
À Saint-Georges-Armont (Doubs), Denis Vermot a été éleveur pendant 25 ans, avant de s'investir dans le rainurage de béton.
L'atelier exigu et les bureaux de Vermot Rainurage sont encore dans la maison, au coeur de Saint-Georges-Armont. Sur la longue table familiale, Denis Vermot déplie le plan des futurs locaux de sa société : 1 700 m2 à la sortie du village. Installation prévue dans un an. « Pas sûr qu'on finira paysan », avait-il annoncé un jour à son épouse Geneviève, sans savoir quand ni comment.
HOMME D'ACTION
Pourtant, ce dernier d'une fratrie de cinq choisit le métier d'éleveur par passion. Il s'y jette à corps perdu, menant de front le foot, l'engagement professionnel (coopérative à comté, CDJA, Cuma) et la modernisation de la ferme. De l'étable entravée à la stabulation bâtie à 700 m de là, dix ans d'auto-construction et une ligne de conduite : privilégier le fonctionnel. Il se dote d'une griffe à foin et automatise le racleur, le distributeur de concentrés et le décrochage des faisceaux de la machine à traire.
Après ? L'ennui guette ce longiligne à l'affût d'une diversification. À défaut de fabriquer des yaourts ou de se lancer dans le terrassement, ce sera le rainurage testé à domicile via le GDS des Vosges.
L'OeIL DE L'ÉLEVEUR
Denis Vermot contacte le constructeur de la « tondeuse à béton » (1) et sonde ses collègues : « Un problème de vaches qui glissent ? ». Le marché est là. Dans la foulée arrivent un salarié, une première machine, un C15, et la Franche-Comté comme premier terrain de jeu. Mais le matériel vibre et fait trop de poussière. Denis met le doigt dans l'engrenage. En spécialiste, il veut « la » rainure qui va préserver les onglons fragiles des holsteins de hautes performances.
OSER FONCER
Avec l'aide d'Hervé Courgey, un constructeur local qui fait de l'usinage en sous-traitance, il modifie le rotor, prend un moteur plus puissant et conçoit un système de régulation par pédalier. Gérard Faivre-Vuillin a travaillé six ans à ses côtés : « Quelle que soit la situation, Denis positive », dit-il, se souvenant de l'incendie d'un camion avec une rainureuse automotrice à l'intérieur. « C'est un fonceur qui sent les besoins. L'automotrice, il en parlait bien avant de la réaliser. » Denis a trouvé des partenaires, a rebondi sur les échecs et bataillé face aux fournisseurs ou à la contrefaçon… L'équipe a essaimé à l'ouest puis hors de l'Hexagone. L'aventure continue. Les trois fils Vermot travaillent dans l'entreprise qui compte désormais 17 salariés et 10 automoteurs, et consomme quelque 50 000 pièces de découpe par an(2). Lionel, l'aîné, gère la partie commerciale et l'export. Il compose avec la fougue paternelle. « Pour le Rainu-Rail, il a vu juste. Les constructeurs de racleurs automatiques sont venus vers lui car il avait ouvert la brèche », reconnaît le jeune homme. Le père sait gré à ses garçons d'emmener encore plus loin le farfelu qu'il est. Toujours à griffonner sur son petit carnet, Denis Vermot a des projets plein les cartons… La limite à ces développements agricoles ou industriels : le temps.
MIREILLE PINAULT
(1) Dénominatif familier de la rainureuse manuelle.(2) 7 antidérapants, 2 pour rails de racleur, 1 pour caillebotis.
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