La démarche Ferme Laitière Bas Carbone, comme tout changement de pratiques, et modifications apportées au système d’élevage doit être considérée sur un temps long. Les progrès peuvent être visibles rapidement ou après plusieurs années de mise en œuvre selon les exploitations. Cliquez sur l'image pour lire la vidéo. (©DTMC)
Pour Ghislain de Viron, éleveur laitier dans la Sarthe et président du collège producteurs du Cniel, « il est essentiel de pratiquer une agriculture « climato-intelligente » surtout que nous subissons directement les conséquences du changement climatique en tant qu’agriculteur ».
Éleveur à Rouperroux-le-Coquet depuis 2001, Ghislain de Viron s’est associé à sa femme Charlotte et à leur fils Hervé. Leurs 110 vaches laitières sont essentiellement nourries par les 77 ha de prairies (dont 37 ha de permanentes) et les cultures de maïs fourrage (63 ha), sorgho fourrager ou trèfle (4 ha) et céréales (blé, épeautre sur 25 ha). L’élevage produit 1 000 000 litres de lait par an.
Un diagnostic pour identifier ses points forts et ses points faibles
Le premier diagnostic CAP’2ER a permis d’identifier les points forts et les points faibles du système s’agissant de son empreinte environnementale. « Sur certains aspects – consommation d’énergies, d’engrais – nous étions en-dessous de la moyenne, se félicite Ghislain de Viron, mais sur d’autres, au-dessus. Au niveau de l’alimentation, nous avons détecté un gaspillage des protéines achetées. » Cet état des lieux a permis à l’éleveur d’améliorer ses pratiques d’un point de vue environnemental et d’en tirer des bénéfices économiques. « Nous avons réduit nos achats de protéines, importées notamment, et ainsi gagné en autonomie. Par exemple, plutôt que d’acheter un aliment à base d’épeautre pour nos veaux, nous le cultivons maintenant sur la ferme. »
Ghislain de Viron décrit d’autres actions renforcées ou mises en place à la suite de ce premier diagnostic. Il donne comme exemple l’équipement de la tonne à lisier avec un pendillard, l’activité de bois énergie ou bien encore la production d’électricité grâce à des panneaux photovoltaïques… Au sujet des émissions de méthane, « pour les réduire, il faut limiter le nombre de jours improductifs : âge au premier vêlage, longévité du cheptel, pour améliorer l’efficacité de l’élevage ».
Une démarche de progrès continu
Lors de son dernier bilan en 2016-2017, son empreinte carbone était encore supérieure à la moyenne nationale des structures équivalentes (émissions de GES = 1,01 kg éqCO2/litre de lait contre 0,97 kg de moyenne et empreinte carbone 0,90 kg éqCO2/litre de lait contre 0,88 kg de moyenne). L'éleveur explique ce résultat décevant par les difficultés rencontrées cette année-là. La sécheresse avait provoqué un déficit de fourrage qui a dû être compensé par des achats d'aliments, situation à laquelle s'est ajouté un problème sanitaire (néosporose) dans le troupeau. Mais Ghislain, éleveur engagé de la première heure, reste motivé et convaincu du bien-fondé de la démarche Ferme Laitière Bas Carbone dans l’élevage laitier. Il prévoit un nouveau bilan cette année, certain cette fois de voir ses efforts porter leurs fruits.