« FAIRE ENTENDRE LA VOIX DES AGRICULTEURS »

© FRANCK BETERMIN
© FRANCK BETERMIN (©)

Producteur de lait et de porcs dans le Finistère, Charles Laot est à la tête d'une liste agricole pour les élections régionales.

Rien ne prédestinait Charles Laot, Finistérien de pure souche, à faire de la politique. Et pourtant, le voilà propulsé tête de liste aux élections régionales sous la bannière « Terres de Bretagne ». Une liste agricole qui revendique une Bretagne forte grâce à son poumon vert : l'agriculture et l'agroalimentaire et leurs 170 000 emplois.

TRUBLION.

Depuis le 15 février, date limite pour déposer sa liste, il souffle un peu. « Nous étions les derniers à déposer notre liste, la onzième en Bretagne. » Enfin, souffler, c'est une façon de parler car la liste est entrée en campagne et compte bien jouer les trouble-fêtes. « Depuis trop longtemps, les politiques ne font que nous écouter, ils ne nous entendent plus. Dans les partis traditionnels, on ne trouve quasiment plus d'agriculteurs sur les listes. La campagne des régionales est lancée et pas un mot sur le sujet. » Alors, un soir, en discutant avec trois collègues agriculteurs du canton de Ploudalmézeau, l'idée a jailli : « Pourquoi ne pas faire une liste aux régionales ? » Lancée sur le ton de la boutade, l'idée a fait son chemin. « On aime bien notre métier mais on ne gagne plus notre “croûte”. La profession va mal. Les agriculteurs manquent de reconnaissance. » « Si Charles avait été le P.-D.G. d'une entreprise de 170 000 personnes, Sarkozy serait déjà à son chevet. Les faillites en agriculture, c'est beaucoup plus discret, les gens préfèrent mourir en silence », commente Hervé Rouzic, cheville ouvrière de la liste. Ils ne pouvaient pas en rester là.

« La situation est trop grave, et l'occasion trop belle. Il faut se faire entendre autrement que par des manifestations, prendre une voie légale. »

FÉDÉRER

Mais comme souvent dans le monde paysan, pas de précipitation. « Nous avons consulté un “grand sage” », sourit Charles en espérant secrètement qu'il se reconnaisse. Au lieu de leur rire au nez, il leur a conseillé de rencontrer les responsables professionnels de tous bords pour fédérer. Il y a d'abord eu des sourires, puis de l'écoute, enfin des félicitations. « C'est un projet constructif qui correspond à un besoin des agriculteurs. »

SINCÉRITÉ

Maintenant, ils ne peuvent plus reculer. Bouche à oreille aidant, la liste se remplit progressivement. Beaucoup d'agriculteurs et d'agricultrices bien sûr, mais aussi des salariés du para-agricole et de l'agroalimentaire, ou des gens qui travaillent ou vivent en milieu rural. Au total, 91 personnes. Quand s'est posée la question de la tête de liste, les yeux se sont tournés vers Charles. « Comme si c'était une évidence », confie Hervé Rouzic. Il reste beaucoup de travail d'ici au 14 mars : écrire la profession de foi, réaliser des tracts, organiser des réunions… Les moyens ne sont pas à la hauteur des autres listes, le temps à y consacrer non plus. « Nous avons chacun notre exploitation. On ne sait pas trop ce qui nous attend. Peu importe. Notre ligne de conduite : être sincère quitte à être maladroit. »

ISABELLE LEJAS

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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