
A un mois de la fin des quotas laitiers dans l'Union européenne, les agriculteurs irlandais ne cachent pas leur impatience face à cette révolution qui va leur permettre d'augmenter massivement leur production et leurs exportations.
Ce régime créé en 1984 pour gérer les excédents de production prendra fin le 31 mars, laissant les États-membres libres de produire à leur gré. Une ouverture des vannes qui fait redouter à certains un effondrement des prix. En Irlande, les agriculteurs y voient surtout une chance de se développer.
« Bon débarras », lance Mike Magan, un éleveur de vaches du comté de Longford, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Dublin. Le système des quotas « a bloqué la capacité naturelle des fermiers à croître depuis des décennies donc je suis content qu'ils disparaissent », confie-t-il. C'est « le plus grand changement pour l'agriculture irlandaise depuis une génération », estime de son côté le ministre de l'Agriculture, Simon Coveney, dans un entretien à l'Afp.
Hausse de 50% d'ici 2020
« Pour la première fois, l'Irlande va être en mesure de réaliser son potentiel en produisant du lait à un niveau qui lui convient », se réjouit-il. La stratégie agricole nationale, baptisée "Récolte 2020", vise à accroître de 50 % la production irlandaise de lait d'ici cinq ans. Et selon l'institut public Teagasc, 60 % des éleveurs laitiers comptent déjà accroître leur production.
L'Irlande produit actuellement 5,4 milliards de litres de lait par an, ce qui est peu au regard de l'Allemagne ou la France, et leurs dizaines de milliards de litres de production. Mais elle pense avoir une carte internationale à jouer : plus de 80 % de ses produits laitiers sont déjà exportés. « Certes, au niveau mondial, nous sommes petits en termes de volumes mais nous pouvons jouer un rôle important pour fournir les marchés hauts de gamme », assure Simon Coveney, qui prédit que « nous serons probablement dans les dix ans qui viennent le producteur de lait à la croissance la plus élevée ». L'Eire dispose d'atouts naturels, avec sa pluviosité généreuse et ses verts pâturages.
Création d'emplois
L'industrie agroalimentaire est aussi dans les starting-blocks. Glanbia Ingredients Ireland (Gil), qui transforme (en beurre, fromage, lait en poudre...) plus de 30 % du lait produit dans le pays, a investi plus de 235 millions d'euros dans l'après-quotas. Il ouvrira début mars une usine de lait maternisé, qui créera 1.600 emplois directs et indirects. Une manne bienvenue dans une Irlande pansant encore les plaies de la crise, avec un taux de chômage toujours supérieur à 10 %. Gil, qui exporte déjà vers 50 pays, se frotte les mains. « C'est une énorme opportunité de croissance pour nous. L'Asie, mais aussi le Moyen-Orient sont des marchés où nous allons nous développer rapidement », prédit son patron Jim Bergin.
L'Irlande, en produisant ainsi à tout va, ne risque-t-elle pas de faire chuter les cours ? « Je ne pense pas que nous allons faire dérailler le marché mondial vu nos volumes de production », répond-il. Le gouvernement, arrivé au pouvoir en pleine crise financière, place de grands espoirs dans l'agriculture, un secteur important dans ce pays peu industrialisé. L'an dernier, il a exporté pour la première fois pour plus de trois milliards d'euros de produits laitiers. Et « à la fin de la décennie, les produits laitiers représenteront près de la moitié de nos exportations alimentaires », s'enthousiasme David Owens, de l'agence de l'alimentation Bord Bia.
Mais dans les fermes, la volatilité accrue des prix attendue génère tout de même des craintes. « Produire plus ne veut pas dire produire mieux. La volatilité des prix sera le plus grand défi et les agriculteurs se demandent ce qu'ils vont faire les mauvaises années », met en garde Sean O'Leary, président du comité laitier de l'Irish Farmers Association. Cet éleveur de la région de Cork, dans le sud du pays, compte cependant lui-même accroître son cheptel de 8 % cette année.
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