
Il n'y a pas que le prix du lait et la directive nitrates qui m'insupportent…
Ceux qui me connaissent savent que je suis un type plutôt cool, enclin au dialogue et pas du genre à me prendre la tête. En plus, avec l'âge, j'apprends à ne plus m'emballer comme à vingt ans. J'ai un réveil simulateur d'aube pour un lever en douceur. Je récite des mantras tous les jours. Je me simplifie le travail au maximum. Le soir, je bois une tisane relaxante. Je pratique le yoga deux fois par semaine. Je suis des cours de méditation tibétaine. Je fais des cures de luminothérapie. Je vais à Lourdes tous les cinq ans. Qu'est-ce-que je peux faire de plus ? Le problème ne vient pas de moi, mais tous les matins, il y a des abrutis qui se lèvent avec pour mission de me « pourrir » la journée et la vie en général. À se demander s'ils ne le font pas exprès !
Et toi, c'est pareil ? « Il faut verbaliser », disent les psys. Sinon, on intériorise et ça finit par « péter au casque ». Moi, dans mon cas, l'exutoire, c'est plutôt l'écriture. Si tu lis régulièrement cette chronique, tu sais que j'en ai après les laiteries, mais pas que… Tiens, au hasard, le prix du lait, ça ne t'énerve pas ? Et la nouvelle réglementation nitrates, tu t'assois dessus ? Et le dernier contrôle Pac, DSV, cahier de fertilisation… (raye les mentions inutiles), ça ne t'a pas gâché la semaine ? Honnêtement, si ça ne t'indigne plus, c'est que tu as dépassé le stade ultime. Tu es résigné !
Bon, mais qu'est-ce qui m'énerve cette fois-ci ? Ça pourrait être le temps pluvieux mais je me suis fait une raison. C'est le scandale de la viande de cheval dans les lasagnes pur boeuf Findus et consorts. Toi et moi savons faire la différence entre un boeuf et un cheval. Même un gamin de banlieue qui n'en a jamais vu sait faire la différence. Mais une fois la viande mixée et mélangée dans les plats cuisinés, « walou, je t'embrouille » !
La viande de cheval est 30 % moins chère que le boeuf, tu vois bien à qui profite l'arnaque. Au pays du charolais et de la limousine, tu te doutes bien que dans les plats tout venant, on trouve plutôt de la réforme laitière que du filet de boeuf. Mais savoir que des brigands s'enrichissent sur notre dos en passant deux coups de fil, ça m'énerve.
Et ce qui fait monter ma tension, c'est le battage médiatique autour de tout ça. On a vu les mêmes têtes sur tous les plateaux télé : Isabelle Saporta, qui a publié, en 2011, Le Livre noir de l'agriculture : comment on assassine nos paysans, notre santé, notre environnement. Tout un programme ! De l'avis de journalistes professionnels, en voulant dénoncer la malbouffe, elle a rédigé une « malenquête » tant son analyse manque d'objectivité. Aymeric Caron, végétarien, chroniqueur chez Ruquier, qui a écrit No Steak (sans commentaire). Mais aussi Jean-Pierre Coffe : il défend la qualité des produits Leader Price contre monnaie sonnante et trébuchante. Périco Légasse, critique gastronomique qui ne jure que par le bio, les circuits courts et la qualité des petits producteurs. Quand on sait que Saporta a travaillé pour Coffe et Légasse, on voit bien la tournure des débats.
En face, pour défendre le conventionnel, Philippe Chalmin, économiste. Dommage que sa suffisance rende ses explications imbuvables. Christine Lambert a aussi donné le change. La vice-présidente de la FNSEA n'a pas manqué d'aplomb mais s'est fait « canarder » rien que par le fait de défendre le conventionnel. Quant à José Bové, notre Astérix, qui sait pourtant y faire avec les médias, il avait fort à faire.
Aux dernières nouvelles, j'apprends que Stéphane. Le Foll lance un concours : les trophées de l'agriculture durable. Et avec qui pour président du jury ? Périco Légasse. Eh bien moi, je dis : « On n'est pas encore sorti de la m… ! ». De là-haut ma grand-mère m'exhorte à la sérénité : « Pense à ton coeur et à ton hypertension. Cool ! »
PASCAL POMMEREUL
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