Cyber dépassé

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Dans bien des domaines, les capacités des machines supplantent l'homme.

La barre de guidage est apparue sur les tracteurs avec l'avènement du GPS. Précise à 50 cm, elle permettait d'optimiser les outils de grande largeur. Avec le temps et l'évolution de la technologie, on s'aperçut que la précision, de l'ordre du centimètre, était telle que le conducteur était l'élément limitant du système car il n'était plus assez réactif. Pour pallier cette déficience, on relia directement le GPS à la direction, sans l'intervention du chauffeur. La machine a supplanté l'homme. Nous ne sommes pas encore arrivés dans un monde où les robots contrôleraient l'humanité mais…

Les vendeurs de salle de traite nous promettent des cadences dignes d'une chaîne de voitures avec le nouveau roto ou la TPA avec identification et indexation automatique vache par vache, plus la mesure de conductivité et d'activité couplée au double démodulateur spatio-temporel alimenté par l'énergie méthanogène de la rumination… Que voit-on au final ? Que souvent la vache n'est pas sensible à ces attentions humaines (saloperie de bestiole !). Que le trayeur, par des déplacements intempestifs, un manque de connaissances des possibilités de la machine ou simplement parce qu'il souhaite traire avec son conjoint, met à mal cette belle mécanique à la cadence infernale.

À la maison, c'est pareil. Nous avons des télécommandes TV dignes d'un tableau de bord d'Airbus, des téléphones qui font tout sauf la vaisselle, et des ordinateurs dont on exploite 10 % de la puissance au quotidien. Nos voitures sont bardées de capteurs qui anticipent l'erreur humaine et corrigent la trajectoire ou empêchent le blocage des roues. Tout cela est né et a été conçu par le cerveau d'un ingénieur mais les applications dépassent les possibilités de réactions humaines pour la sécurité. Le monde de la finance n'est pas en reste puisqu'il a inventé de puissants programmes informatiques, qui permettent de vendre et d'acheter à la seconde près les matières premières, en se couvrant avec des « put » et des « call » sans jamais voir un seul kilo du produit négocié. Les seuls risques sont pris par les producteurs. L'homme, dans un souci d'efficacité à court terme et de profits rapides, ne manque pas d'ingéniosité. Au niveau de l'info, c'est pire. Avec la télé et internet, nous sommes submergés par les crimes, délits et catastrophes internationales, si bien que nous avons l'impression de vivre dans un monde de bruit et de fureur.

Tout cela amène à réfléchir et à agir dans l'instant. Nos jugements s'en trouvent altérés. C'est le monde de l'immédiateté (dans ce mot, on retrouve média). Alors, si les machines sont plus rapides et précises que nous, si les ordinateurs ont des capacités de calculs largement supérieures aux nôtres, l'homme a une capacité d'analyse et de synthèse qui le place au-dessus de tout. Pour cela, il faut savoir prendre le temps de se poser, de faire le point. En tant que chef d'entreprise, c'est la même chose. Plus un système de production est compliqué, plus les compétences de celui qui le dirige doivent être développées. Un matériel, aussi performant soit-il, ne sera pertinent que s'il s'intègre parfaitement dans le système en place. Alors, la prochaine fois, avant de signer le bon de commande de la dernière nouveauté à la mode, posons-nous les bonnes questions.

Nous utilisons 10 % de la capacité de notre cerveau, selon les spécialistes. C'est frustrant et rassurant. Peut-être qu'avec 2 ou 3 % de plus, je maîtriserais toutes les fonctions de la télécommande. D'ailleurs, j'interdis la télévision à mon chien car ça l'abrutit ! Ma grand-mère disait : « L'honneur d'être humain, c'est tenir à tout prix à aller moins vite que son ordinateur. »

PASCAL POMMEREUL

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
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Herbe

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