« RETROUVER LES VALEURS DE LA COOPÉRATION »

L'horizon s'éclaircit pour le président de Coralis, une coopérative laitière basée à Cesson-Sévigné, aux portes de Rennes. Les adhérents viennent d'acter fin juin la fusion avec le groupe Agrial, assurant un avenir aux 700 producteurs de lait. Pourtant, il y a deux ans, le ciel était bien sombre. Les éleveurs subissaient de nombreux décrochages du prix du lait avec une coopérative mal en point, orientée sur des marchés à faible valorisation (lait UHT). Ils étaient aussi ponctionnés de 10 €/1 000 l pour un projet de construction d'une tour de séchage, en partenariat avec Bongrain, décriée compte tenu de la capacité financière de la coopérative.

DISSIDENT. « On va droit dans le mur ! », « On va tous crever ! » : le jour de la finale des labours, Jean-Yves Rissel, qui a de nombreuses responsabilités départementales dans le domaine de l'élevage, est interpellé durement par des producteurs en plein désarroi. Il fallait réagir. À quelques uns, ils forment un collectif pour demander aux dirigeants d'engager des discussions avec d'autres groupes laitiers dans l'objectif d'un rapprochement ou d'une fusion. « Très vite, on s'est rendu compte que l'on n'avait plus notre mot à dire, on était considérés comme de simples livreurs. » Ils réclament alors la convocation d'une assemblée générale extraordinaire. Statutairement, elle devait être demandée par au moins 20 % des sociétaires, ils ont été plus de 70 %. Le conseil d'administration a été renouvelé. La nouvelle équipe, entourée d'experts, s'est mise au travail pour faire le point et monter un projet. « Mon expérience dans le monde de l'insémination artificielle, qui s'est énormément restructuré depuis vingt ans, m'a servi », reconnaît-il.

FÉDÉRER. « Notre grande force est d'avoir réussi à fédérer des hommes derrière un projet commun, abstraction faite de toutes considérations politiques et syndicales », assure cet ex-entraîneur de foot auprès de jeunes, qui croit au sens du collectif . « Chacun trouve sa place et est complémentaire à la fois. » Il y a eu des moments difficiles : « Il est toujours compliqué de se battre contre ses pairs. » Mais derrière eux, un véritable engouement : « Nous n'avions pas le droit de nous tromper. » Et ils croyaient aux atouts de leur coopérative (outils, densité laitière).

Leur vision était claire : bâtir un projet commercial adossé à un partenaire et s'appuyant sur des marchés diversifiés et des outils performants.

Le groupe Agrial a répondu présent. Coralis devient le quatrième bassin laitier et la quinzième région. « Chaque territoire est représenté au sein du groupe. Nous retrouvons les valeurs de la coopération, s'enthousiasme l'éleveur. Notre démarche montre que le principe démocratique sur lequel reposent les statuts de la coopération n'est pas un vain mot, mais une chance qui s'offre à tout coopérateur. »