« AU BONHEUR DE TRANSMETTRE S'AJOUTE CELUI D'APPRENDRE »

© M.P.
© M.P. (©)

Michel Augé a renoncé à son métier à la suite de graves accidents. Enseignant, son passé d'éleveur donne un socle concret à ses cours.

Un grand corps cassé, courbé sur des copies, le regard bleu entouré de mines réjouies : voilà Michel Augé parmi quelques-uns de ses élèves du lycée Beaulieu-Lavacant à Auch. L'homme est calme, attentionné. D'un geste ample, il trace une consigne au tableau. Les jeunes chahutent, pas longtemps. Le « vieux » ramène son expérience, simplement pour tenir au réel. Claude Trévillot, directeur de l'approvisionnement du lait à Lactalis, se souvient du porte-parole des producteurs de lait du groupement Gascogne-Bigorre : « J'étais alors directeur de Solaisud, à Montauban. Dans un contexte difficile de divisions, Michel Augé défendait sans agressivité ses convictions. Le ton ne montait jamais. » L'art du dialogue, toujours. « Les gosses aiment partager le vécu », constate Michel Augé. Lui, il a vraiment tourné la page.

SE RELEVER

À dix ans d'intervalle, Michel Augé est victime d'accidents graves : la première fois, un taureau le laisse pour mort en bordure de l'enclos qu'il fermait ; la seconde, une voiture percute la sienne de front… « Depuis longtemps, je forçais le physique pour tenir ma place dans le Gaec auprès de mon frère. Malgré l'adaptation du poste de traite, moralement, je n'étais pas au top, frustré de participer au choix d'un matériel sans pouvoir y monter. » Il demande alors à la commission départementale une cessation d'activité. Ce même hiver, le lycée de Mirande le sollicite pour intervenir 200 heures, dans le cursus des candidats à l'installation.

TRANSMETTRE

À 57 ans, Michel reprend des études, conscient d'avoir à assurer l'avenir : « La retraite agricole est bien maigre et je ne peux pas faire du bois en complément comme mes collègues. C'est du côté intellectuel qu'il m'a fallu chercher. » Avoir réussi à captiver un auditoire avec de l'économie et de la gestion lui a redonné confiance. Il entame un BTS pour mettre d'équerre ses connaissances et compétences, savoir les ordonner et les transmettre. Une page vierge va alors s'écrire à Auch, au lycée Beaulieu-Lavacant. De l'aménagement du territoire, son contrat s'élargit opportunément à l'agronomie, la zootechnie et la protection phytosanitaire. L'équipe pédagogique lui fait bon accueil.

VALORISER

Michel Augé navigue des Capa aux Bac pro. Le plus pertinent n'est pas le plus fort en gueule : ça, il l'a appris quand il devait gérer les énergies des groupements laitiers ou au marché aux bestiaux de Montesquiou. « Chacun a un capital à faire fructifier », martèle-t-il, adepte du travail dans la bonne humeur. Il puise dans ses réseaux, sa propre expérience, sur internet ou dans les livres pour leur donner des clés pour se construire. Il ose avec eux la métaphore physique : on peut avoir un accident de parcours et se relever. Lui qui s'est marié sur le tard et n'a pas d'enfant s'en trouve ravigoté. Entre bibliothèque et jardin, exploitation agricole et salle de classe de l'établissement, un rêve s'accomplit. Un vrai bain de jouvence.

MIREILLE PINAULT

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Thomas Pitrel dans sa prairie de ray-grass

« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

Tapez un ou plusieurs mots-clés...