Aller de l'avant, mieux faire, autrement… En France, ces valeurs partagées par le réseau European Dairy Farmers sont portées par Katrine Lecornu, installée avec Richard, son mari, en Normandie.
Prenez trois éleveurs : « Je me délocalise sur la Lune », lance le premier. « Tu rêves ! », répond son voisin. « Ah bon, et comment tu fais, combien ça coûte et ça rapporte, quand vient-on te voir ?», demande le dernier. Bienvenue dans le réseau EDF. « Le dernier du trio, l'insatiable questionneur, c'est un peu notre marque », lance Katrine Lecornu, présidente de la branche française. Sous le carré blond, les yeux bleus pétillent. L'échange est spontané, tout en confiance. Elle a abordé Bayeux et la Normandie – l'autre patrie viking – dans la classe norvégienne instaurée en 1912. Depuis ses 16 ans, cette curiosité ne l'a pas lâchée ni le goût d'entreprendre, largement partagés par les 400 adhérents des vingt-sept pays du réseau(1). Katrine les a rencontrés pour la première fois en Pologne.
DÉCLIC.
« Des éleveurs bio, des extensifs irlandais ou néo-zélandais et des intensifs hollandais arrivaient au même revenu, chacun étant le meilleur dans son système. » Multiplier les points de vue, voilà son credo. Cela veut dire se comparer avec des critères réalistes, notamment en intégrant la main-d'oeuvre même bénévole. Ainsi, au dernier congrès, en Angleterre, la visite d'un élevage de 300 vaches en surprend plus d'un : la période de vêlage y est décalée à l'automne pour résoudre le pic de travail du printemps. « On ne peut pas changer la saison de pousse de l'herbe. Mais faire autrement, oui. »
EXPLOITATION FAMILIALE.
Katrine Lecornu est pragmatique. Rénover la salle de traite de 1981, le bâtiment de 1965 ? Un luxe incompatible avec le niveau d'emprunt.
L'essentiel est ailleurs : concilier vie professionnelle et familiale avec Richard. Douterait-on ? « Fille d'un cuisinier et d'une professeure, j'ai grandi dans une petite ville, ignorant tout del'élevage », confie-t-elle. Défi relevé à bras-le-corps. Et six enfants plus tard, le cap reste le même. « Cette qualité de vie, nous la devons au choix d'un système simple, intensif sur l'animal, en déléguant les cultures et surtout grâce au salarié à temps plein. »
D'où son agacement face à la vision française d'une exploitation familiale restreinte à 300 000 l et un couple. Se faire remplacer, partir en vacances, réfléchir, gagner honorablement sa vie, là sont ses perspectives, avec ou sans salarié.
DIFFÉRENCES
« Son analyse est lucide et détachée. Et surtout, Katrine parle avec ses tripes », témoigne René Hinault, ancien conseiller en management et nutrition dans la Sarthe. Des débats musclés, car les adhérents d'EDF sont de tous bords, mais toujours fructueux. Un endroit où se ressourcer quand la conjoncture vire au noir. En 2009, elle rentre des États-Unis revigorée, confiante dans l'avenir, même si la volatilité des prix en redessine les contours. Difficile et lumineux, pas impossible.
MIREILLE PINAULT
(1) En France, environ 50 membres, de 40 à 150 vaches, dans tous les systèmes et régions.
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