
L'Anarev rêve à plus de liberté dans la délivrance des médicaments.
Le Panarix, « Kes C ksa ? ». Ce n'est pas le nom d'un personnage d'Astérix mais un médicament homéopathique pour traiter le... panaris. Si tous les médicaments avaient des noms aussi simples, ce serait facile de s'y retrouver : le mammix, l'acétonémix, l'acidosix, le fièvre vitulix, le pneumonix, le diarrhix... J'en passe et des meilleurs. Bref, cela simplifierait la pharmacie.
J'utilise le Panarix depuis fort longtemps. C'est efficace sur les inflammations débutantes. Une ampoule tous les deux jours, quatre fois, en intramusculaire ou buvable, et hop ! la Marguerite danse le tango. Donc, l'autre soir, je me rends chez mon véto préféré pour obtenir le médoc, et là, l'assistante me répond avec un grand sourire : « La centrale d'achat a déréférencé le produit. Le labo va arrêter la fabrication. » Comprenez mon émoi, ma colère, mon courroux ! Comment, au moment ou le ministère parle de diminuer la consommation d'antibiotiques de moitié, que l'Académie de médecine parle d'antibiorésistance chez les humains, un labo décide-t-il de supprimer un médicament efficace, qui ne nécessite pas de jeter le lait et n'a pas de délai d'attente ? Sans doute qu'à 11 € la boîte, l'affaire n'était pas assez rentable !
C'est que les laboratoires ne vendent pas le médicament à un prix coûtant plus une marge fixe partout dans le monde, mais en fonction de ce que l'acheteur peut payer. C'est comme cela que dans les années quatre-vingt-dix, l'Ivomec coûtait sept fois moins cher en Nouvelle-Zélande qu'en France. Certains antibiotiques comme le Synulox 500 (Amoxicilline) sont vendus jusqu'à huit fois plus chers que les molécules identiques pour les humains. En Espagne, les médicaments (mais aussi les phytos) sont de 30 à 50 % moins chers. Alors des éleveurs français les commandent directement, mais ils tombent sous le coup de la loi qui oblige d'obtenir une ordonnance pour détenir ou utiliser un médicament. On peut comprendre que la législation soit stricte pour éviter les trafics et utilisations abusives. De plus, ces produits n'ont pas toujours exactement la même composition, si bien qu'ils n'ont pas d'autorisation (AMM) sur le marché français et sont donc interdits. Mais il va falloir m'expliquer cette hypocrisie qui voudrait qu'un éleveur espagnol ait le droit de traiter ses animaux (ou ses cultures) avec une molécule non-homologuée en France et qu'ensuite, il puisse vendre sa production chez nous en toute impunité. C'est de la distorsion de concurrence !
S'ajoute à cela la marge élastique des vétérinaires, selon les cabinets. Ils expliquent que sans cette marge, les consultations augmenteraient. Dans un élevage laitier moyen, si l'éleveur se débrouille un peu, les honoraires représentent entre 10 et 20 %, le reste, ce sont les produits. Sans cette marge, c'est l'existence même d'une couverture sanitaire du territoire qui serait remise en cause. Il faut reconnaître que dans bien des zones, il est plus facile d'appeler un vétérinaire de garde qu'un médecin.
Alors, des voix s'élèvent pour réclamer une séparation entre la prescription et la vente du médicament comme en médecine humaine. Une association d'éleveurs, l'Anarev (Association nationale pour l'amélioration des relations éleveurs-vétérinaires) demande de modifier le « décret prescription-délivrance » pour rendre obligatoire la remise des ordonnances renouvelables à l'éleveur, avec les protocoles de soins. Ou encore de modifier la législation sur les importations intracommunautaires de médicaments vétérinaires. L'Ana... rêve peut-être, mais le cauchemar, c'est la législation au Danemark. Pour une banale mammite, l'éleveur doit faire appel au vétérinaire qui injecte la première seringue et laisse les deux autres !
PASCAL POMMEREUL
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