Méthode Coué

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Il faudra plus que des incantations pour relancer la dynamique laitière.

Le président de la FNPL a déclaré que la conjoncture laitière était porteuse et que la France allait relever le défi. Il dit « vouloir établir un pacte de responsabilité pour la filière entre les transformateurs, les producteurs et les pouvoirs publics ». Marcel Denieul, le secrétaire général de cette même organisation, assure, lui, que la Bretagne peut produire un milliard de litres en plus d'ici à 2020. Si vous avez lu ma dernière chronique, je défends justement le fait de produire des volumes pour approvisionner nos entreprises et ne pas laisser nos concurrents rafler les parts de marché. Mais encore faut-il que les prix suivent les coûts de production. On en est loin.

Les laitiers français ne sont pas aussi optimistes que nos voisins. Alors, nos responsables tentent de regonfler le moral des troupes. Cela dit, sans les pénalités à la française, pas sûr que la France ait été en sous-réalisation ces dernières années. Faut-il produire un volume optimisé en espérant tirer les prix vers le haut et risquer de perdre des marchés, ou partir à la course sans fin à la mondialisation ? Le débat reste ouvert. Quid aussi de la grande distribution qui plombe la valorisation de nos PGC ? Quid de nos industriels qui se gardent bien d'intégrer les nouvelles valorisations de notre lait ? N'avons-nous pas, en moyenne glissante, le lait le moins payé de l'UE.

Thierry Roquefeuille dit aussi « vouloir redonner du pouvoir aux OP en créant une concurrence pour que les producteurs puissent changer de laiterie ». Bonne idée, mais là, c'est souvent trop tard. Tous ceux qui ont signé un contrat se sont déjà engagés pour cinq ans minimum. Dans la plupart des cas, ils ont adhéré à une OP verticale dont la FNPL a encouragé la création. Certaines se sont engagées à livrer un volume défini sous peine de pénalités en cas de dépassement, mais surtout de sous-réalisation. Par cette clause léonine, le transformateur s'assure un approvisionnement, quels que soient les coûts de production et le prix payé. Payer en cas de dépassement peut se concevoir. En cas de sous-réalisation, c'est la double peine puisque non seulement le producteur n'aura pas vendu la quantité (donc hausse mécanique des coûts de production) mais, en plus, il subira une pénalité.

Aujourd'hui, les laiteries font tout pour « fidéliser » les producteurs et assurer un approvisionnement captif. Quant à ceux qui n'ont rien signé, elles font pression pour les empêcher d'aller voir ailleurs. Auraient-elles peur ? La somme des volumes produits au par une laiterie au 31 mars 2015 servira de point «zéro». Si le producteur partait avant cette date, il emporterait son quota. S'il partait après, le volume resterait à la laiterie ou à l'OP. Charge au transfuge de trouver une entreprise qui lui propose plus de volume... ou moins. Ensuite, chaque laiterie gérera ses volumes et là, elle aura intérêt à piquer des producteurs à la concurrence puisque ces volumes s'ajouteront. Dès le 1er avril 2015, les grandes manoeuvres stratégiques vont se dévoiler. Un signe : certains accords de collecte et de livraison privés-coops se fissurent déjà face aux velléités de ces dernières à se lancer dans la transformation.

La valeur d'une ferme dépendra du contrat signé mais surtout de sa capacité à produire en termes de bâtiments, cheptel, surfaces en respectant les normes azote, phosphore... Les prévisions à court et moyen termes sont sujettes à tellement de paramètres qu'il est toujours hasardeux de s'y projeter. Ce qui compte, c'est d'y croire. Voir le verre à moitié plein ou à moitié vide : à chacun de se faire une opinion. Mais comme disait ma grand-mère : « Quand le lait est tiré, il faut le boire. »

PASCAL POMMEREUL

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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