Prise de risques

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Notre défi : s'adapter malgré une liberté d'initiatives toujours plus encadrée.

Partout, quels que soient le pays, la religion, le mode de vie sédentaire ou nomade, les sociétés traditionnelles se caractérisent par une constante : un profond respect pour les vieux. Dans ces ethnies, les traditions sont relativement fortes parce que les conditions de vie imposent une adaptation aux contextes climatiques, environnementaux, sociaux... garants de la survie. Les hommes n'ont pas le droit à l'erreur sous peine de disparaître. Les spécificités culturelles relèvent d'un comportement contextuel : si je ne m'adapte pas à mon milieu, si je me trompe, je meurs. La précarité est une notion fondamentale des gens qui n'ont pas le droit à l'erreur : ils font comme ça parce qu'ils n'ont pas le choix. Ils ont un faible contrôle des incertitudes.

L'humanité s'est développée en prenant des risques. S'adapter, c'est savoir gérer le risque. Or, qu'est-ce qu'un vieux ? C'est un homme qui n'est pas mort prématurément, car il a su s'adapter sans commettre d'erreurs et a pu ainsi transmettre son savoir. Respect ! Dans nos sociétés dites modernes, on peut se tromper sans risquer une issue fatale. Des grands responsables de banques ou d'entreprises peuvent creuser un trou de plusieurs milliards ou licencier des milliers de salariés, et être virés avec un parachute doré. Nous bénéficions d'assurances, de minima sociaux et même d'airbags dans nos voitures. Le principe de précaution ou la capacité à porter plainte en cas de préjudice sont des notions qui visent aussi à encadrer le risque et à se protéger. Les grandes entreprises et les plus malins d'entre nous ont cette capacité à prendre des initiatives en faisant supporter les risques aux autres. L'entrepreneur qui fait faillite aura pris soin de protéger son patrimoine personnel. À l'inverse, le particulier, l'artisan, l'exploitant engagera toute sa fortune dans son entreprise.

Notre société est de plus en plus encadrée par des règlements, des contrats... Dans une société traditionnelle, l'ensemble des mesures qu'un groupe en milieu hostile est amené à mettre en place pour éviter qu'un individu mette le groupe en péril s'appelle une tradition. Dans nos sociétés modernes, l'ensemble des mesures qu'un groupe (industriel) en milieu hostile (concurrence, GMS) est amené à mettre en place pour éviter qu'un individu mette le groupe en péril s'appelle une procédure (Iso) ou un contrat.

La spécificité culturelle de notre production laitière fondée sur de nombreuses exploitations familiales réparties sur le territoire est battue en brèche par l'évolution contextuelle d'un système qui voudrait une concentration de la production dans certaines régions et une intensification par exploitation. Nos laiteries sont prêtes à prendre des initiatives très encadrées par des contrats ou des statuts qui laissent une grande part de risques aux producteurs de matières premières puisque le prix d'achat devient la variable d'ajustement. Notre liberté d'initiative est très encadrée par la réglementation, les contrôles, le regard de la société, les contrats léonins... Des procédures qui tendent vers la standardisation et l'intégration. Nous avons le choix de sortir du système en nous orientant vers des circuits alternatifs fondés sur la vente directe, mais il n'y en aura pas pour tout le monde. Nous pourrions aussi nous organiser collectivement pour reprendre du pouvoir et faire partager le risque aux autres acteurs jusqu'au consommateur.

Je ne suis pas assez vieux pour prétendre au statut de sage et gagner ainsi le respect de mes collègues comme dans les sociétés traditionnelles, mais celui qui sera encore là demain aura su s'adapter et gérer les risques. Bref, aura su faire preuve d'initiatives.

PASCAL POMMEREUL

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
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« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe

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