Des mots sur des maux

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Inventaire d’un vocabulaire dont on ne soupçonnait pas l’existence avant mars.

L’été est là. Plutôt que de « buller » sur le sable chaud d’une plage française, révisons le champ lexical de cet épisode sanitaire : étude randomisée, cluster, hydroxychloroquine, Plaquenil, attestation de sortie, Zoom, Klaxoon, « y’a plus de PQ en rayon », Olivier Véran… D’abord, une anecdote hilarante et véridique : une collaboratrice de Donald Trump a annoncé doctement que le Covid-19 était un coup fourré des Chinois puisqu’il y en avait eu 18 avant et que les fourbes de l’Empire du milieu n’avaient rien fait pour anticiper. Or, Covid est la contraction de coronavirus et de l’initiale du mot anglais « disease », qui signifie maladie, et 19 parce que 2019. Le ridicule ne tue pas.

Au début du confinement, on a parlé de distanciation sociale pour éviter la propagation du virus, alors que c’était la distanciation physique et les gestes barrières qui empêchaient la dissémination. On s’est vite aperçu que les échanges sociaux (apéros WhatsApp­) prenaient une importance capitale pour surmonter cet épisode inédit. Pendant le confinement tous les jours se ressemblaient. Alors est né le « lundimanche ». Puis je me suis mis au télétravail : regarder la télé tout en travaillant. J’ai installé l’écran dans la salle de traite mais ce sont les vaches qui regardaient et ne voulaient plus sortir. Je l’ai installé dans une brouette sur la table d’affouragement et j’ai même poussé le vice jusqu’à repousser le fourrage avec une antenne… râteau. J’ai vite abandonné car le rendement n’était pas terrible. Apparaît aussi un autre mot, « holacratie », pour nommer l’absence de hiérarchie dans les entreprises­. Tu me diras que dans nos fermes, on l’applique déjà. Beaucoup­ de travailleurs ont apprécié de bosser à la maison sans voir la tronche du supérieur en « présentiel ». Tiens encore un mot nouveau. Avant, quand tu rencontrais un copain ou un collègue, tu discutais le bout de gras et tu trinquais, eh bien tu étais en présentiel ! Ça t’en bouche un coin !

Enfin, il y a ces personnages inconnus qui monopo­lisent les médias : Jérôme Salomon­, Jean-François Delfraissy­, ces pontes et chefs de service qui donnent leurs avis, tous ces commentateurs des chaînes d’infos en continu qui meublent de leur logorrhée verbale pour tenir en haleine. Éric Zemmour sur Cnews qui voulait fermer les frontières alors que le virus se répandait déjà en France. Les frontières sont pour lui ce que l’hydroxychloroquine est au professeur Raoult : le remède universel. Et puis il y a les « boloss » populistes qui nient la dangerosité du virus : les Trump, Bolsonaro ou Johnson qui, s’il n’avait pas été lui-même malade, ne verrait toujours pas le problème.

Le Ségur de la santé ? Qu’est-ce que c’est que ça ? Comme il y eut le Grenelle de l’environnement parce que le ministère est situé rue de Grenelle, il y a le Ségur de la santé parce que situé… avenue du maréchal de Ségur, dont l’arrière-petit-fils épousa celle qui écrira Les Malheurs de Sophie. Sophie, si tu es infirmière, tu as du souci à te faire. Voilà, « je m’est bien marrer d’écrire cette cronique, et j’espaire que tu aura fet des progrès en français. » Vivement la rentrée­ en septembre !

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