«QUAND LE PAYSAN N'EST PLUS MAÎTRE DE SES DÉCISIONS, IL PERD SA FIERTÉ»

© GWENAËL DEMONT
© GWENAËL DEMONT (©)

Indigné mais agissant ! Trois fois installé, Paul reste assoiffé d'indépendance. Cette persévérance est son arme pour atteindre le but : que les éleveurs pèsent plus face aux acheteurs de lait.

C e qui me fait courir ? Je refuse que quelqu'un décide à ma place ! Je tiens cela de mon père… » Ce dernier, ancien militaire, s'était installé sur 25 ha dans le Lot, avec des moutons. Là ont grandi Paul de Montvalon et ses six frères et soeurs.

Après ses études, le jeune homme, curieux, « tourne » comme salarié d'exploitation dans plusieurs régions. Quand, enfin, il s'installe dans l'Indre, avec 80 ha et 500 brebis, il doit arrêter quatre ans après. « De la crise ovine, j'ai tiré une leçon : le lait finira de même si nous ne bougeons pas ! »

TROP DÉPENDANT

Il revient au salariat, puis s'associe sur une ferme laitière en Loire-Atlantique. « J'ai arrêté après deux ans. Pas pour des raisons économiques, mais parce que je trouvais que nous dépendions trop de la coopérative. » Paul y a renforcé sa conviction : « Quand le paysan n'est plus maître de ses décisions, il perd confiance en lui ; il y laisse aussi sa fierté du métier. » Là où des dirigeants de coopératives poussent à investir dans la transformation, lui rétorque : « Au contraire, il faut casser ce modèle, séparer la production et l'industrie, sinon l'éleveur n'a plus son pouvoir de pression ! » Deux visions inconciliables…

IMMÉDIAT

Il n'est pourtant pas ennemi du collectif : « La Cuma, c'est merveilleux… le retour est immédiat », déclare-t-il. À nouveau installé dans le Maine-et-Loire avec son épouse, Paul se passionne pour les concours : « J'ai noué de solides amitiés. » Inséminant lui-même ses vaches, il renforce son indépendance : « Je ne suis plus accro à la productivité. Je suis passé de 11 000 à 8 500 l/vache »

Puis arrive 2009, le lait à 203 € : « J'ai tout de suite su que bloquer les camions ne servirait à rien, que le syndicalisme Paul vivra la grève du lait depuis l'Allemagne, qu'il parcourt alors : « J'ai compris que les éleveurs allemands sont comme nous, avec le même intérêt, celui de faire front commun face aux laiteries. » Un constat qui justifie l'idée d'organisations horizontales, telle France Milk Board, et dans le prolongement, l'Office du lait.

PUGNACITÉ

« J'admire sa pugnacité, remarque Guy Laluc, éditeur de la lettre Argos, qu'il y ait 5 ou 500 personnes dans une salle, il s'investit tout autant. Il a évolué aussi : toujours direct mais moins cassant. » Secrétaire national de la Confédération paysanne, Gérard Durand souligne : « Il a compris très vite et su faire comprendre que face aux enjeux, il fallait dépasser les clivages syndicaux et rester ouvert, même aux JA et FNSEA de bonne volonté… » Depuis deux ans, il bat la campagne. Ses amis s'inquiètent parfois : « Je lui ai connu le visage plus rond… » Pas de quoi l'arrêter. « C'est difficile, mais il faut vraiment créer ce rapport de force. » Ce n'est pas demain que cet amateur de tennis de table reprendra sa raquette… ou ses BD favorites.

GWENAËL DEMONT

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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