
Les hypocrites sont légion dans le monde qui nous entoure.
La bataille a fait rage entre les défenseurs du mariage pour tous et les opposants. Dans notre société, au nom de l'égalité, les couples homosexuels réclament le droit d'avoir des enfants par la procréation assistée ou par l'adoption. Et bien moi, au nom de l'égalité des chances, du revenu et du travail, je réclame le droit d'être adopté par un céréalier. Quand je lis que le revenu moyen d'un céréalier s'élève à 70 000 € alors que celui d'un éleveur est de 26 000 €. Que le premier, avec 130 ha, travaille l'équivalent d'un gros mi-temps alors que le second, avec 50 vaches laitières, travaille aussi un mi-temps (mais c'est 12 heures par jour), je me dis que je ne suis pas du bon côté de la barrière.
Mais qui plus est, quitte à se faire adopter par un céréalier, autant se faire adopter par Xavier Beulin. Il devrait me comprendre lui qui, au début de sa carrière, a trait des vaches laitières. Ce qui m'intéresse surtout chez Monsieur Beulin, c'est sa casquette de président de Sofiprotéol, cette grosse machine financière qui a investi dans le diester et autres. Cet homme-là, qui est aussi président du syndicat majoritaire, clame que les céréaliers doivent donner un peu de leur manne aux pauvres éleveurs, mais que les vilains cultivateurs ne veulent pas. Et bien moi, je dis : « Papa, (puisqu'il m'aura adopté), je rêve juste que tu me vendes les tourteaux de colza à un prix raisonnable, et non pas indexé sur le cours mondial du soja. En effet, après avoir acheté la graine de colza 450 € et puisque tu touches déjà des aides de l'État pour produire le diester, le tourteau est un sous-produit que tu pourrais me revendre à un prix d'ami. Ainsi, je pourrais produire du lait à un prix compétitif. »
Des faux-culs, il y en a aussi du côté de la distribution. Rappelez-vous le début du bras de fer sur le prix du lait et la prise en compte de la hausse des charges à la production par les GMS. De qui se moquaient-elles pour oser proposer 20 € la tonne d'augmentation limitée au lait de consommation alors qu'il ne représente que 10 % du lait produit. La vérité, c'est que Carrefour et Casino ont perdu des parts de marché face à Leclerc et que personne ne veut céder. Le stratagème des enseignes est d'ailleurs récurrent. Devant les caméras, elles disent toujours vouloir faire un geste et, par-derrière, elles ajoutent tout bas : « À condition que les concurrents commencent les premiers. »
Au bal des hypocrites, on trouve également certains transformateurs dont les bénéfices 2012 sont en augmentation et qui vont profiter à plein de l'envolée des cours des produits industriels. N'oublions pas, au bal des faux-culs, les différents représentants des producteurs que le ministre voudrait voir valser de concert. Mais quand l'un danse le slow, l'autre danse le tango, alors ils finissent par se marcher sur les pieds.
Et le consommateur si prompt à critiquer les aides à l'agriculture, sait-il que la presse bénéficie d'aides directes vieilles de deux cents ans dont la vocation est aussi louable que le soutien à l'agriculture : favoriser le pluralisme ? À ce titre, L'Humanité a touché, en moyenne de 2009 à 2011, 6,7 millions d'euros par an. Et Ouest France, le plus gros tirage national, 15,8 M€. Télé Poche, Télé Z et Télé Star, dont la ligne éditoriale, l'analyse politique et la pertinence de leurs reportages d'investigation font de l'ombre au Monde diplomatique, empochent 10 M€ à eux trois. Tout ça pour apporter une critique éclairante sur Les Anges de la télé-réalité... « Ça laisse sans voix ! » dit ma grand-mère.
PASCAL POMMEREUL
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
« J’ai opté pour un système très simple car c’est rentable »
Réformer ou garder ? 26 éleveurs dévoilent leur stratégie de renouvellement
Le vêlage 2 ans n’impacte pas la productivité de carrière des vaches laitières
FCO : le Grand Ouest en première ligne
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Pourquoi la proposition de budget de l’UE inquiète le monde agricole
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Matériel, charges, prix... Dix agriculteurs parlent machinisme sans tabou
Quelles implications environnementales de la proposition de l’UE pour la Pac ?