
La grande distribution n’est pas au Cniel pour parler de la politique de prix des enseignes qu’elle représente. Elle dit y être pour rebooster la consommation des produits laitiers et répondre aux attentes sociétales nouvelles.
Dans quel but la grande distribution est-elle entrée au Cniel ?
Marc Delage : Le quatrième collège regroupe, à date, les métiers valorisant le lait et les produits laitiers auprès des consommateurs : la grande distribution, la restauration et les fromagers. Nous devons nous attacher collectivement à relever le défi de la déconsommation et apporter des réponses aux attentes sociétales. Pour cela, il nous faut partager, au sein du Cniel, nos expériences et nos ambitions pour répondre aux attentes de chacun. II nous faut mieux nous connaître et partager nos forces, mais aussi nos contraintes, pour mieux agir ensemble. Dorénavant, l’ensemble des acteurs de la filière est regroupé au sein du Cniel, de l’amont à l’aval, du producteur au consommateur.
Le groupe du Sénat de suivi d’Égalim fait un constat très négatif de l’an 1 de la loi : guerre des prix déplacée des marques nationales sur les MDD, marge dégagée par le relèvement du SRP non remontée aux producteurs. Le président de Sodiaal écrit que le compte n’y est pas pour le prix du lait. Quel est votre propre bilan ?
M.D. : Le constat partagé par les acteurs et les autorités est plutôt que la filière laitière a fait bouger les lignes positivement pour les producteurs dès 2019, alors même que les textes n’étaient pas encore tous connus. En fonction du mix-produit des industriels (PGC France/export/beurre-poudre), le bilan est parfois difficile à établir clairement, parce que « l’atterrissage » des négociations peut être différent. Néanmoins, si je me réfère à l’approche de la FNPL, l’effet Égalim ne peut être jugé que positif, avec une valorisation des PGC France estimée à + 18,70 et même à + 26,61 €/1000 litres pour une PME valorisant 80 % de ses produits en France. Le poids de l’export ne peut être occulté dans le revenu final des producteurs.
L’objectif du plan filière d’un prix de 396 € (TPQC) pour le lait des PGC France vendus en GMS est-il réaliste ? Et sous quelles conditions ?
M.D. : La loi Égalim réglemente la contractualisation dans le secteur agricole et alimentaire, le but étant d’améliorer la répartition de la valeur tout au long de la chaîne de distribution. La proposition de contrat du producteur au premier acheteur et la transparence entre les maillons sont déterminantes pour atteindre cet objectif. Aujourd’hui, en lien avec les producteurs et leurs structures, bon nombre d’acteurs de la distribution et de la restauration construisent des accords de filières spécifiques et accompagnent à la fois des démarches de segmentation (OGM, Bleu-blanc-cœur), de conversions vers le lait bio, ou encore de soutien d’exploitations en zone de montagne.
L’argument d’un prix équitable payé aux producteurs est-il suffisant pour attirer en masse les consommateurs dans vos magasins ? Ou bien des prix bas sont-ils incontournables pour en séduire une certaine frange ?
M.D. : Notre rôle, notre métier – au sein du quatrième collège – est de répondre aux demandes de l’ensemble des consommateurs. Le consommateur d’aujourd’hui a changé ses habitudes, et ses attentes vis-à-vis des produits laitiers ne sont plus les mêmes. Il veut à la fois mieux manger et donner du sens à sa consommation, il attend de la praticité et des nouveaux services, tout en étant à la recherche de la bonne affaire et du prix bas.
Le Cniel avait validé, avant votre entrée, un cahier des charges socle pour définir les critères de bien-être animal et éviter les surenchères ? Y êtes-vous favorable ?
M.D. : Nous sommes partie prenante de la démarche « France terre de lait ». Nous travaillons à mieux nous connaître en partageant les travaux du Cniel et ceux de nos enseignes ou organisations sur le cahier des charges socle. Nous sommes convaincus qu’à travers un socle partagé, nous pourrons mieux associer les producteurs et rassurer les consommateurs.
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