
La luzerne est de plus en plus privilégiée par les éleveurs en tant que tête d’assolement. Légumineuse, elle permet d’économiser de l’azote pendant toute la durée de son implantation et laisse du reliquat pour la culture suivante. Le semis d’automne permet une récolte dès le printemps suivant. (article initialement paru le 18/08/17, mis à jour le 28/08/24)
Semée en automne, la luzerne peut être exploitée dès le printemps suivant. La pression des adventices est inférieure à un semis de printemps. Cependant, la graine doit être dans le sol avant le 30 septembre pour avoir atteint le stade 2-3 feuilles avant les premières gelées. Cela ne peut se faire qu’après une céréale ou un maïs ensilage récolté tôt.
Préparer le semis de luzerne
La luzerne a besoin de la bactérie Rhizobium meliloti au sein des nodosités de ses racines pour fixer l’azote de l’air. Cette bactérie est présente dans le sol mais de façon insuffisante, d’où l’intérêt d’inoculer la semence le jour du semis (environ 400 g d’inoculant pour 50 kg de semence). Concernant la parcelle, il vaut mieux choisir un sol drainant et aéré avec un pH eau supérieur à 6. D’après une étude de Coop de France déshydratation, le semis derrière un labour donnerait plus de rendement la première année. Le lit de semence doit être fin et la graine doit être déposée en surface (1 à 2 cm maximum). En automne, la densité de semis est de 25 kg/ha. Après le semis, le sol doit être rappuyé pour faciliter la croissance des racines et la remontée de l’humidité.
La luzerne nécessite un délai de retour de cinq à sept ans car elle produit des composés chimiques toxiques pour sa propre espèce. Il vaut donc mieux éviter de la ressemer.
Adapter la variété à la zone géographique et à son utilisation
Il existe deux types de luzernes : les types nord, les plus utilisées et adaptées aux conditions climatiques des régions du nord de la France, et les types sud, sensibles au froid mais avec une pousse plus étalée sur l’année. Les luzernes de types nord seront plus adaptées pour faire du stock et les types sud pour de l’enrubannage et du pâturage. Les variétés de luzernes se classent également selon leur dormance : de 3,5 à 6, il s’agit plutôt de luzernes destinées à la déshydratation, tandis que les indices entre 6 et 8 s’orientent plus vers une consommation pour l’élevage. Le choix de la variété se base ensuite sa résistance aux ravageurs et maladies (nématodes, verticilliose), ainsi qu'au froid et à la verse. Un outil en ligne du Gnis vous aide à choisir vos variétés de luzerne. Il est important de vérifier la teneur en protéines et digestibilité estimées de la variété.
Conduire la luzernière
Un désherbage de la culture s'imposera à la levée pour que la luzerne s’implante correctement. Il faudra aussi surveiller le développement des limaces. La lutte contre les graminées s'avère primordiale. En général, le traitement est à réaliser à partir du stade trois feuilles de la graminée. A l’entrée de l’hiver, le désherbage permet de maintenir les parcelles propres en année de production. On peut choisir un anti-dicotylédones et graminées ou un anti-graminées seul. Le désherbage mécanique est essentiellement réalisé dans les exploitations biologiques.
Même si la luzerne ne nécessite pas d’apport d’azote, la potasse et le phosphore sont très importants pour son développement. Dans un système d'exploitation à quatre coupes, les exportations sont en moyenne de 30 kg de potasse et de 6 kg de P2O5 pour 1 tonne de MS. Une analyse de sol peut être envisagée avant le semis afin de prévoir les éventuels apports à réaliser.
Association avec une graminée pour équilibrer le fourrage
D’après le Gnis, le dactyle tardif et le brome conviennent l'un et l'autre pour une association avec la luzerne parce qu'ils épient à peu près au moment de la floraison de la celle-ci. De plus, ces deux espèces de graminées fournissent des repousses appréciables en été et en arrière-saison. La dose de luzerne sera alors de 15 kg et celle de la graminée de 12 kg pour un dactyle et de 25 kg pour un brome.
Grâce à l’association, la production est mieux répartie sur l'année : au début du printemps, la graminée fournit la plus forte part du rendement, alors qu'en été la luzerne prend le relais. De plus, le fourrage est mieux équilibré entre l'énergie et les matières azotées, ainsi qu'entre les différents minéraux (phosphore, calcium, sodium, manganèse, etc.). La récolte et la conservation du fourrage sont plus faciles que la récolte d'une luzerne "en pur" : le fanage est plus facile et la teneur en sucres est meilleure. Enfin, la luzerne, grâce aux nodosités présentes sur ses racines, fixe l'azote de l'air ; une partie de cet azote peut ensuite être récupérée par la graminée, ce qui représente une économie d'engrais appréciable. Cependant, l'installation et le désherbage d'une association sont plus délicats que ceux d'une culture pure.
Récolter la luzerne : en vert, en foin ou en ensilage
Selon les conseils du Gnis, la luzerne peut être distribuée en affouragement en vert, en foin ou en ensilage. Suite à une première coupe d’ensilage, elle peut être récoltée au rythme d'une coupe toutes les six semaines. Selon les cas, une luzernière peut produire trois à cinq coupes pendant trois à quatre années consécutives. Attention, cependant, de ne pas épuiser la luzerne par des exploitations trop intensives qui pénalisent la durée de vie de la culture. Il ne faut pas non plus faucher trop ras (minimum 7 cm).
Il est conseillé de laisser fleurir la luzerne au moins une fois dans l'année pour lui permettre de reconstituer des réserves (10 % de fleurs suffisent pour cela). Pour ne pas trop pénaliser la production de fourrage, il est préférable de plutôt laisser fleurir la troisième coupe qui est moins productive que les précédentes. La dernière exploitation de l'année peut être pâturée mais de façon raisonnée car la luzerne est météorisante. Il est donc conseillé de distribuer du foin aux animaux avant de les mettre dans la luzernière et de rationner le pâturage à l'aide d'un fil électrique.
Pour l’ensilage, une faucheuse conditionneuse à rouleaux permet de récolter la luzerne en accélérant son ressuyage et en ménageant les feuilles. Les brins doivent être hachés finement afin de favoriser le tassement, la fermentation et l'appétence du fourrage. Il faut ajouter au fourrage un conservateur si le temps ne permet pas un véritable préfanage (viser 30 % de MS minimum). Celui-ci limitera l’échauffement et les moisissures. Enfin, le silo doit être bien tassé et couvert hermétiquement.
Le foin est la récolte la plus délicate car les pertes peuvent être très importantes : jusqu’à 30 % du volume. En effet, les feuilles sont fragilisées par la fauche et la mise en andains. Elles contiennent pourtant la majeure partie de l’azote. Pour limiter les pertes, il est important de faucher et d'endainer le matin avec la rosée.
L’enrubannage de luzerne se conserve très bien à condition de l'avoir récoltée à au moins 50 % de MS. Les pertes à la conservation sont réduites par rapport à un ensilage et la perte de feuilles due au séchage est moins importante qu'avec un foin. Sa valeur énergétique est donc supérieure à une récolte en foin. Le tableau ci-dessous donne un aperçu des valeurs alimentaires de la luzerne en fonction de sa récolte.
Données Gnis | Première coupe | Coupes suivantes | ||
Stade début bourgeonnement | Stade floraison | 2e coupe | 3e et 4e coupe | |
Luzerne sur pied |
0,83 | 0,69 | 0,82 | 0,84 |
Teneur en UFV (/kg MS) | 0,75 | 0,59 | 0,75 | 0,77 |
Teneur en protéines (g/kg MS) | 159 | 122 | 178 | 210 |
Ensilage de luzerne (brins courts avec conservateur) | Stade bourgeonnement | Repousses âgées de 7 semaines | ||
Teneur en UFL | 0,77 | 0,76 | ||
Teneur en UFV | 0,68 | 0,67 | ||
Teneur en protéines | 126 | 130 | ||
Foin de luzerne (séché au soleil) | Stade bourgeonnement | Repousses âgées de 7 semaines | ||
Teneur en UFL | 0,67 | 0,62 | 0,67 | |
Teneur en UFV | 0,58 | 0,52 | 0,57 | |
Teneur en protéines | 123 | 112 | 125 |
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