Une lueur d’espoir pour la filière laitière bio

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Un éleveur laitier présente un yaourt bio
En ultrafrais, la stratégie d'Eurial bio, présidé par Bruno Martel, est de fabriquer des produits à prix compétitifs. La branche lait bio d'Agrial fabrique des yaourts au lait demi-écrémé. (© C.Hue)

La consommation de produits bio semble reprendre dans les magasins spécialisés. Les acteurs de la filière laitière croisent des doigts pour que cette tendance se confirme et qu’elle oblige les GMS à référencer de nouveau des produits bio.

Serait-ce un frémissement de reprise ? Les consommateurs reviennent dans les rayons bio, pas des hyper et supermarchés, mais des magasins spécialisés. Un phénomène nouveau que commence à regarder la grande distribution. Elle fait une ébauche de mea culpa. « La grande distribution est peut-être à l’origine de la baisse de consommation des produits bio, reconnaissait Bertrand Morand, responsable des partenariats et des filières agricoles de Système U, le 19 septembre au Space de Rennes. Elle a diminué les référencements car ils se vendaient mal. Les rayons étant moins achalandés, les consommateurs réagissent aujourd’hui en se tournant vers les magasins spécialisés. »

Eurial : des yaourts bio à des prix compétitifs

Fidèle à son habitude, Bruno Martel, président d’Eurial bio, se veut résolument optimiste et préfère retenir cette direction positive. « Le prix de base d’Eurial a augmenté de 3 €/1 000 l en juillet, août et septembre par rapport aux mêmes mois de 2023, souligne-t-il. Le prix de base moyen 2024 sera de 2 € à 3 € supérieur à celui de 2023. Les perspectives 2025 sont à a hausse. À cela s’ajoute les 5 €/1 000 l versés depuis le 1er janvier aux adhérents certifiés Aliments origine France. » Selon l’Observatoire du prix du lait de L’Éleveur laitier, le prix moyen d’Eurial bio sur les douze derniers mois s’élève à 515,89 €/1 000 l (période octobre 2023-septembre 2024), contre 509,66 € en 2023, en qualité 42/33 et super A, prime tank et ristourne compris. La collecte 2024 qui devrait être au même niveau que 2023 (130,1 Ml), après une baisse de 2,8 % et le non-renouvellement du contrat de Biolait, aident Eurial bio à limiter son taux de déclassement à 25 %. « Nous bénéficions des outils industriels conventionnels d’Eurial, notamment pour valoriser la matière grasse. En parallèle, nous développons des produits qui accompagnent le marché. »

Bruno Martel fait allusion aux yaourts sous la marque « Simplement bio » lancés l’an passé. Destinée aux GMS, la gamme en lait demi-écrémé vise des tarifs compétitifs dans les rayons des GMS. Eurial bio s’attaque cet automne à la restauration collective bretonne avec une autre marque de yaourts, toujours en lait demi-écrémé, Bio d’Armor. « Les métropoles de l’Ouest que sont Nantes, Rennes et Lorient lancent de nouveaux appels d’offres en décembre pour des contrats de trois ans. Nous voulons être présents. » Certes, les yaourts sous marques ne représentent que 5 à 7 Ml, contre 20○Ml en marques de distributeurs. « Mais, mis bout à bout, chaque développement apporte sa pierre à une meilleure valorisation de notre collecte bio. » Bruno Martel se projette déjà en 2028 qui, pour lui, marquera « un retour à l’équilibre du marché. Sans doute faudra-t-il relancer les conversions dans deux ans. »

Biolait fait appel aux pouvoirs publics

D’ici là, il faut tenir. C’est le mot d’ordre de Biolait qui prévoit une collecte de 250 Ml en 2024, soit une baisse de -7,5 %. Une quarantaine de déconversions cette année, les départs en retraite et les conversions en stand-by alimentent ce recul. « Nous ne refusons pas les nouvelles adhésions mais ce n’est pas systématique. Nous avons une obligation de rationalisation économique », précise Valérie Chaillou Février, trésorière de Biolait. La SAS fait face à un taux de déclassement de son lait bio en hausse : 30 % à 35 %, contre 28 % l’an passé. Son prix moyen d’acompte sur douze mois s’élève 447,75 €/1 000 l (septembre 2023 à août 2024), selon notre observatoire, c’est-à-dire dans la fourchette basse des prix conventionnels. « Nous poursuivons nos actions de dynamisation du marché par des animations de magasins. Une soixantaine est prévue en octobre dans ceux de Système U avec qui nous avons un partenariat. Son lait UHT bio est estampillé de notre marque "Il lait là". » Créée en 2022 pour rendre plus visible l’engagement de Biolait, celle-ci est aujourd’hui utilisée sur 12 % à 15 % de ses volumes.

La SAS demande aujourd’hui le soutien des pouvoirs publics pour passer cette période difficile. « Notre volonté de développer le lait bio partout sur le territoire génère un surcoût de collecte par rapport aux autres opérateurs, que nous avons jusque-là pris en charge, souligne Valérie Chaillou Février. Nous contactons notamment les conseils régionaux pour une aide conjoncturelle. Nous avons besoin d’au moins 50 €/1 000 l, soit de 12 à 15 M€, pour que les producteurs vivent correctement de leur métier. »

Lactalis : 50 % de déclassement

La situation est également compliquée pour Lactalis. La moitié des 230 Ml collectés sont déclassés. Le groupe souffre de son positionnement sur le marché du lait UHT en GMS qui valorise la grande majorité de ses volumes transformés en bio. Ce débouché continue de régresser : encore -4,8 % en juillet 2024, selon le Cniel. Dans notre observatoire, le prix moyen 12 mois de Lactalis s’élève à 500,34 €/1 000 l en Bretagne-Pays de la Loire (septembre 2023-août 2024). Il figure dans les derniers du classement. Une rencontre avec l’OP Seine & Loire est prévue le 30 septembre pour discuter les prix de base du quatrième trimestre et surtout l’objectif de prix 2025.

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,35 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 7,15 €/kg net +0,04
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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