En 2010, 21 % des exploitations françaises étaient engagées dans un circuit court (c’est-à-dire dans un circuit de distribution avec au maximum un intermédiaire). Un chiffre en progression puisqu’en 2016, lors de la dernière enquête Agreste ESEA, elles étaient 23,3 % et pour 42,1 % d’entre elles, le circuit court représentait plus de la moitié du chiffre d’affaires. Aujourd’hui, la vente directe fait partie du projet de la moitié des agriculteurs qui s’installent.
La demande est en effet croissante, côté consommateurs, pour ce type de distribution : les trois-quarts souhaitent une alimentation plus locale, et d’après la grande consultation menée par make.org en 2019, le développement des circuits courts « est la solution phare plébiscitée par les citoyens », une piste « approuvée par 95 % des citoyens pour permettre de mieux rémunérer les agriculteurs, manger de meilleurs produits (locaux, de saison, non-transformés), et réduire l’empreinte carbone de l’alimentation. Néanmoins, les circuits courts ne représentent que 5 à 10 % de la consommation alimentaire française.
Des investissements en temps et en matériel
Il faut également noter que les circuits courts sont particulièrement développés pour les productions maraîchères, qui ne nécessitent pas de transformation avant la vente. Pour 40 % des lecteurs de web-agri qui ont répondu à un sondage publié en ligne du 18 au 25 mai 2021, les circuits courts ne sont pas envisageables car ils demandent trop d’investissement en temps ou en matériel. Et près de 30 % ne sont tout simplement pas intéressés par ce circuit de distribution.
Cependant, 16 % le mettent en place depuis plusieurs années, 4 % l’ont mis en place depuis peu, peut-être poussé par la demande croissante liée à la crise sanitaire, et 9 % l’ont en projet (NB : les résultats de ce sondage sont indicatifs, l'échantillon n'a pas été redressé).
Un risque sanitaire plus important pour les produits animaux ?
La vente en circuit court s’est également développée en lien avec l’explosion du commerce par internet, qui n’a pas laissé de côté les produits alimentaires, même si ces derniers occupent une place limitée au sein de ce marché. Les ventes en ligne de produits carnés, laitiers et de la mer approcheraient 1,3 milliard d’euros, soit 3 à 3,5 % du total des ventes des produits de grande consommation, tous circuits confondus. En raison de leur sensibilité particulière, ces produits pourraient représenter un risque sanitaire supplémentaire, freinant éventuellement le développement des circuits courts.
Publiée en 2019, une enquête Agreste sur le commerce par internet de denrées animales ou d’origine animale a identifié plusieurs risques potentiels liés aux ruptures de la chaine du froid notamment lors d’envoi en colis isotherme. Néanmoins, le risque sanitaire « spécifique » lié à cette activité est actuellement limité, conclut l’enquête, qui constate également que les professionnels de la vente en ligne de produits animaux « ont montré leur volonté de se donner les moyens de garantir des produits sûrs, le marché étant fortement exposé aux avis des consommateurs et à la concurrence ».