Avec des produits « axés santé », Danone se diversifie

La maison mère des yaourts Activia ou Alpro, des eaux Evian et des petits pots Blédina a enregistré un chiffre d'affaires en hausse de 0,7 % au troisième trimestre, à 6,87 milliards d'euros, porté en Chine par des produits infantiles et censés être bénéfiques à la santé et en Europe par les yaourts fermentés et les boissons végétales.

Ces ventes ont bénéficié de l'acquisition de Kate Farms (nutrition végétale médicale aux États-Unis) mais ont subi des effets de change négatif, l'euro s'étant apprécié face à plusieurs devises, selon un communiqué publié mardi.

Sans ces effets, Danone met en avant une croissance organique de 4,8 %, portée par une conséquente augmentation des volumes vendus, en ligne avec les attentes des analystes.

L'augmentation des volumes est le signe « de la solidité et la pertinence de notre portefeuille axé sur la santé », a déclaré le directeur général Antoine de Saint-Affrique, cité dans le communiqué.

« Polarisation » dans l'alimentaire

Le directeur financier Juergen Esser évoque auprès de l'AFP une « polarisation » inédite dans l'industrie alimentaire entre les produits censés être plus sains, qui offrent à Danone « une croissance plus rapide », et les autres acteurs, « sous pression ».

Le concurrent Nestlé a rapporté mi-octobre un chiffre d'affaires en repli de 1,9 % sur les neuf premiers mois de l'année, quand celui de Danone est stable. Nestlé a pâti de la faiblesse de la consommation en Chine, mais Danone y gagne, lui, des parts de marché, grâce à ses produits comme le lait infantile Aptamil ou les boissons vitaminées Mizone. Les ventes de Danone ont progressé dans la zone Chine, Asie du Nord & Océanie de 6,7 % (+ 13,8 % en organique).

Le groupe s'appuie aussi sur les yaourts riches en protéines, mais ses capacités de production sur son marché de prédilection, les États-Unis, ont atteint leurs limites, selon Juergen Esser, qui précise devant des journalistes que de nouvelles lignes seront ajoutées pour faire face à la demande.

En Europe, le skyr et le kéfir sont particulièrement en vogue tandis que les ventes de la marque Alpro (boissons végétales) ont été fortes. La catégorie nutrition médicale bénéficie des « tendances démographiques », c'est-à-dire du vieillissement de la population, et enregistre la plus forte croissance globale (+ 5 % pour la nutrition spécialisée au troisième trimestre).

La catégorie EDP (yaourts, boissons végétales...), qui représente près de la moitié des ventes, baisse de 0,9 % (+ 3,5 % en organique) tandis que les eaux reculent de 2,3 % (+ 2,3 % en organique), malgré une bonne dynamique en Europe grâce à Evian.

« Offensive » sur les acquisitions

Sous la houlette d'Antoine de Saint-Affrique, Danone a, à partir de 2021, d'abord cédé des activités qui représentaient environ 10 % de son chiffre d'affaires pour se recentrer sur les produits les plus rentables.

Depuis début 2025, il est passé à la deuxième partie de son plan stratégique, en acquérant notamment Kate Farms et affiche ouvertement ses intentions de croître grâce à des acquisitions.

Après avoir dû renoncer à l'acquisition semée d'embûches de Lifeway Kefir aux États-Unis cet été en raison de « différences culturelles », la stratégie est « à l'offensive », a dit à l'AFP le directeur financier, Juergen Esser. « On a la crédibilité, le bilan, la performance, le cash (...) on a bien identifié des cibles (...) dans plusieurs géographies », a-t-il ajouté.

Le titre a pris environ 20 % à Paris depuis le début de l'année, quand le CAC40 a progressé de 11,5 %. Les analystes de Jefferies ou de JPMorgan ont récemment relevé leurs prévisions pour Danone, soulignant son positionnement idéal pour afficher une performance supérieure au reste de l'industrie alimentaire.

Les futures acquisitions seront centrées sur des produits censés être bons pour la santé, notamment grâce aux innovations et aux découvertes scientifiques. Le groupe a d'ailleurs inauguré en septembre son laboratoire dédié à la santé intestinale, OneBiome, à Paris-Saclay.