« LE PASTORALISME N'EST PAS ARCHAÏQUE, IL A DE L'AVENIR »

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Carmelina Colantuono, cow-girl italienne, a représenté l'élevage laitier italien, à l'Exposition universelle 2015 de Milan.

L'Exposition universelle 2015, qui s'est tenue à Milan du 1er mai au 30 octobre, avait pour thème « Nourrir la planète, énergie pour la vie ». L'Italie, pays hôte, a présenté dans son pavillon vingt et une initiatives italiennes, chacune représentée par un ambassadeur régional contribuant au développement durable. Pour le Molise, c'est Carmelina Colantuono qui a été choisie, mais sa représentativité dépasse la petite région du sud de la Péninsule. Elle incarne un mode de production quasi disparu, qui pourrait bien retrouver ses lettres de noblesse : la transhumance.

ÉLEVAGE DURABLE. « Depuis trois siècles, ma famille pratique l'élevage laitier transhumant », raconte Carmelina. À une période charnière, son père et ses oncles ont choisi de préserver la qualité de leurs fromages, alors que leurs voisins privilégiaient les volumes et la vente aux laiteries, « bien plus commode que les déplacements à cheval et la double résidence. Ils sont passés pour des archaïques. Pourtant, la conférence de Cancun de mars dernier n'a-t-elle pas reconnu l'importance de l'agropastoralisme dans la lutte contre la désertification ? » poursuit-elle. Cette reconnaissance de l'Exposition universelle, elle l'a vécue un peu comme une revanche, comme le fait d'avoir eu raison, malgré le mépris. Et aussi comme l'opportunité de rencontrer des Espagnols, des Français, des Grecs, des Portugais et des Suisses cherchant eux aussi à promouvoir ce mode d'élevage qui fait ses preuves en période de crise.

GESTION FAMILIALE. « Le marché du lait est en plein chaos en Italie. C'est à croire que les eurocrates et les industriels sont atteints de schizophrénie.Ils veulent des produits sains, gastronomiques, écologiques, mais tellement peu chers, que bientôt, il n'y aura plus d'éleveurs laitiers en Europe. »

En attendant, la famille Colantuono trait et transforme dans ses deux fermes, l'une dans les Pouilles en montagne, l'autre en Molise en plaine, six mois de chaque côté, entre 1 200 m de dénivelé et 180 km parcourus à pied, en quatre jours, par les 450 vaches de race podolica et marchigiana. Ces vaches adaptées aux parcours et aux pâturages ne produisent que 15 litres par jour, « mais elles vivent environ seize ans et coûtent peu en fourrages et vétérinaire. » Le lait cru est transformé en caciocavallo, un fromage prisé pour ses oméga 3, et la viande est vendue localement.

PRODUCTION DE QUALITÉ. « Pour l'instant, nous sommes à l'abri des cours mondiaux, mais sans une meilleure protection des produits de qualité, nous pourrions nous aussi disparaître. » Si enfant, Carmelina détestait quand son père quittait la maison six mois par an, aujourd'hui, portable en poche, elle voudrait convaincre d'autres éleveurs que le pastoralisme a bien évolué et pourrait devenir un mode de production d'avenir. Dans cette famille patriarcale, c'est finalement une femme qui porte l'avenir du clan.

NADIA SAVIN

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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