Sia et Sima en “apartheid”

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Le bal des Tartuffes ou la sarabande de l'hypocrisie politique.

C'est la petite histoire de l'escapade parisienne d'un affreux, sale et méchant ; un vieux de la génération Hara-Kiri, en l'occurrence moi. Pour le prix d'un ticket de métro, je me suis offert un dépaysement de rêve. Du Sia au Sima, j'ai quitté Dallas pour rejoindre La Petite maison dans la prairie. J'ai bien sûr abandonné mes mocassins de marque et enfilé mes bottes en plastique, une sorte de laisser-passer pour voyager d'un monde à l'autre. Vous l'avez compris, j'ai envie de mettre mes petits pieds fragiles dans le plat !

Début des vacances, mon arrivée à Villepinte. Whaouh ! c'est Agridisneyland ! Une myriade de Minnie en mini-zupettes qui attendent les Mickey. De quoi réveiller la libido du gogo avec, en prime, distribution de chapeaux de cow-boy. J'ai le look coco ; yeah ! Affublé de ce couvre-chef, I am a big farmer and not a « kiouterreux », yeah ! Je suis fin prêt à faire mon entrée dans le monde de la productivité. Je rêve, je rêve, je ne visite plus un salon, je fais du business, yeah ! Je ne me pose même pas la question s'il y aura encore la place demain, dans nos grandes plaines, pour tous ceux qui sont là.

Whaouh ! Un semoir à maïs de vingt-quatre rangs ! Va falloir repousser les haies ! Allez, une titefotowith my Iphone, yeah ! Oh, et cette navette aux ailes majestueuses déployées : un pulvéautomateur nouvelle génération ! Quel look, parait même qu'il est intelligent lui, yeah ! Tiens, là, le stand est fermé. Mais non, suis-je bête, je ne suis pas encore imprégné de la culture américaine, la grande. C'est clos, parce que je rentre dans un autre univers, un club, une caste, je vais accéder à tous les privilèges, faire partie de la famille et ressortir de là, tatoué, vacciné, pucé, tout vert avec une barrette jaune sur le front. Vendent même des miniatures pour les gamins, histoire de les imprégner très tôt des couleurs et des valeurs de la tribu. Il faut le Deere, dès demain ils vont m'appeler John, yeah !

Bon, j'arrête de visiter l'agriculture de demain, celle de Bruxelles, celle qui va m'imposer la pluriactivité pour continuer de croûter. Histoire de bouffer, je vais faire une petite pause à la boulangerie « Paul ». Attirante cette odeur de bon pain. Mais ne suis-je pas abusé ? On dit qu'ils utilisent des diffuseurs de parfum artificiel pour titiller les papilles, histoire d'oublier que ça sort tout droit de l'usine d'à côté. Farine du club des cent quintaux, margarine d'huile de palme, jambon danois : six euros ! Quarante balles pour déguster le fruit de l'agro-industrie nourricière de la planète accessible au plus grand nombre ! Ça me laisse songeur.

Porte de Versailles. Ça y est, j'y suis. La vraie odeur de la France des territoires et des terroirs, la plus grande ferme de France, celle qu'on montre, celle des journalistes et des politiques.

Normal, on y croise des jeunes passionnés, ceux qui n'ont pas un EBE dans la tête. Ils communiquent l'amour d'un métier, d'une race, d'une région. On a voulu faire croire que le Sia était le salon des ringards et des fêtards. C'est pourtant la meilleure opération de communication du monde agricole, bien plus porteur d'espoir que conservatoire. Seul polluant environnant, la présence pesante des politiques de tous poils. Ils s'y accrochent à l'image de cette agriculture qu'ils assassinent ! Je te fais un guili-guili à la vavache, une gratouille au bébé mouton, un petit bout de fromage, une tranche de saucisson… Hum, on le bichonne le terroir face aux caméras !

Une question me chatouille : pourquoi n'y en a-t-il aucun de l'autre côté, au Sima ? Y aurait-il une volonté de cacher l'avenir ? Éviter de devoir justifier des choix ? Une chose est sûre : le courage politique n'est pas au rendez-vous, à moins qu'ils n'aient pas envie de faire semblant d'apprécier la dégustation d'un sandwich « Paul »

ÉRIC CROUHY

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
journée technique sur la tuberculose bovine

La tuberculose bovine fait frémir les éleveurs bas-normands

Maladies
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« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe

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