Suite à l'essor des circuits courts depuis le premier confinement, auprès des consommateurs et par ricochet des producteurs, sur quels paramètres s'appuient les banques pour accorder ou non le financement de ces projets ? Réponse de Sébastien Lecomte, responsable du marché de l'agriculture au Crédit Mutuel Maine-Anjou/Basse-Normandie.
Face à l'engouement des consommateurs pour la vente directe et les modes de distribution de proximité, notamment depuis le premier confinement face à l'épidémie de Covid-19, « davantage de clients exploitants agricoles se posent la question de commercialiser au moins une partie de leur production en circuits courts », constate le Crédit Mutuel et en particulier Sébastien Lecomte, responsable du marché de l'agriculture sur la zone Maine-Anjou/Basse-Normandie.
Plus d'agriculteurs tentés par les circuits courts.
« L'approche bancaire pour financer ces projets en circuits courts est particulière. Nous regardons d'abord la localisation de l'exploitation, sa proximité des agglomérations, et les moyens humains présents car pour transformer et vendre sa ou ses productions agricoles, il faut de la main-d'œuvre ! C'est un point sur lequel nous sommes très attentifs, explique-t-il. Par ailleurs, les agriculteurs sont d'abord producteurs. Or, là, ils vont devoir être aussi commerçants. »
Écouter l'interview de Sébastien Lecomte, du Crédit Mutuel, au Space 2021 sur le financement des circuits courts :
Ensuite, encore avant les critères économiques, la banque vérifie la disponibilité en temps de travail. « Un éleveur laitier, seul sur sa ferme, qui souhaite se lancer dans la vente en circuits courts, va devoir se libérer à la fois pour la transformation, même partielle, de son lait et pour sa commercialisation, sachant qu'il doit continuer de produire sa référence laitière », insiste Sébastien Lecomte.
Nous sommes très attentifs à la main-d'œuvre.
Plein d'éléments avant l'économique
Se baser sur la quantité transformable et non vendable !
Alors comme il n'est pas facile d'estimer la quantité de produits transformés que l'on va réussir à commercialiser, il vaut mieux se baser sur la quantité, de lait par exemple, que l'on peut transformer, en fonction du temps et de la main-d'œuvre disponibles, en espérant tout vendre. Les banquiers examinent aussi « les études de marché généralement fournies par les producteurs, qui ont déjà cherché où ils pouvaient écouler leurs productions et sur quel volume ils pouvaient s'engager ».
Au-delà de la vente directe à la ferme, l'objectif aujourd'hui pour les agriculteurs est d'emmener leurs produits vers les lieux de consommation et d'achat, c'est-à-dire les zones urbaines. « Les citadins, qui lors des confinements successifs se déplaçaient sur les exploitations pour s'approvisionner, sont rentrés chez eux. Seuls 10 à 15 % s'y rendent toujours aujourd'hui, indique Sébastien Lecomte avant de conclure : « Il faut donc que la profession agricole arrive à trouver des circuits de distribution vers les grandes villes ».
Trouver des réseaux de distribution vers les grandes villes.
La démarche Fermes and Co, présentée mi-octobre 2021 par Bienvenue à la ferme, va justement dans ce sens : « créer le premier réseau structuré de distribution de produits fermiers », en ouvrant d'ici cinq ans une centaine de magasins, au plus près des consommateurs, avec un approvisionnement multi-exploitations et une gestion ne reposant pas que sur les agriculteurs.
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