Groupama prend l'eau

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Avec la crise, il n'y a pas que les banques qui souffrent.

Après les déboires du Crédit agricole, voici ceux de Groupama. Il faut dire qu'entre les assurances-banques et les banques-assurances, on s'y perd. Chacune empiète sur le domaine de l'autre et, au final, elles se retrouvent dans la même panade. Le fameux voilier « Groupama », qui engloutit des millions d'euros, va se transformer en galère. Et ce sont les sociétaires qui vont ramer. Jugez plutôt. C'est l'histoire de la grenouille qui voulait devenir plus grosse que le boeuf. Créées à l'initiative d'agriculteurs au XIXe siècle, les premières mutuelles se sont vite développées.

Dans les années soixante-dix, les Assurances mutuelles agricoles (Ama) avaient une caisse locale dans les communes, gérée le plus souvent par une agricultrice et avec un conseil d'administration composé de paysans élus.

1986, création de Groupama. Le centralisme aidant, les fonds de caisse furent rapatriés au département. 1998, Groupama achète le Gan. S'ensuivent de nombreuses acquisitions. Puis apparut Cerise. Vous connaissez sûrement cette blondasse en robe à pois vert qui nous explique, à longueur de pubs, que tous nos problèmes seront résolus. Ensuite, c'est Jean Rochefort qui vante les mérites d'Amaguiz, la branche d'assurances en ligne. La pub se veut tellement décalée que l'on n'y comprend rien. Normale, elle s'adresse aux branchés. Ça aurait déjà dû nous mettre la puce à l'oreille. Ces dernières années, un développement à l'international mal maîtrisé et au prix fort plombe les résultats et patatras… Les agences de notations, celles qui accordent le fameux « AAA » aux États, dégradent le groupe mutualiste en raison d'investissements douteux. Il détiendrait 7,2 milliards de dette italienne, 2,9 milliards de dette espagnole, 3 milliards de dette grecque, 750 millions de dette portugaise… Rien que ça.

Alors, Groupama vient de virer son DG et annonce un plan d'économie de 300 M€ qui sera sans doute insuffisant. Il lui faut trouver 2 milliards d'argent frais très vite. Pour cela, il envisage de vendre les bijoux de famille et l'État pourrait intervenir au travers de la Caisse des dépôts. En dernier recours, Groupama SA demande aux caisses régionales, c'est-à-dire nous, de recapitaliser à hauteur de 500 millions. Mais où est passé le bon sens paysan ? De grâce Messieurs du Crédit agricole et de Groupama, ne revendiquez plus vos racines car il y a longtemps que vous les avez dévoyées. Vous maintenez au local des conseils d'administration composés de clients qui s'impliquent en toute bonne foi. Mais ce n'est que pour les berner et profiter des avantages du mutualisme. En haut lieu, tout est piloté par des spéculateurs, payés à prix d'or et qui sont licenciés moyennant de substantielles indemnités. Pendant ce temps, au siège, les conseils d'administration composés de technocrates s'octroient des jetons de présence pour décider de boursicoter avec notre argent. Et quand ça ne va plus, ils demandent aux sociétaires de base de boucher les trous.

Dans le temps, « la Jeanine » tenait la caisse locale. Elle connaissait tous ses clients. Si parfois elle s'emmêlait les crayons dans toute sa paperasse, il ne manquait jamais un centime à la fin du mois. C'est que nous, paysans, sommes assez intelligents pour inventer des mutuelles et pas assez tordus pour raisonner de travers. Qu'est ce qu'un assureur va foutre à acheter de la dette grecque sinon pour spéculer ? On nous encourage à gérer en bon père de famille, et pendant ce temps, des margoulins jouent au casino. Les assemblées générales approchent, il faudra poser des questions.

Ma grand-mère aurait pu faire la morale à Cerise : « Maintenant que tu es prise avec le doigt dans le pot de confiture, seras-tu rouge de honte ou verte de rage ? » En attendant, le noyau risque de nous rester en travers de la gorge.

PASCAL POMMEREUL

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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