L’infection du nombril, cause de mortalité du veau

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La gaine ombilicale est absente, ce qui a conduit à une infection puis à un choc sceptique. (© Ségolène Rodier)

Les raisons de ne pas boire sont nombreuses, mais il est dommage de passer à côté d’une des causes de mortalité les plus importantes chez le veau nouveau-né. Veillez-y !

Au détour d’une journée, ma collègue me signale avoir vu au comptoir une éleveuse qui voulait un traitement pour un veau de 2 jours ne buvant pas. Compliqué de répondre à cette demande, surtout sans avoir vu l’animal. Les causes sont variées, et le problème grave.

La première buvée stimule la succion

Reprenons ces deux aspects : le problème est grave car il y a des risques que le colostrum n’ait pas été pris. Mais là, me direz-vous, il est trop tard ! Effectivement, le temps joue contre le veau : le colostrum, c’est bien sûr le transfert de l’immunité, mais aussi une source d’énergie supérieure à celle du lait (et encore plus à celle des compléments colostraux). Or les veaux naissants ont peu de réserves et des besoins énergétiques d’autant plus importants qu’il fait froid : leur zone de neutralité thermique est à 15 °C. En dessous, il faut les nourrir davantage pour leur permettre de grandir et de se réchauffer. D’où l’importance de bien les pailler ou de leur mettre une couverture. C’est autant d’énergie qui ne sera pas gaspillée, surtout avec des repas rarement augmentés en hiver. Mais, s’il ne boit pas, le veau n’est plus capable de maintenir sa température, brûle ses faibles réserves et le cercle vicieux de l’hypoglycémie-hypothermie inhibe le réflexe de succion. Une première buvée bien prise aide donc à ce que les suivantes le soient aussi.

Symptômes. Gencives violettes, voile blanc au fond de l'oeil, rythme cardiaque et pulmonaire erratique, sont parmi les symptômes d'une infection grave chez le veau. (© Ségolène Rodier)

Pourquoi la première buvée ne serait-elle pas bien prise ? Un vêlage difficile peut en être la cause. Cela induit souvent des veaux en acidose et en anoxie. Ils mettent alors quelques minutes à se coucher sur le ventre après la mise-bas et ce sont des veaux qui boivent mal.

Rappelons les règles de base pour qu’un vêlage se passe bien : des génisses bien développées et en bon état corporel, des animaux ayant eu une préparation au vêlage avec des apports alimentaires adaptés, notamment en oligo-éléments et vitamines, qui se retrouvent dans le veau et dans le colostrum ! Plusieurs veaux mous doivent inciter à rechercher une carence ou un manque dans ces éléments.

La porte ouverte à des germes opportunistes

Revenons à notre éleveuse. Dans son cas, le vêlage s’est bien passé et le veau a bien pris son colostrum. Mais, depuis qu’il est dans sa niche, il ne veut plus boire. Comme d’habitude et parce que ce sont les causes principales de mortalité à cet âge, ma collègue demande comment est le nombril et si l’animal a de la diarrhée. La température n’a pas été prise et aucun signe n’a été remarqué. Compliqué de répondre, car les hypothèses concernant les veaux qui ne veulent pas boire sont fréquentes. Est-ce une histoire de caractère ? Parfois, à la suite du vêlage, il y a des raideurs dans la nuque ou au niveau du pharynx. Un biberon et de la patience peuvent aider ; un sondage peut sauver ; des mélanges d’huiles essentielles peuvent stimuler la buvée. Le temps passé à essayer de les faire boire est important, faute d’autres solutions…

Finalement, le lendemain il faut aller voir ce nouveau-né qui s’affaiblit. Sur la route, je m’interroge : est-ce un problème cardiaque qui expliquerait qu’il soit trop essoufflé pour boire, un chancre dans la bouche, une mâchoire démise, une grosse langue ou autre traumatisme qui fait trop mal pour avoir envie de boire… Il est toujours frustrant (et pas rare) de ne pas avoir d’explication. Mais là, le diagnostic est très facile : le veau est allongé de tout son long, il est très froid, il respire vite et mal, sans réaction. Il n’est pourtant pas si déshydraté. En revanche, il y a au fond de son œil un voile blanc, ses gencives sont violettes (voir photos) et son auscultation cardiaque et pulmonaire est anarchique : il fait un choc septique, à cause… de son nombril, bien sûr. En effet, la gaine ombilicale est inexistante, la porte est directement ouverte dans le ventre, et les germes opportunistes se sont introduits. Cela ne se voyait pas dans la niche, il fallait palper. Malheureusement, trop tard dans ce cas pour le rattraper.

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