De la revue « PLM » au Simagena et au Farmingtour, Maurice Perrot a fait bouger les lignes de la génétique holstein. À contre-courant, il a bataillé pour le libre-arbitre des éleveurs.
La moustache s'agite sous le flot d'une parole tout aussi fournie et captivante : Maurice Perrot raconte un parcours hors des sentiers battus. L'ancien journaliste, rédacteur en chef émérite de PLM et Typex, initiateur en France des Open Show, raccroche les crampons. Sur le terrain, ses coéquipiers ont de la peine à y croire.
LE CHOC.
Tout commence avec ce stage dans le Wisconsin. Il veut voir de plus près cette holstein interdite en France, importée par le Gaec Boulieu, et dont on dit qu'elle produit 10 000 kg de lait ! Pour lui, issu d'une petite ferme bretonne, c'est le choc : la taille, la « côte » si basse… Mais aussi les silos tours, la proximité entre la vache et l'éleveur, l'implication des enfants… Le rêve américain. Au retour, direction Sourches (Sarthe), à la station expérimentale de Sanders, son sponsor : « Ma meilleureécole, dit-il. J'y ai croisé de grands scientifiques et me suis frotté à différents domaines et filières. » L'ouverture d'esprit y gagne encore.
TRIBUNE LIBRE.
Journaliste, il se bat contre la pensée unique. Aux éditions du Boisbaudry, il a toute latitude. La revue grandit avec les éleveurs, sur la génétique, l'alimentation, la conduite du troupeau… Mais « le carcan de la loi de l'élevage de 1966 est difficile à faire sauter ». Par ses voyages, il a apporté un vent d'ailleurs ; il a eu l'audace de traiter des sujets en marge de la ligne officielle. « C'était une période excitante », se souvient Jean-Luc Demas, éleveur et compagnon de route. « On a voulu freiner les éleveurs qui allaient trop vite », estime l'intéressé, pris au jeu. Son moteur : la performance ; son but : l'émancipation des éleveurs. Des éleveurs-inséminateurs au stockage des doses à la ferme, des rations mélangées aux compteurs à lait agréés, à l'acupuncture… Il montre tout, tant en France qu'à l'étranger, adoptant la réplique des Canadiens : « Ce que tu dis est intéressant, moi je travaille autrement. » 1 300 reportages et vingt ans de fièvre de bouclage plus tard, de spectateur, il passe à l'action.
OPEN SHOW.
Avec dans la poche un bon carnet d'adresses, des talents d'organisateur et le contact facile, Maurice Perrot devient la cheville ouvrière du Simagena, premier concours européen libre d'inscription. Et bouscule encore l'ordre établi. « Il est exigeant et déterminé. Plus d'un aurait baissé les bras face aux organismes officiels », commente Jocelyn Joncour, jeune éleveur finistérien. De fait, sous la pression de la base, les règles du concours du Sia s'assouplissent : critères de pointage et de production, présentation, acceptation de la monte naturelle… Pressentant le rapprochement du Sia et du Sima, Farmingtour, monté avec quelques amis, est devenu le concours holstein le plus important de France. Les éleveurs ont repris la main. Mission accomplie.
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