Un engrais à libération lente de l'azote

Le groupe commercialise Coten (ci-contre) qui enrobe d'une résine l'azote uréique. Le Coten Mix est composé d'un mélange d'urée enrobée et d'urée non enrobée, associée ou non à d'autres fertilisants
Le groupe commercialise Coten (ci-contre) qui enrobe d'une résine l'azote uréique. Le Coten Mix est composé d'un mélange d'urée enrobée et d'urée non enrobée, associée ou non à d'autres fertilisants (©)

Pourra-t-on, à l'avenir, épandre l'azote minéral nécessaire pour les besoins annuels de la prairie en une seule fois, à la sortie de l'hiver ? C'est ce que teste Duclos International.

LE GROUPE DUCLOS INTERNATIONAL, BASÉ DANS L'HÉRAULT, commercialise des engrais chimiques enrobés Coten en vue d'une libération progressive de l'azote minéral. Voici dix ans qu'il met sur le marché des formules pour les grandes cultures. Il veut s'attaquer à un nouveau segment : les prairies. Le fabricant y a entamé des tests, notamment avec Arvalis-Institut du végétal, et poursuit ce travail en 2012 pour être prêt en 2013. Objectif : préciser les formulations à utiliser selon le mode d'exploitation des parcelles (pâturage ou fauche), les conditions climatiques, les pratiques de fertilisation des éleveurs, etc. Il faut par exemple déterminer quelle part de l'azote sera enrobée ou non, la durée de libération de l'azote pour un apport fractionné adapté et son association avec d'autres éléments fertilisants.

Que ce soit sur prairies de graminées fauchées ou pâturées, Duclos International étudie en particulier la possibilité d'associer à l'azote enrobé un azote non enrobé avec un apport de soufre. « Les graminées réagissent bien à l'apport de soufre, », indique Gilles Courrieu, de Duclos International. Sur quoi repose l'enrobage des engrais Coten ? Leur azote sous forme uréique est recouvert d'une résine composée d'un réseau de fibres. Sous l'action de la température, ce réseau se dilate et permet la pénétration de l'eau pour une solubilisation de l'élément fertilisant en vue de sa diffusion dans le sol. L'écartement des fibres se produit jusqu'à une température de 32°C. Au-delà de ce phénomène et si la température diminue, les fibres se rétractent.

Vers un seul épandage à 200 degrés-jours ?

« Ce système d'enrobage encadre l'hydrolyse de l'urée en ammoniac, forme azotée que la plante est capable d'absorber, explique Pierre-Vincent Protin, d'Arvalis-Institut du végétal. En libérant l'azote pendant plusieurs mois, il évite l'épandage d'azote pour les cycles d'exploitation suivants de la prairie. Un seul épandage à 200 degrés-jours – la somme de températures qui déclenche le premier apport – pourrait suffire. » En 2010, l'institut technique a testé un engrais Coten contenant 40 % d'azote pour une durée de trois mois en Loire-Atlantique et en Haute-Garonne pour un objectif de pâturage. « Ce produit rentre dans le cadre d'essais. Il ne sera pas commercialisé », précise, en insistant, Gilles Courrieu. Sur dactyle, Arvalis a comparé son efficacité à l'ammonitrate et l'urée apportés après chaque cycle de pâturage(1) au printemps. Les premiers résultats sont plutôt encourageants. En Loire-Atlantique, les rendements fourragers sont un peu en dessous de ceux obtenus avec l'urée et l'ammonitrate. En Haute-Garonne, ils sont quasi-similaires.

« Nous n'avons pas réalisé le suivi jusqu'à l'automne. Peut-être que la légère baisse de production constatée au printemps dans le premier cas aurait été compensée à l'automne », s'interroge Pierre Vincent Protin. De plus, cette première année d'essais ne suffit pas. En 2010, les conditions climatiques étaient idéales, avec une bonne valorisation des éléments fertilisants. Retrouverons-nous les mêmes résultats en conditions plus séchantes ? » Pour lui, il faut aussi tester la faisabilité d'un azote enrobé en conditions réelles de pâturage(1) pour vérifier l'effet appétence.

Sans oublier l'impact économique. Ne commercialisant pas encore ces engrais pour prairies, Duclos International n'est pas en mesure d'afficher des prix. Ils seront malgré tout plus élevés que des engrais classiques. L'écart pourra-t-il être compensé par le gain d'épandages réalisés après chaque cycle d'exploitation ? À suivre.

CLAIRE HUE

(1) Les vaches ne pâturaient pas. Les microparcelles des essais ont été fauchées à la motofaucheuse en suivant le rythme du pâturage.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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