Elle ne voulait pas devenir agricultrice… la voilà qui défend les intérêts des JA éleveurs laitiers. « Avec combativité », disent ses pairs. Mais c'est sur la ferme qu'elle trouve ses petits bonheurs.
A dolescente, je m'étais dit que jamais je ne me marierais avec un agriculteur ! C'est loupé ! » Depuis, Rachel a épousé Bertrand, éleveur à Questembert. Née d'un père chauffeur et d'une mère qui travaille en usine, elle s'apprêtait à devenir magasinière en pièces automobiles. « Un milieu très masculin, mais j'y allais sans appréhension. » Même pas peur… Un trait de caractère qui lui sert quand il faut négocier.
« Après notre mariage, j'ai gardé mon travail en trois fois huit. on ne se voyait plus ou presque. »
CELLE-LÀ, ON LA REVERRA.
Enceinte, la jeune femme doit rester de longues semaines à la maison. « Là, j'ai pris goût à la vie sur l'élevage ; l'envie de m'installer est venue. » Au centre de Kerguehennec où elle prépare son BP REA, certains disent alors : « Celle-là, on la reverra ! » Au début, Rachel pense monter un camping à la ferme : « Nous n'avions pas assez de terres ni de lait pour deux. » Puis une exploitation voisine se libère, lui permettant de s'installer(1)Nous n'avions pas assez de terres ni de lait pour deux. . « Mais tout ne s'est pas bien passé : les litrages promis n'étaient pas au rendez-vous, la procédure était compliquée : pendant trois ans, je n'ai pas pu exploiter une partie des surfaces reprises. » Un épisode déterminant pour son entrée en syndicalisme : « Je voulais que d'autres jeunes ne connaissent pas les mêmes déboires. » Tout s'enchaîne ainsi, jusqu'à ce que les JA la chargent du dossier lait au niveau national. Sa combativité va lui servir, mais pas seulement. « Elle est offensive, mais elle a acquis la conscience des réalités économiques », reconnaît le responsable d'une laiterie avec qui les échanges ont été parfois vifs. « Elle parle avec ses tripes, on sait à quoi s'en tenir », note Gaël Drouet, responsable régional JA. « Elle apporte en plus cette vision féminine qui manque souvent dans les instances agricoles. De l'ouverture aussi : elle nous répète qu'il n'y a pas que l'Ouest laitier. » Elle s'appuie sur des convictions : « Que les entreprises se développent, OK, mais il nous faut un retour ! »
UNE FEMME SANS CONCESSIONS.
Dominique Chargé, président de la FNCL, voit en elle « une femme sans concessions, mais intelligente et policée, de la trempe des grands responsables de demain, si elle veut continuer ». Se voit-elle poursuivre dans le syndicalisme aîné ? « Je ne sais pas. Mais si j'y vais, j'espère ne jamais y oublier que les jeunes ont des attentes à eux. » Elle passe deux jours par semaine à Paris. Mais c'est à la ferme qu'elle déguste ses petites madeleines, de préférence en famille : « Aller voir les génisses, chercher les vaches au champ, et la traite ». Elle qui ne se voyait pas agricultrice : « Partir au travail en laissant le pot-au-feu à mijoter, le feu dans la cheminée… On ne peut pas vivre çà quand on est ouvrier ou dans un bureau ! ».
GWENAËL DEMONT
(1) Aujourd'hui 78 ha pour 70 vaches et 420 000 l de lait.
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