La castration par élastique à l’origine d’un tétanos

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Toxi-infection. La castration par élastique d’un mâle âgé de plus de 3 semaines aggrave le risque d’infection par la bactérie Clostridium tetani.

Le 1er mai, je reçois un appel d’un éleveur inquiet pour un mâle de 4 mois de race laitière. Il a observé un manque d’appétit et un ballonnement modéré du flanc gauche. À l’examen clinique, je ne relève pas de température. L’auscultation cardio-pulmonaire est normale. L’animal présente une dilatation du rumen et son activité motrice est arrêtée. Les matières présentes au niveau du rectum sont normales.

Grandes raideurs musculaires

L’examen de l’appareil locomoteur montre une raideur des muscles : la démarche est difficile et la musculature de l’encolure particulièrement touchée. Le cou, les muscles masticateurs sont tendus, tout comme les oreilles qui pointent en arrière. L’ouverture de la gueule est quasiment impossible. Le port de la queue est particulier, dit en “bras de pompe”. Lorsque l’animal est couché, ses membres sont tendus et il a beaucoup de mal à se relever. La tête est tendue vers l’arrière. Après cet examen clinique, un tétanos est suspecté.

L’éleveur m’informe qu’il a posé des élastiques pour le castrer le 21 avril, soit une dizaine de jours auparavant. Il me signale qu’un autre mâle du même lot est mort en fin de semaine précédente, lui aussi castré par la même technique. D’ailleurs, l’observation du scrotum laisse apparaître une importante nécrose. À noter aussi que ces animaux avaient été écornés en même temps.

Toutes ces informations réunies confirment l’hypothèse du tétanos.

Guérir du tétanos : les chances sont faibles

Bien que tardif et malgré le pronostic sombre à ce stade, un traitement est tenté avec des injections d’antibiotiques à base de pénicilline. Une thérapie plus complète prévoit l’administration de sérum antitétanique à forte dose. Si elle était mise en place, le coût du traitement serait économiquement disproportionné. Elle s’accompagnerait de mesures lourdes de nursing pour nourrir l’animal, le relever, etc. Dans notre cas, l’évolution a été rapide vers une rigidité totale. L’animal est mort quarante huit heures plus tard. Cette évolution est un élément supplémentaire pour confirmer le diagnostic d’un tétanos.

Une neurotoxine affecte le système nerveux

Le tétanos est une toxi-infection provoquée par le développement de Clostridium tetani. Cette bactérie dite « tellurique » est omniprésente dans le sol sous forme de spores. Elle se trouve également dans le tube digestif des ruminants et donc dans les fumiers. Elle se multiplie dans les blessures profondes, et encore plus si des tissus nécrosés sont présents. Après une incubation de dix à trente jours, la bactérie produit alors une neurotoxine affectant le système nerveux, provoquant une contraction involontaire des muscles. L’atteinte des muscles respiratoires conduit à la mort.

Une pratique à très haut risque

La technique même de la castration par pose d’élastique est donc très à risque vis-à-vis du tétanos. Une nécrose sèche des testicules est recherchée par l’écrasement de la peau et des vaisseaux sanguins du cordon testiculaire. Cependant si la technique est appliquée tardivement ou si les élastiques sont anciens et distendus, la compression des vaisseaux est insuffisante. Les artères continuent de laisser passer un peu de sang tandis que les veines plus faciles à compresser retiennent le sang. La congestion créée retarde la nécrose. L’infection peut alors se développer au sein de ce foyer nécrotique.

Quatre enseignements

La castration des bovins par pose d’un élastique doit être réservée aux animaux jeunes, âgés de moins de 3 semaines. Cela aussi bien pour la gestion de la douleur (plus l’âge est avancé, plus celle-ci est prononcée) que pour limiter le risque de complications infectieuses. Elles peuvent être bénignes comme des abcès, ou mortelles comme dans notre situation. Dans tous les cas, une lutte contre la douleur doit être mise en place grâce à l’utilisation de molécules antalgiques et/ou d’une anesthésie locale.

L’administration systématique d’un sérum antitétanique est recommandée. Sa durée d’action d’une quinzaine de jours est suffisante pour prévenir cette infection mortelle. À noter que le sérum n’est pas utile si les mères des veaux âgés de moins de 4 mois sont vaccinées (c’est le cas si le troupeau est vacciné contre l’entérotoxémie).

La prévention est la meilleure lutte contre le tétanos, les traitements étant lourds physiquement et financièrement et souvent décevants (80 % de mortalité), même s’ils sont précoces.

Le tétanos est une maladie qui peut atteindre l’homme. Il y a en effet en France une dizaine de cas par an avec 30 % de mortalité. La prévention par la vaccination est très efficace, avec des rappels réguliers.

© B.p. - Position couchée.Les pattes sont tendues. Le jeune bovin rencontre des difficultés à se relever.B.p.

© B.p. - Port de queue. La queue relevée dite en « bras de pompe » est un des signes caractéristiques du tétanos.B.p.

© B.P. - Oreilles. La musculature de l’encolure est touchée. La tête et les oreilles sont dressées vers l’arrière. Cela fait partie des signes du tétanos. B.P.

Aperçu des marchés
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