Avec 348,84 €/1 000 l sur douze mois en super A, la manchoise est numéro un du prix du lait français.
À l’extrémité de la Normandie, dans leur presqu’île, les dirigeants des Maîtres laitiers du Cotentin dérogent à leur règle de discrétion. Et pour cause. Ils se sont engagés à un prix de base au-dessus des 300 €/1 000 l. Depuis février, cela se traduit par une aide conjoncturelle à leurs 800 adhérents de 25 €/1 000 l.
Loin derrière les grands groupes Lactalis, Sodiaal, Savencia et Eurial, cette PME s’offre pourtant le luxe d’être numéro un du prix du lait français en octobre. Selon l’observatoire de L’Éleveur laitier, le prix moyen sur douze mois, en 33/42 et super A, est de 40 à 50 €/1 000 l plus élevé que les leaders. Son secret : fabriquant des produits frais sous MDD, elle s’appuie sur France Frais, sa filiale de distribution en restauration hors foyer. Créée il y a vingt ans, celle-ci détient aujourd’hui 32 % du marché ultrafrais de la RHF. « Avec 35 % de notre CA, elle est notre premier client. C’est notre force, affirme Christophe Levavasseur, le président. Sans elle, nous verserions un prix de base de 275 € et les adhérents ne bénéficieraient pas d’un prêt de volume de 10 %. »
40 à 50 Ml à produire en plus par les producteurs. MLC veut passer à la vitesse supérieure. Près de Carentan, le nouveau site d’une capacité de 150 Ml pour 116 M€ répondra au contrat de onze ans avec le chinois Synutra. 90 Ml sont prévus pour des briquettes de lait infantile aromatisé. Ce volume sera payé au prix de l’environnement, mais en lissant les excès des prix volatils. « Ce site développera aussi les beurres et crèmes sous AOP Isigny (35 Ml aujourd’hui), en particulier les beurres professionnels et industriels. » Les 30 Ml de capacité restante pourront répondre à d’autres marchés, « par exemple des produits similaires à ce que l’on fait pour la Chine. » En attendant sa mise en service en avril, les 45 Ml d’excédents sont écoulés en produits industriels et lait UHT. Les autres 45 Ml nécessaires au contrat chinois devront être assurés par les adhérents. Interrogés, 40 % d’entre eux annoncent ce potentiel de progression. Le temps de leur montée en puissance, la coop fera des arbitrages avec son marché du lait UHT (45,2 Ml vendus en 2015-2016). « Nous parlerons de plus en plus du groupe MLC et non de la coopérative », prédit Christophe Levavasseur. Les bases sont jetées.
Acquisitions et partenariats. La coopérative vient de créer une deuxième filiale, Evoling, qui sera le bras armé de sa nouvelle stratégie industrielle d’acquisitions et de partenariats. Le premier rachat concerne les camemberts au lait cru Réaux, qui ont rejoint Evoling en juillet. Un deuxième, le glacier Pédone, devrait le faire prochainement. D’autres devraient suivre. « Nous voulons continuer notre développement dans l’univers laitier, pas forcément dans l’ultrafrais. Des partenariats sont possibles, dans le lait de chèvre par exemple. » Ces acquisitions élargiront la gamme de France Frais. Elles enrichiront sa marque Campagne de France, que le groupe dope depuis le début de l’année. Des yaourts, faisselles, beurres, camemberts, etc. sont vendus sous cette marque en restauration hors domicile… mais aussi en GMS. Si, avec Synutra, il met un pied dans les pays émergents, il veut prendre également des parts de marché en France. « Une attente sociétale sur l’origine des produits voit le jour. Nous voulons y répondre par notre marque de producteurs Campagne de France. L’objectif est de faire plus de lait mieux payé. »
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