Depuis la crise énergétique de 2022, cette question agite la société. L’agriculture est à la croisée des chemins, ayant à la fois de gros besoins énergétiques mais pouvant aussi produire des énergies, qui plus est, renouvelables.
L’énergie, sa disponibilité, son prix ont été au cœur de nos préoccupations depuis que le conflit russo-ukrainien a déstabilisé des marchés déjà tendus. Le Space a fait de l’énergie le thème central de son édition 2023. L’Espace pour Demain, coordonné par les chambres d’agriculture, y était entièrement consacré. « Nous devons repenser notre système énergétique pour réduire les risques économiques et notre dépendance, encourage Marc Fesneau, ministre de l’agriculture, en le visitant. S’ils ont besoin d’énergies pour produire, les agriculteurs ont aussi plusieurs cartes en main pour en produire ». Des cartes que sont la valorisation énergétique de la biomasse, la méthanisation, l’énergie solaire, en vente ou en autoconsommation. « C’est bon pour le secteur agricole et en plus cela relocalise la production d’énergie dans nos territoires », apprécie Jean Marc Labbé, vice-président de Saint-Brieuc Armor Agglomération.
En effet, à contre-courant des énergies fossiles et de leur marché mondial, c’est au niveau d’un territoire que se raisonnent les énergies renouvelables. « La micro-méthanisation a un côté économie circulaire intéressant, souligne Clément Ory, directeur du département agriculture chez Carbone 4, une société qui accompagne la transformation vers la décarbonation et l’adaptation au changement climatique. Elle permet de produire de l’énergie et du carburant qui peuvent être utilisés localement mais aussi du digestat, qui réduit les achats d’engrais, dont la fabrication est très énergivore. » Cette gestion locale les déconnecte des embardées des cours. « Le bois a pris seulement 10 % quand le prix de l’électricité a été multiplié par 5 », cite en exemple Régis Le Carluer, responsable de l’équipe Energie-Climat-Agroforesterie à la chambre d’agriculture de Bretagne.
Énergies renouvelables et locales, tout pourrait paraître environnementalement parfait. Attention toutefois à bien raisonner ces nouvelles filières dans leur intégralité. « Les énergies renouvelables permettent de relocaliser cet approvisionnement, apprécie Clément Ory. Mais attention de ne pas créer de nouvelles dépendances, par exemple avec des panneaux photovoltaïques, dont la quasi-totalité vient de Chine. » De plus, l’énergie la plus vertueuse reste celle qu’on ne consomme pas. Face à la hausse des cours, la première étape est d’améliorer la sobriété et l’efficience pour réduire sa consommation énergétique. « Il faut anticiper la fin des boucliers tarifaires, en mettant rapidement en place des leviers pour améliorer sa sobriété énergétique », conseille Régis Le Carluer. Et de citer quelques pistes : regroupement parcellaire, cohérence des systèmes et pour la traction : écoconduite, adaptation de la puissance aux différents outils…
Les cours resteront élevés
Toutes les exploitations ne sont pas et ne deviendront pas autonomes en énergie. Carburant, électricité, des achats seront toujours nécessaires. « Face aux cours élevés, les agriculteurs doivent manager l’énergie, qui a plus d’enjeu qu’un simple poste de charge, conseille Régis Le Carluer. Cela demande d’avoir une vue large depuis l’optimisation de sa consommation et de ses contrats, jusqu’à la production. »
À quoi s’attendre côté prix ? « Les marchés resteront volatils et l’énergie chère. On ne retrouvera pas les niveaux d’avant 2020. Il faut gérer ses approvisionnements en énergie comme pour les autres intrants, en anticipant et en négociant ses contrats, encourage Dimitri Le Ruyer, courtier en énergie à la SAS Atome. Anticiper ses achats, ça limite le risque de voir son budget énergétique multiplié par 10 ». Pour ce faire, de plus en plus d’agriculteurs travaillent avec un courtier en énergie.
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