L'ex-leader de la Confédération paysanne est passé sous la bannière d'Europe Écologie. Depuis mars, il est vice-président à l'agriculture du conseil régional de Basse-Normandie.
Surprises de la vie. Lui qui a tenté de peser sans succès sur la politique laitière manchoise et bas-normande se retrouve aux sessions de la chambre régionale d'agriculture, non comme syndicaliste mais comme responsable politique. François Dufour, éleveur laitier bio avec 170 000 l et pilier de la Confédération paysanne, a été élu le 24 mars conseiller régional, sous l'étiquette Europe Écologie. Dans la foulée, il a été nommé vice-président du conseil régional de Basse-Normandie en charge de l'agriculture. Un an avant, il avait échoué de peu aux élections européennes. « Je n'ai pas l'esprit syndical revanchard », assure-t-il.
Ce fils de paysan du sud de la Manche n'a pas emprunté l'itinéraire syndical classique CDJA-FNSEA, lors de son installation en 1976 sur 24 ha. Il a préféré la voie alternative des Travailleurs paysans, puis de la « Conf ». Sans doute, les choix éducatifs de ses parents l'ont-ils aussi incité à prendre ce chemin. « Jeune, j'accompagnais ma mère aux manifestations de soutien aux petits paysans en conflit avec leur propriétaire. Mes parents m'ont ouvert à la solidarité », confie François.
AUTONOMIE
La sécheresse de 1976 a été tout aussi déterminante dans son engagement syndical. « Nous avons subi un déficit de 3 500 pour notre premier exercice comptable », se souvient-il. Très vite, il a entamé une réflexion pour développer l'autonomie alimentaire de son exploitation, à contre-courant du maïs ensilage et de la « holsteinisation » des exploitations bas-normandes des années soixante-dix. François Dufour a rejoint un groupe d'éleveurs bretons et de l'Orne préoccupés des mêmes questions, à l'origine de l'association Cedapa, longtemps animée par le bien connu André Pochon. « Nous voulions proposer une autre agriculture, capable de fixer ses prix de vente à partir des coûts de production et répondant aux attentes de la société. » Pour lui, ce combat est toujours d'actualité mais sous des cieux plus politiques.
PRÉPARER LES CHANGEMENTS
Avec son copain de route José Bové, il a décidé il y a deux ans de participer à la fondation d'Europe Écologie. « Au moment où l'économie est affolée par les marchés, il faut réinventer un système maîtrisé et maîtrisable pour une meilleure efficacité économique, sociale et environnementale. L'agriculture doit y contribuer. » Son expérience syndicale à l'OMC et à Bruxelles lui a appris que les responsables politiques n'ont pas le courage de prévenir des changements qu'ils ont votés. Il espère mieux faire au conseil régional. Son objectif est de « donner un sens à l'agriculture bas-normande en l'attachant à son territoire ». Plan protéines, soutien des systèmes herbagers, AOC… sont les leviers qu'il veut actionner. Son élevage laitier bio l'aidera à rester de plain-pied dans la réalité économique.
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