait de la modification de l’assolement est compensée par les moindres besoins en tourteau, et le scénario apparaît presque à l’équilibre. « On est sur - 2 300 € d’EBE », détaille Camille.

Si deux scénarios apparaissent à l’équilibre, les essais ont été réalisés avec un prix des concentrés supérieur à ce que nous rencontrons actuellement. Cela montre que « l’ensilage de maïs reste une valeur sûre pour produire du lait », constate Mathilde Jouffroy. Mais des options existent : « l’introduction d’ensilage de luzerne et de maïs épi pour remplacer une partie du maïs ensilage peur s’avérer intéressante à condition que la productivité laitière se maintienne ». Ces alternatives permettent notamment de limiter la dépendance aux tourteaux importés, tout en améliorant l’autonomie protéique de la ferme. Des idées à garder dans un coin de la tête, si jamais un jour le soja se met à flamber.

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