Ce jeune agriculteur a cessé tous ses investissements et travaille dans de mauvaises conditions. Il s'est engagé dans le syndicalisme pour faire bouger les choses mais il avoue s'être un peu résigné.
En 2004, en m'associant avec ma mère et ma soeur sur une structure de près de 1 Ml de lait et 200 ha, je voyais l'avenir en rose », confie Marc Hossart. Six ans plus tard, changement de ton chez ce jeune agriculteur de 30 ans, installé à Coigneux (Somme). La crise laitière a transformé sa confiance en inquiétude et l'a contraint à cesser tout investissement. Il a tout juste eu le temps de terminer la construction d'une stabulation paillée de 160 places. « Nous l'avons entièrement faite de nos mains pour diviser la facture par trois. Heureusement, sinon nous ne pourrions pas faire face aux annuités. » Mais d'importants travaux aux abords du bâtiment restent à réaliser.
COLÈRE
En attendant, cet éleveur « travaille les pieds dans la boue ». Récemment, lorsqu'un inspecteur est venu contrôler le bien-être de ses animaux, il aurait aimé qu'il contrôle également le sien ! Au printemps dernier, durant les manifestations dans les GMS, Marc était très en colère. Il voulait tout casser. « Je suis révolté lorsque je vois le litre de lait vendu 1 €alors qu'on est rémunéré 0,25 €. » Aujourd'hui, il s'avoue un peu résigné. Malgré tout, il ne baisse pas les bras. Pour défendre son métier, il est devenu administrateur au CDJA. « C'est dans les bureaux que tout se décide. Il faut donc passer par la voie administrative pour changer les choses. » Il espère que la contractualisation permettra aux producteurs d'obtenir un prix suffisamment rémunérateur pour vivre.
ANGOISSE
À 18 ans, Marc aimait davantage le tracteur que l'élevage. Aujourd'hui, arrêter le lait lui ferait mal au coeur. D'ailleurs, il ne peut pas car il vient tout juste d'investir. Avec sa soeur Sophie, jeune agricultrice également, ils doivent supporter le poids de leur installation. Ils sentent bien que leur marge de manoeuvre financière est limitée. « Mon grand-père possédait deux hectares d'endives et une dizaine de vaches. Il pouvait faire ce qu'il voulait, il retombait sur ses pieds. Mon père pouvait se permettre une ou deux erreurs. Pour moi, une mauvaise décision peut conduire à la faillite. » Mi-janvier, Marc a eu la mauvaise surprise de voir le plafond de son ouverture de crédit dépassé à cause des fermages à payer. « C'est angoissant. »
PASSION
Pas question pour autant de regretter son installation. « Mon métier est formidable. Je suis à la fois vétérinaire, nutritionniste, mécanicien… et il faut de plus en plus savoir compter. » Marc aimerait se rapprocher du mode de vie des autres catégories socioprofessionnelles. Mais en travaillant treize jours sur quatorze de 6 h 30 à 19 h, c'est impossible. « Je joue au football le dimanche et je suis le seul à devoir partir à 17 h pour traire mes vaches. » Avec sa femme Corinne, fonctionnaire à la DDASS, il vient d'acheter sa maison. Avant de s'installer, il pensait pouvoir rapporter un plus gros salaire qu'elle. Mais, pour le moment, ce n'est pas le cas !
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